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Live Report
Loudblast - Paris
La Loco, le 01/11/2004
Par : Powersylv




C’est un joli petit festival qui se prépare ici à l’Elysée-Montmartre en ce jour de la Toussaint. Les lillois de LOUDBLAST (enfin, sauf le guitariste Alex, ex-AGRESSOR, qui est originaire du Var), en vétérans de la scène extrême française sont accompagnés par 5 groupes dont les noms, pour la plupart, ne sont pas étrangers lorsque l’on feuillette régulièrement les pages des canards ou lorsque l’on reçoit moultes mails de newsgroups. De nom, le seul inconnu était X-VISION. Musicalement, je ne connaissais que l’avant-dernier album d’ANOREXIA NERVOSA (New Obscurantis Order) et les albums de LOUDBLAST, sauf le dernier. Ces deux groupes sont également les seuls que j’ai déjà pu voir une fois en live, à l’occasion du concert de soutien à Chuck Schuldiner qui avait eu lieu au Splendid de Lille en novembre 2000. Quelques jours avant que je n’emménage sur Paris. Je me souviens de la prestation avortée d’ANOREXIA suite à une rixe entre 2 gugusses du public et le chanteur en plein milieu du set. LOUDBLAST, j’étais heureux de les voir enfin, surtout qu’ils se reformaient avec Alex dont le réputation de guitariste n’était plus à faire. Je me souviens d’un show intense mais trop court, les yeux illuminés au premier rang, juste aux pieds de Stéphane Buriez.
6 groupes. L’Elysée-Montmartre a donc visé juste en programmant le début des hostilités à 16H30 quand on sait que tout le monde est dehors à 22H30. Je prend quelques minutes, le temps de jeter un œil au stand de marchandising, de voir un stand ANOREXIA NERVOSA particulièrement fourni avec une jeune et jolie blondinette habillée sexy qui vous sort son plus beau sourire :) Ca met en jambe :). Heureusement d’ailleurs car X-VISION investit déjà la scène.



X-VISION
A ce que j’ai compris, X-VISION est un groupe de Metz. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en voyant l’accoutrement des musiciens on sait à quelle sauce on va être mangé. On a affaire ici à du hardcore teinté de touches néo. Le chanteur est particulièrement en voix et son timbre vindicatif est typique du genre ; le look aussi : cheveux courts, tout de noir vêtu, gueulant dans son micro qu’il tient de la main droite, le bras gauche ballant et adoptant une posture assez particulière. Un chant un peu maniéré et exubérant à la longue, mais ce n’est pas forcément une critique propre au groupe lui-même, plutôt une critique d’un style musical qui personnellement ne me saisit pas. Une bonne énergie sur scène néanmoins, avec des « jumps » synchronisés, un bassiste au look plutôt goth, avec cheveux mi-longs noirs et lentilles qui fait parfois des grimaces. Il y a cependant un public pour le groupe, car un petit pit se forme avec des ados qui se culbutent les uns les autres. Ouais super. Ah, j’oubliais aussi un DJ dans le coin à gauche qui headbangue souvent (avec sa casquette) et qui a vraiment l’air dans son truc. Même si nous on se demande ce qu’il fait là parce qu’on ne l’entend pas … et d’ailleurs c’est peut-être mieux ainsi. Bon, si, à un moment, il y a des effets électros sur un titre bien brutal. Du hardcore énergique, un groupe qui en veut mais une musique à laquelle je n’adhère pas. Le dernier titre particulièrement virulent est même très grind. Sinon, musique trop monotone et toujours sur le même ton avec des attitudes de rappeurs, bof.



OVERSOUL
J’ai souvent entendu parler d’OVERSOUL, je crois d’ailleurs qu’une de mes connaissances lointaines et que je ne vois plus trop souvent aujourd’hui connaissait particulièrement bien un des membres du quatuor. Enfin je pense. Restait à savoir ce que cela valait sur scène. Hormis une attitude plus metal que X-VISION mais par contre beaucoup plus statique sur scène, OVERSOUL ne m’a guère plus emballé que le groupe précédent. D’ailleurs, à l’issue du premier titre, même le public est resté amorphe malgré les quelques sollicitation du chanteur. Je dois avouer que c’est rare de voir un public aussi indifférent, du moins, c’est ce que j’ai ressenti. Ca s’est quand même un peu plus agité ensuite, mais c’était pas vraiment le délire non plus. Il y a eu un petit mosh-pit sur le troisième titre. OVERSOUL nous sert une musique sur rythmes assez groovy finalement, très orientée rythmique. Mais n’y a-t-il personne qui va y aller de son petit solo ce soir ? Il y a tant de choses à faire dans le metal, pourquoi toujours s’enfoncer ainsi dans le hardcore/néo chiant ? On a du chant clair et du chant thrash qui alterne, des syncopes, c’est technique, musicalement ça lorgne vers des trucs à la MACHINE HEAD. Mais il n’y a pas de folie et on s’ennuie ferme au final. Le dernier titre dédié, dixit le chanteur aux « gars de LOUDBLAST et de DAGOBA qui puent dans le tour-bus » fera sourire mais c’est tout. Une prestation bien tiède pour un auditoire qui l’était tout autant.



SCARVE
Il était temps qu’un groupe arrive pour donner un bon coup de pied dans la fourmilière. Et ce groupe, ce sera SCARVE, originaire de Nancy. J’avais entendu beaucoup de bien sur ce combo, surtout sur la réputation du batteur Dirk Verbeuren, un des batteurs de metal extrême les plus en vue du moment. Ce dernier a joué avec des groupes hexagonaux comme MORTUARY mais a également fait des sessions pour diverses entités (SOILWORK étant sûrement la plus fameuse). On change là de registre avec un thrash/death surpuissant et dévastateur. Une des particularité de SCARVE est d’avoir 2 chanteurs : un blond (vocaux gutturaux) et un brun (vocaux gutturaux et clairs). Les 2 se complètent bigrement bien et sont complémentaires, jusque dans la tenue sur scène. C’est énergique, c’est métal, ça headbangue de partout et sur scène le groupe est très très énervé. Quelle puissance ! Des passages sont ultra rapides, d’autres plus lourds et puissants, parfois ornés de quelques originalités mais sans déborder du cadre. Ca bouge de partout et les guitaristes sont très doués dans le style. L’ensemble me rappelle pour l’énergie et le style la grande époque de NO RETURN avec Steve Petit. D’ailleurs il me semble que le bassiste est un ancien NO RETURN. SCARVE a été réellement le premier groupe qui a mis le feu, faisant passer les 2 prestations précédentes pour l’apéritif. Grosse baffe, à écouter sur album à l’occasion tiens.



DAGOBA
Avec une entrée scénique sur la musique du Dracula de Coppola, je me disais que ça démarrait plutôt bien. Mais j’ai dû revoir ce jugement hâtif par la suite. Non pas que DAGOBA soit mauvais, car j’ai trouvé que le groupe maîtrisait plutôt bien son style et qu’il occupait la scène de façon très professionnelle. De plus, c’est un groupe qui a de la gueule. C’est plutôt musicalement que se situe le blocage, car malgré une énergie ici aussi débordante, ce metal métissé de MACHINE HEAD avec des côtés technologiques à la FEAR FACTORY ne m’a pas emballé plus que ça. Une sorte de thrash/death moderne, avec des effets et des morceaux introduits par des samples. Certains passages pouvaient aussi évoquer le SEPULTURA de Chaos A.D. donc finalement, l’essentiel est sauf. Le public par contre a très bien réagi. Mais je suis resté sur ma faim, je n’ai pas réellement trouvé mon compte. Il semblerait que le prochain album soit imminent car ils ont interprété un nouveau morceau : « Living Dead ». Ils ont l’air très branché films d’horreur et d’épouvante ces petits gars-là.



ANOREXIA NERVOSA
Changement de décor pour le seul groupe d’obédience black-metal de la soirée. Les alsaciens d’ANOREXIA NERVOSA forts d’un nouvel album apparemment de très bonne facture envahissent les planches. Hreidmarr le chanteur, grimé et au costume argenté monopolisera l’attention d’un public captivé, une large fraction de fans étant venue au rendez-vous et à la célébration du Nouvel Ordre Obscur. Le chanteur est très à l’aise sur scène, tranquille et adoptant des postures qui peuvent évoquer un Shagrath (DIMMU BORGIR) au mieux de sa forme. Les lights sont superbes et contribuent à renforcer l’ambiance qui règne sur scène. Un combat entre la lumière et l’obscurité, qui se retrouve aussi dans la musique du groupe, mélange de passages black rageurs et inquiétants et de mélodies classisantes ou atmosphériques aux claviers. Le son est bon et c’est tant mieux, car ce n’est pas forcément un paramètre évident pour les groupes de black (je pense à CRADLE OF FILTH qui ont rarement un bon son sur scène). C’est l’apocalypse dès le début avec un « Chatiment de la Rose » surpuissant et qui prend une dimension encore plus magique sur scène. On poursuit avec un extrait du dernier album, « The Shining ». Brillant et qui me fait dire que je ne devrais pas traîner à investir dans cette galette. Mais déjà les chœurs de « Stabat Mater Dolorosa » se font entendre. Le public est fou et endiablé, il est vrai qu’on est vraiment dans l’ambiance. Ca se calme un peu sur « Worship Manifesto » qui, s’il est mid-tempo n’en demeure pas moins efficace et redoutable. Petit tour ensuite vers un registre plus ancien avec « Enter The Church Of Fornication » de l’album Drudenhaus, avant de finir un set trop court (on n’a pas vu le temps passer) avec le nouveau morceau « Sister September ». Le groupe quitte la scène acclamé. Nul doute qu’ANOREXIA a fait très fort ce soir. Assurément, il fait partie des grands groupes français. Sans doute le plus prometteur des combos black hexagonaux, selon moi. Deuxième baffe de la soirée avant que les patrons de la soirée n’entrent en scène.



LOUDBLAST
LOUDBLAST fait figure de parrain de tous ces groupes qui somme toute se sont révélés chacun avec leur personnalité. D’ailleurs, LOUDBLAST est un groupe très ouvert, n’oublions pas que les lillois avaient en leur temps évolué au fil des années. Du thrash avec la démo Licenced To Thrash à la fin des années 80. Du death à l’époque de Disincarnate en 1991. En 1993, Sublime Dementia et Cross The Threshold s’étaient révélés plus mélodiques. Quant à Fragments, il avait fait parler la poudre avec des côtés modernes plus « power » qui avaient rebutés les fans les plus durs. D’ailleurs, LOUDBLAST a choisi d’ouvrir son show avec « Taste Me », sûrement le titre-phare de ce disque. Sur tout le show, on aura affaire à un Stéphane Buriez maître de ses troupes et particulièrement énervé derrière son micro, mettant toute la force de sa conviction dans l’interprétation des classiques et des nouveaux titres. Souhaitant faire de ce concert un moment privilégié, il ordonnera au public de se « bouger le cul et de faire un putain de pit » :) Les intentions sont claires. Les vieux complices François Jamin (bassiste très décontracté sur scène) et Hervé Coquerel entretiennent une charpente rythmique en béton. Quant à Alex Colin-Tocquaine, guitariste de la reformation et ex-mentor d’AGRESSOR, il se défoule sans compter sur la gauche de la scène. Que de classiques ce soir malgré un concert qui sera trop court, quel dommage. Néanmoins, « Subject To Spirit », “Man’s Own” et surtout ce “No Tears To Share” mixé avec la reprise du “Mandatory Suicide” de SLAYER, qu’est-ce que c’est bon !! Il y aura eu quelques extrait du dernier album que je n’ai pas encore (2 titres je pense). Qu’est-ce que ça déménage, c’est du bien violent quand même, preuve en est que LOUDBLAST a encore de beaux jours devant lui. Retour sur scène pour un rappel obligé, avec « Malignant Growth », un des classiques indispensables du groupe. Certains attendaient « Cross The Threshold ». Tant pis. En tous cas ça fait plaisir de les revoir. On se prend à espérer que le meilleur reste à venir quand on a affaire à une telle énergie et un tel professionnalisme. Bravo les gars. Et vive Lille :))))