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Live Report
Nine Inch Nails - Paris
Le Zénith, le 22/06/2005
Par : Udufru




J’aurais été prête à tous les sacrifices pour assister au premier concert de NINE INCH NAILS en France depuis 6 ans. Je les avais alors ratés par deux fois, à Paris et à Belfort, et mes regrets étaient proportionnels à ma passion pour leur musique. C’est donc avec empressement que j’achetai mes billets pour le Zénith de Paris dès le jour de leur commercialisation, sachant qu’ils partiraient comme des petits pains. Folle d’impatience à l’idée de voir enfin mon plus vieux groupe fétiche en live, je comptais les jours, les minutes, les secondes, jusqu’à ce que le TGV me dépose à Paris. Quelques instants plus tard, je me trouvais devant le Zénith, au beau milieu d’une faune impatiente et hétérogène, composée aussi bien de gothiques que de métalleux, arborant de toutes les façons possibles le logo de leur groupe favori. L’attente fut longue sous un soleil de plomb, mais nous finîmes par envahir la salle de concert, au point que celle-ci fut bientôt remplie à ras bord d’une foule euphorique.



THE DRESDEN DOLLS :
Le temps de jeter un œil au merchandising (hors de prix) et de s’installer dans une salle caniculaire (ce qui n’ira pas en s’améliorant), et les deux trublions de THE DRESDEN DOLLS vinrent ouvrir le bal. Ce duo piano/batterie que je connais bien m’enchanta avec quelques-uns de ses meilleurs titres, dont « Coin Operated Boy » qui fut interprété à la perfection. L’énergie débordante de la chanteuse/pianiste et de son acolyte batteur se transmit petit à petit aux spectateurs, dont rares étaient ceux qui connaissaient l’album déjà incontournable des poupées de Dresde. Je pense que nous fûmes tous impressionnés par le coffre incroyable de Amanda Palmer et le jeu de batterie très varié de Brian Viglione.
Ils montrèrent d’autant plus leur talent aux newbies en interprétant 3 reprises, et non des moindres. Après une courte mais acerbe critique de « George Fucking Bush », ils entonnèrent un démentiel « War Pigs » de BLACK SABBATH. Le piano parvint sans peine à remplacer guitare et basse, tandis que la voix de Palmer, vibrante de puissance, fit oublier celle de Ozzy sans difficulté. Ce moment reste pour moi le point d’orgue de la prestation du duo, suivi par le non moins émouvant « Port d’Amsterdam » de BREL. A cette occasion, Viglione posa ses baguettes pour se saisir d’une guitare. Le chant en français de Palmer semblait très travaillé, bien qu’à la fin, lorsque la chanson s’emballe, on ne discernait plus vraiment les paroles. Mais cela ne m’empêcha pas de lâcher ma larmichette, tant la prestation de la vocaliste fut bouleversante. La reprise de « No One Knows » de QUEENS OF THE STONE AGE fut moins intéressante, le piano peinant à remplacer les guitares et basse du combo stoner/rock américain.
C’est après un Half Jack fort bien exécuté, aussi bien par le groupe que la danseuse qui les accompagna sur ce titre, que les DRESDEN DOLLS délaissèrent la scène sous des applaudissements nourris.
Setlist THE DRESDEN DOLLS :
Good Day
Coin Operated Boy
War Pigs (BLACK SABBATH)
Le Port d’Amsterdam (JACQUES BREL)
No One Knows (QOTSA)
Half Jack



NINE INCH NAILS :
L’atmosphère surchauffée de la salle devint tangible, presque pâteuse, tandis que la tension envahissait tous les NINies venus pour acclamer le dieu Reznor. J’étais un peu angoissée à l’idée d’entendre majoritairement des titres du dernier album comme il avait été le cas à Londres quelques mois plus tôt, mais je ravalais mes doutes lorsque les premières mesures de « Pinion » se firent entendre en crescendo. Les 5 musiciens déboulèrent alors sur scène et crachèrent « Wish », un des titres les plus pêchus de NIN. Aussitôt, l’énergie du groupe balaya mes dernières hésitations : Trent se déchaînait derrière son micro et force fut de constater qu’il chantait mieux que jamais ! Durant tout le set, sa performance vocale fut époustouflante de puissance et d’émotion. Jamais il n’avait hurlé avec autant de hargne, jamais il n’avait susurré avec autant de sensualité : Trent Reznor, après presque 20 ans de carrière, a atteint la quintessence de son art en tant qu’interprète vocal, et peut être considéré sans peine comme l’un des meilleurs chanteurs de sa génération.
Le public fut évidemment mis en branle par le déferlement de violence que ce titre issu de "Broken" ne pouvait manquer d’instiller dans le cœur des fans, et des autres. S’en suivit le sexy « Sin », plus saturé et industriel que la version studio, mais toujours aussi entraînant. Ce tube de NIN fut bientôt remplacé par « The Line Begins to Blur », et je dus alors admettre, bien que je l’avais pressenti, que "With Teeth" avait beau être un album studio décevant, il avait un important potentiel live.



Inutile de détailler toute la setlist, car mon report prendrait alors l’allure d’un petit roman. Le tube punkisant absolu de NIN, « March of the Pigs », déchaîna la foule, ainsi que Reznor, qui s’acharna sur son pied de micro. Résultat : il y a eut des problèmes de son sur « Something I Can Never Have », que le groupe ne put hélas interpréter entièrement. Après quelques secondes de pause, NIN entonna le dernier single en date, « The Hand That Feeds ». Les hurlements qui saluèrent ce titre (probablement le moins bon de toute la discographie de NIN) indiquèrent qu’un bon nombre des spectateurs n’étaient que de frais amateurs. S’en suivit le génial « Terrible Lie », interprété magistralement par l’antichrist Reznor.
Puis vint la première surprise du show : « Burn », issu de la BO de "Tueurs Nés" et présent sur la version remasterisée de "The Downward Spiral" sortie récemment. Personne ne pouvait s’attendre à cela, au milieu d’un show si peu risqué !
Les autres surprises furent en vrac : « Dead Souls » (issu, cette fois-ci, de la BO de "The Crow" et présent sur le même CD de bonus), « Reptile », « No You Don’t » et enfin « The Day the World Went Away » (l’une des chansons les moins conventionnelles du groupe, magnifique au demeurant, mais si peu tubesque…).



Si je parle de surprises, c’est que le reste du show fut relativement classique pour un concert de NIN. En effet, la setlist était majoritairement composée des tubes du one-man-band (qui sont loin d’être mes titres favoris, mais ont le mérite de réjouir le fan moyen). Parmi ceux que je n’ai pas encore cités, il y a évidemment « Closer », « Gave Up », « Piggy », « Hurt », « Starfuckers Inc. » et « Head like A Hole ». Tous ces titres furent interprétés avec le brio que l’on sait. Les musiciens étaient au point pour une formation récente. Néanmoins, le guitariste avait tendance à se placer un peu trop en avant, tentant presque d’éclipser Reznor, mais cela parait moins choquant lorsqu’on sait que les musiciens ont, pour la première fois, participé à l’écriture du dernier album. Du DVD "And All that Could Have Been", on retrouva le décadent « Suck », et le magnifique enchaînement « The Frail »/ »The Wretched ». Pendant le morceau instrumental, Reznor fut éclairé seul devant son clavier par un halo de lumière. Le reste du temps, des néons situés à l’arrière de la scène réalisaient différents effets de lumière, s’accordant parfaitement avec le minimalisme visuel du dernier opus. De plus, un système électronique présent dans la grosse caisse convertissait les impacts rythmiques en signaux lumineux proportionnels qui se réfléchissaient sur la peau. Le tout donna une ambiance electro/indus idéale qui magnifia le show davantage que les habituelles projections sur écran géant. Du dernier album, il n’y eut finalement que 5 titres : je n’ai pas encore cité « Home », « Love is Not Enough » et « You Know What You Are ». Ce dernier nous prit à contre-pied lorsqu’il explosa après l’intense « Hurt », mais il n’en fut que meilleur.



C’est finalement la première chanson du premier album qui termina le show, sans rappel : ce n’est pas le genre de la maison. Un tonnerre d’acclamation retentit, qui eut du mal à s’éteindre. La chaleur était épouvantable mais c’était le talent de NIN qui avait surchauffé tous les spectateurs. Au final, nous venions d’assister à un show assez convenu, sans risque, mais interprété avec tant de génie qu’il resterait à jamais gravé dans nos mémoires. Comme on se doit de l’attendre de son personnage, Trent fut froid (bien qu’il offrit sa guitare à un fan chanceux au terme de Gave Up, et qu’il fit chanter le public sur Piggy), mais le Zénith entier vibra ce soir-là d’une même fièvre qui nous habitait tous. Une fois que la Grand Messe fut dite par notre Seigneur Reznor et que nous dûmes quitter les lieux avec un léger vague à l’âme, il fallut retourner à la réalité. C’est seulement quelques jours après le concert que je compris que cet instant magique, unique et inoubliable, avait été un songe longtemps imaginé, désormais réalisé.
Setlist :
NIN :
Pinion
Wish
Sin
The Line Begins to Blur
March of the Pigs
Something I can Never Have
The Hand that Feeds
Terrible Lie
Burn
Closer
The Frail
The Wretched
Reptile
Love is Not Enough
Suck
No You Don’t
Dead Souls
Gave Up
Piggy
The Day the World went away
Hurt
You know what you are
Starfuckers, Ins.
Head like a Hole