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Live Report
Kreator - Paris
Elysée-Montmartre, le 15/02/2005
Par : Powersylv




Après un mois de Janvier 2005 reposant où seulement un MISANTHROPE avait pu rassasier nos velléités metalliques, une affiche du genre « costaud » était nécessaire pour faire fondre la glace dans cette dernière partie d’hier. Bon, j’avoue, on n’a pas eu beaucoup de neige ni de glace :). Mais ne boudons pas notre plaisir, et exultons de joie (ou éructons pour les plus vigoureux !) à la vue de cette affiche. Car convenez-en avec moi, quand on voit écrit KREATOR et DARK TRANQUILLITY tout en haut, comment ne pas qualifier à l’avance ce concert de « Concert extrême de l’année » ? Surtout que KREATOR en France ce n’est pas tous les jours. Voilà déjà plusieurs semaines que je ne tiens plus en place et que je me pourlèche les babines lorsque mes yeux se posent sur ma précieuse « liste des concerts à venir » à la date du 15/02/2005.
KREATOR, c’est beaucoup de choses pour moi. C’est tout d’abord une musique, le thrash metal, dans ce qu’il y a de plus intransigeant, avec cette rigueur toute allemande mais aussi ces mélodies (surtout pour leurs albums depuis 15 ans). KREATOR, c’est un leader charismatique, Mille Petrozza, icône aux cordes vocales aussi affûtées que celles de sa guitare et son compère Ventor, redoutable destructeur de peaux de bêtes. C’est également fin 1989 mon premier clip vidéo de thrash (« Betrayer ») qui me fit sursauter et dire « mais c’est pas de la musique ce truc, c’est du bruit ! », lorsqu’à l’aube de mes 15 ans je regardais une célèbre émission sur une chaîne qui commence par un « M » et qui se termine par un « 6 ». Vous avouerez avec moi (pour ceux qui l’ont vus) que ce clip effrayant, sombre et stromboscopique pouvait s’avérer assez éprouvant pour un gamin qui commençait juste à connaître le heavy-metal avec les clips lumineux et gais (gays ?) de MOTLEY CRUE, JUDAS PRIEST ou LITA FORD :). Tout ça pour dire qu’il m’aura fallu 2/3 ans pour commencer à aimer le thrash. Mais revenons à nos moutons. KREATOR, c’est aussi des performances live impeccables, carrées et puissantes, comme j’ai pu le constater lors de l’édition 2002 du Wacken Open Air ou lors du mémorable Rock Hard Fest (juin 2003). Et je savourais à l’avance le fait de subir une telle déflagration dans une salle plus restreinte (bien que l’Elysée-Montmartre ne soit pas un placard à chaussures non plus …). Petit hic, je ne connais pas encore le dernier album, malheureusement … vivement la paie !
Deuxième raison pour assister à ce concert et deuxième surprise de l’affiche (enfin avant KREATOR dans l’ordre des prestations) : DARK TRANQUILLITY. Les génit(u)eurs (jeu de mot facile :)) du death metal mélodique « made in Goteborg ». Je les avais loupés lors de leur concert (fabuleux aux dires de l’assistance) à la Loco il y a 2 ans. Il faut dire que je n’avais pas insisté car même si j’aimais bien Projector (le seul disque que j’avais d’eux à l’époque), j’étais pas motivé (ça arrive). Là, j’ai eu le temps en 2 ans de me perfectionner … et surtout d’apprécier énormément leur musique en me procurant les Haven, Damage Done, Exposures sortis entre temps. Et il faut dire aussi que je suis amoureux de leur dernier album Character qui vient juste de sortir. Donc, séance de rattrapage.



HATESPHERE (loupé !)/EKTOMORF :
Pas de bol, j’arrive en retard depuis le boulôt, et je loupe HATESPHERE, groupe pourtant fort sympathique bien que bigarré que j’avais découvert en première partie de THE HAUNTED (avec MASTODON) en 2003. J’avais bien aimé malgré leur musique pas forcément accessible et aux diverses influences extrêmes. En tous cas j’aurai préféré louper EKTOMORF. J’avais entendu quelques trucs de ce groupe hongrois, ça ne m’avait pas branché. Ben là sur scène, euh … pas mieux. EKTOMORF, c’est du pseudo-thrash/hardcore très stylé « jump jump », à base des traditionnels « Make some fuckin’ noise », avec des riffs ultra lourds et répétitifs. 3 accords par chanson, on peut pas vraiment dire que ça soit convaincant même si on sent une bonne dose d’énergie. Dread-locks, treillis et/ou survêtements sont de rigueur ici pour ce groupe qui propose un hardcore influencé SOULFLY/SEPULTURA (époque Roots et après) mais en encore moins bien. Déjà que j’aime pas SOULFLY et le SEPULTURA d’après 1995 … donc là, comme c’était encore en dessous, autant dire que j’ai trouvé ça chiant. Alors heureusement, j’ai eu la chance de tomber sur plein plein de potes qui étaient venus pour les têtes d’affiche (comme moi). Commérages, discussions … quelques vannes sur un EKTOMORF dont on ne retiendra pas grand-chose au final et où le public se prépare pour les 2 orgasmes à venir. Donc quand même c’est passé assez vite, on va enfin pouvoir attaquer le gros morceau. Suivant !



DARK TRANQUILLITY :
Bon alors comme je l’ai dit plus haut, DARK TRANQUILLITY j’attendais avec impatience de les voir. J’ai eu l’occasion de rencontrer au mois de décembre le guitariste Niklas Sundin (voir photo), impatient de partir sur les routes avec KREATOR qui est pour lui une influence prestigieuse (on le comprend). Cette impatience n’est pas exactement reflétée sur scène. Non pas que DARK TRANQUILLITY ne soit pas énergique, mais on ressent néanmoins une certaine retenue, cette énergie est distillée de façon plus subtile. Le groupe apparaît comme le plus réfléchi de la soirée. Mais bon, ce n’est pas grave car après tout, cela reflète bien l’atmosphère de leur musique, ce death metal puissant, mélodique et inspiré, profond parfois intimiste. Certains reprocheront l’utilisation trop envahissante des claviers, personnellement je trouve qu’ils contribuent à l’essence même de la musique de DARK TRANQUILLITY, et que leur effet est souvent saisissant. Et puis, les guitares ont quand même le dessus et c’est bien ça le principal non ? Les musiciens bougent juste ce qu’il faut, mais c’est surtout Mickael Stanne qui capte l’attention du public. Mike se donne à fond, secouant frénétiquement son ample chevelure de feu comme si sa vie en dépendait. Ravi de voir qu’une bonne partie du public présent connaît les chansons, Mickael nous gratifie de quelques sourires pendant et surtout entre les titres. Il est heureux et ça se voit. Et puis, il semble que le concert est filmé (souriez, vous êtes filmés !). La set-list fut énorme, avec des passages surpuissants et rapides : quelques extraits de The Mind’s Eye et de The Gallery (vivement que je me procure ces 2 albums référentiels, les seuls qui me manquent !), et je ne parle pas des « Lost To Apathy », « Through Smudged Lenses » et du démentiel et sauvage « The New Build » (quelle tuerie ce titre !) extraits de Character le dernier album. Une énergie maîtrisée, à l’image de « The Wonders At Your Feet » ou « Final Resistance » qui sont pour ma part des classiques du groupe. On a droit aussi à « My Negation » le superbe dernier extrait de Character où quasiment tout le monde est en transe. Cet album est de toute façon excellent de bout en bout. Au bout de 45 minutes (1 heure ?) de set, DARK TRANQUILLITY se retire sous les acclamations de la foule, pour laisser place à leurs glorieux aînés.



KREATOR :
Le Backdrop est menaçant et représente la pochette du dernier album Enemy Of God. Ils ne sont que 4 et pourtant c’est une artillerie lourde qui débarque sur scène, prête à envoyer de bons gros boulets rouges. Mille et ses hommes s’apprêtent à tenir l’Elysée-Montmartre et son public à la gorge pendant 1H45. La musique d’introduction est adéquate : ce n’est ni plus ni moins que l’inquiétant morceau instrumental « Choir Of The Damned » (qui débute l’album mythique Pleasure To Kill) qui du coup renforce la pression qui est déjà énorme. Le choix de cette introduction n’a peut-être pas été fait au hasard et c’est tant mieux. Et c’est parti dans la folie avec les 2 premiers morceaux d’Enemy Of God, « Enemy Of God » et « Impossible Brutallity ». Une tempête effroyable souffle alors sur la salle, les musiciens jouant en se remuant, et Mille, en tête vociférant de sa voix si particulière. Les morceaux sont jouissifs, il me faut vraiment cet album coûte que coûte. Mais on n’avait encore rien vu, car le troisième morceau n’est autre que … « Pleasure To Kill » ! Et là, c’est carrément un gros moshpit qui se met en branle dans les premiers rangs, voilà bien longtemps que je n’avais assisté à une vraie fosse des familles. Ca fait plaisir et je suis tellement dans l’ambiance que je n’ai pas résisté à aller m’élancer un coup dedans (ça me reprendra plusieurs fois dans la soirée, hihi). Puis les morceaux défilent, le groupe assure vraiment un max, avec détermination et précision, Mille bien sûr mais les autres ne sont pas en reste. On ne peut pas dire que c’est le genre de groupe qui pousse l’exubérance sur scène, mais on a tellement le sentiment de se prendre une telle boule d’énergie que les mouvements justes, tout en rythme mais en retenue des musiciens suffisent largement. La suite des hostilités, ce sont tous les classiques du groupe qui nous sont proposés, avec quasiment pas de temps morts. Ca s’agitait tellement que je n’ai pas pu noter l’ordre mais de mémoire, on a eu « Voices Of The Dead » et « Suicide Terrorist » (dernier album), « Violent Revolution », « All Of The Same Blood » et « Reconquering The Throne » (Violent Revolution), « Phobia » (le sempiternel même extrait du mal aimé Outcast), « Renewal » (le seul extrait comme toujours de l’album du même nom), le terrible « People Of The Lie » et « Terror Zone » (du somptueux Coma Of Souls), « Love Us Or Hate Us », l’ultra-violent « Betrayer » et « Extreme Agressions » (Extreme Aggression), le GIGANTESQUE « Terrible Certainty » avec son intro à la batterie (boucherie ultime extraite de l’album du même nom) et aussi « Riot Of Violence » (Pleasure To Kill). Le rappel a fini d’achever les plus résistants, et quel rappel ! Le classique « Flag Of Hate » (dédicacé au gouvernement et aux putains de racistes) enchaîné avec le monstrueux « Tormentor » (extrait du premier album « Endless Pain », 1985). Que dire de plus sur cette 1H45 de folie furieuse ? Tout simplement qu’avec SLAYER (et encore !) ou quelques autres irréductibles comme leurs collègues de DESTRUCTION, KREATOR reste l’un des ultimes remparts thrash metal actuellement, qui parvient à mêler à la fois qualité discographique avec déchaînement scénique. Je retiens cette image où par 2 fois (avant les rappels et tout à la fin du show) Mille prend le corps de sa guitare des 2 mains et la fait pointer vers le haut, comme dans la plus pure tradition heavy metal où cet instrument se doit de régner en maître absolu.



Après des années 90 qui faillirent être fatales au groupe, KREATOR est l’un de ceux qui ont réussi à remonter la pente avec brio pour revenir transfiguré aujourd’hui. Transfiguré oui. Car ce soir nous avons été illuminés et même laminés. Chapeau Messieurs ! A savoir que la salle était pleine comme un œuf (plus qu’ANGRA le lendemain), ça veut tout dire. DARK TRANQUILLITY sont loin d’avoir démérités aussi, et j’ai hâte de revoir tout ce beau monde à l’occasion. A ce propos, un grand merci à Bad Production pour l’organisation de ce concert éblouissant. C’était le concert de ce début d’année à ne pas louper, ici Powersylv en direct de l’Elysée-Montmartre, à vous Cognac-Jay …