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Live Report
Deep Purple - Paris
Zenith, le 29/06/2003
Par : Ziggy


Deep Purple / Lynerd Skynerd - Paris, Zenith, Dimanche 29 juin 2003

En attendant la sortie du nouvel album, Bananas, en août, Deep Purple tourne en Europe avec Lynerd Skynerd depuis fin mai. C’est au zénith de Paris qu’a lieu la dernière date de cette tournée, et bien sûr tous les fans français étaient au rendez-vous, trois ans après le dernier passage de Purple en France.

Arrivé vers dix-sept heures trente, j’ai le temps en attendant l’ouverture des portes de constater que la petite foule qui s’amasse (le show est sold out) est principalement composée de fans de Deep Purple et de t-shirts métalliques (ceux du concert de Maiden quatre jours plus tôt sont nombreux), le amateurs de Lynyrd Skynyrd se font discrets. Quand les portes s’ouvrent à dix-huit heures le zénith se remplit rapidement, j’arrive à prendre place à quelques mètres de la scène du coté droit (celui de Steve Morse ;o) et attends de pied ferme le groupe sudiste que je connais peu et n’aime pas particulièrement.
Entrée en scène ponctuelle du combo à dix-neuf heures. La fosse les acclame mais le faible nombre des fans du groupe se fait tout de même sentir. En tout cas le show décolle rapidement, pour moi grâce à un bon son et trois guitares qui enchaînent les soli et parties blues très sympathiques. Pas besoin de connaître les compos, je prends plaisir à regarder jouer, surtout que les longs soli se répètent régulièrement jusqu'à la fin. Le chanteur fait un excellent show et tout le monde est très en forme (l’un des guitariste semble avoir un certain talent de grimaces), ça fait passer une heure et quart très agréable mais tout de même un peu molle. Trois morceaux ont tout de même semblé accrocher l'adhésion totale du public : une balade dédiée au bassiste décédé il y a deux ans, puis Sweet Home Alabama bien sûr (qui m'a réveillé au bon moment) et le rappel Freebird, se terminant sur une longue partie instrumentale a trois guitares. Une surprise agréable donc, mais toujours pas un groupe majeur pour moi. En tout cas les fans de Lynyrd Skynyrd quittant le devant de la scène après leur show semblaient ravis.

Il est vingt heure quinze quand les lumières se rallument et je profite du départ de certains spectateurs pour avancer jusqu’au deuxième rang, en espérant que Steve Morse soit bien à droite comme à son habitude. Les roadies s’activent à démonter le matériel, puis amènent celui de Deep Purple : la batterie de Ian Paice va vers la gauche, les claviers de Don Airey (impressionnants du haut de leur estrade) plus à droite, et (joie !) le pédalier de Steve Morse est installé juste devant moi... Ca promet, je verrai parfaitement les soli de guitare, ainsi que la performance du claviériste dont c’est le premier concert français depuis son entrée dans le groupe en 2002.
Dix minutes avant neuf heures le noir se fait et le groupe arrive. Steve Morse fait des signes au public qui s’époumone déjà (tout le monde participe, plus rien à voir avec le show précédent :o) pendant que basse et batterie commencent un rythme célèbre... Highway Star, ça fait une ouverture énorme, tellement énorme que le son est un peu limite (je mets mes boules quies, c’est très fort). L’interprétation est très explosive, avec un son très rentre-dedans, que ce soit pour la guitare très agressive de Steve Morse ou l’orgue de Don Airey (racheté a Jon Lord pour le garder dans le groupe) qui a presque retrouvé ses sonorités des 70’s par instants. Ian Gillan de son coté ne semble pas avoir sa voix des plus grand soirs mais il tient la forme et la bonne humeur compense bien. Dès son premier solo je n’ai quasiment plus d’yeux que pour Steve Morse. Je suis pour lui un spectateur acquis d’avance, mais ce soir il est meilleur que tout ce que j’ai pu espérer, son toucher est parfait et l’inspiration ne lui manque pas une seconde.
Après cette entrée en matière explosive le groupe enchaîne sur Knockin’ At Your Backdoor, morceau de Perfect Strangers que je n’avais jamais entendu joué par Steve Morse. Et il s’en tire bien le bougre, son son de guitare parvient même à faire oublier le coté démodé de l’originale. Ca balance furieusement devant la scène, tout le monde connaît les paroles et la musique par coeur et le public bouge dans une synchronisation parfaite avec le groupe. Je perds rapidement mes bouchons, mais pas besoin de les remettre, le mix s’est bien amélioré et ça ne sature plus trop (ça reste quand même très fort et très rentre-dedans). Suit un Pictures Of Home agrémenté d’un solo de basse magnifique (Roger Glover est meilleur et plus inspiré depuis quelques années qu’il ne l’a jamais été) et d’une conclusion inhabituelle probablement improvisée, la guitare reprenant après le break sur une instrumentation beaucoup plus heavy que sur les autres versions. Normal, ce soir tout est plus heavy. En suite c’est Lazy, première occasion pour Don Airey de faire ses preuves. Il en profite bien et nous offre une intro magnifique au piano et à l’orgue hammond (un solo perso, ne reprenant les habituels riffs de Jon Lord que dans les derniers instants), dans un rythme parfait avant que la guitare le rejoigne sur la chanson. S’en suit un duo clavier/gratte des plus inspiré avant que Ian Gillian chante et fasse son solo d’harmonica (pas génial techniquement mais le son de l’instrument apporte beaucoup à la chanson). L’une des meilleures interprétations de Lazy.
Le concert avance bien et on arrive à l’un des moments les plus attendus de la soirée, Ian Gillan annonce que la groupe a un nouvel album qui va bientôt sortir... et qu’ils vont en jouer deux morceaux ce soir. Le premier est Haunted, une ballade destinée à être le single. Ca commence sur une intro de guitare planante façon When A Blind Man Cries, puis la chanson en elle même commence dominée par un chant très pop (le groupe n’a pourtant jamais tenté de faire du Still Loving You jusqu'à présent...), sur un ton très léger avec son refrain "Haunted, haunted, is this what you wanted", avant que tout change pendant le solo de guitare, une grande montée en intensité qui modifie totalement le ton du morceau sur la fin. Une compo qui passera parfaitement pour la radio par son côté léger et son solo très clair mais qui ne m’a pas déçu grâce à l’excellent changement progressif de ton. Le deuxième nouveau morceau qui sera joué un peu plus tard sera I’ve Got Your Number, cette fois ci une véritable compo de hard rock. Les parties de guitares de toute la chanson sont magnifiques, dans la lignée de certains passages d’Abandon mais en moins bourrin, avec un break et un pond parfait avant la remontée en puissance orchestrée par l’orgue. Ces deux titres promettent vraiment un bon album, et peut être le moyen de ramener Deep Purple sur le devant de la scène comme le veut EMI...
Le reste du show est toujours dantesque. Du grandiose à ne plus savoir qu’en faire, avec encore des occasions pour Don Airey de nous prouver son talent, capable de remplacer Jon Lord à l’orgue, mais surtout le surpassant facilement dès qu’il s’agit de travailler au synthé. Pour preuve, les arrangements orchestraux qu’il fait pour accompagner l’instrumental The Well Dressed Guitare, un morceaux où Steve Morse envoie toute la sauce dans un style quasiment néo-classique (l’une des parties de guitare les plus fabuleuses que je connaisse, si heavy et si proche du classique... ). Ces arrangements (pas une seconde de bande n’est utilisée bien sûr) aux claviers mélangent piano et un véritable son d’orchestre, je n’ai tout simplement jamais entendu jouer ainsi des claviers (ce n’est pas pour rien que Don Airey joue avec Uli Jon Roth). Et il récidivera plus tard en jouant quelques soli de piano qu’il terminera sur le thème de Star Wars, toujours aux synthés et toujours avec la qualité du son et la puissance d’un véritable orchestre. Une performance incroyable, personne ne pouvait mieux que cet ex-Rainbow et Black Sabbath (entre autres) prendre la place de Jon Lord avantageusement en apportant des nouveautés au groupe ! Avec ce nouveau line up, on peut encore voir les liens des musiciens sur scène se resserrer (comme à l’arrivée de Morse en 95). On aura même droit à quelques jams, preuve de la communication permanente entre tout le monde et du plaisir de jouer qui règne au sein du groupe.
Steve Morse revient en avant pour l’intro de Smoke On The Water, son Riff Raff personnel : un medley de riff et soli inoubliables de l’histoire du rock. Alors des Beatles à AC/DC, en passant par Led Zep, Guns and Roses et pas mal d’autres, il joue de sa capacité a tout faire à la guitare pendant quelques minutes, pour le plaisir du public, avant de lancer l’hymne au riff le plus connu du hard rock... Et finalement cette soirée m’a même réconcilié avec Smoke (qui m’agace en général) : quand on sent l’effet produit sur le public, on ne peut que rentrer dedans. Un final délirant sur Space Truckin’ et Deep Purple quitte la scène, répétant encore une fois que le public est fantastique et que ce concert est unique. Et ça semble vrai ! Même Ian Paice reste longtemps à saluer avant de regagner les coulisses.
Cries... Applaudissements... Rappels. Deep Purple revient sur Hush, le tout premier single du groupe il y a 35 ans tout juste ! Très rapide, le morceau enchaîne soli d’orgue et de guitare sur un ton léger entraînant bien le public, pourtant épuisé (j’ai rarement fait autant de sport). Le tout dernier morceau de la soirée arrive, c’est Steve qui prend les rênes pour Black Night, quelques minutes où la guitare n’arrête pas de dialoguer avec le public. Je tire mes dernières forces pour participer, c’est grandiose: avant même le début du morceau le public scande son riff, et pendant le solo, tout le monde reprend la moindre note en choeur... Une bien bonne conclusion pour cette heure et demi de concert.
Le temps de reprendre mes esprits pendant que la salle se vide, et je me rend compte que la musique diffusée n’est autre que la version studio de Haunted... Je confirme, ça promet. Gros travail sur la voix qui évolue au cours du morceau, et solo vraiment très fort. Le 24 août n’est plus loin, patience...

Deep Purple a ce soir dévasté (c’est une métaphore ;o) le zénith de la même manière que le rouleau compresseur était passé sur l’Olympia en 1996. Un concert intense à chaque instant, une musique plus percutante que celle de n’importe quel groupe de hard ou de heavy. Deep Purple est l’un des meilleurs groupes live qu’il soit, et son titre ne semble pas prêt d’être remis en jeu.

Set List :
Highway Star
Knockin’ At Your Backdoor
Pictures Of Home
Lazy
Haunted
The Well Dressed Guitar
Don Airey solo / Perfect Strangers
I’ve Got Your Number
Speed King
Riff Raff / Smoke On The Water
Space Truckin’
Rappels :
Hush
Black Night