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Live Report
Hardened Bastards - Paris
Le Klub, le 12/11/2006
Par : Powersylv




On dit depuis très longtemps que les associations ne sont pas forcément aidées en France … et il semble bien que cela empire d’année en année. La radio associative Aligre FM (une des dernières d’Ile de France, en activité depuis 1981) est aujourd’hui menacée de disparaître sous les coups de boutoir d’une législation de plus en plus autoritaire et contraignante qui voudrait la priver d’une bonne partie de ses fonds. Cette radio a toujours vécu à l’écart de toute publicité (non-commerciale) et prôné la liberté d’expression, condition sine qua non au partage culturel. En ce qui concerne la sphère métallique, c’est sur Aligre FM qu’est diffusée régulièrement l’émission le Rock Fort Show, dédiée à notre musique préférée. Equipe militante, le personnel de l’émission est de toute les actions pour que la radio continue d’exister. C’est dans ce contexte que nous sommes conviés ce soir à un petit concert, au Klub (quasiment à l’entrée de la rue Saint Denis à Paris) pour une sympathique soirée de soutien et d’hommage à cette radio qui a contribué à faire vivre le metal depuis plus de 20 ans. Le menu est plutôt sympathique puisqu’HARDENED BASTARDS, NEDRA, CONSCIENCE et Patrick RONDAT sont tous de la partie. Une soixantaine de personnes aura investi les lieux ce soir-là, dont pas mal de supporters des groupes. L’animation de la soirée a été confiée à Phil’Em All et Arkheon de l’émission sus-citée. Après un petit mot sur cette initiative, les 2 Maîtres de cérémonie cèdent la place à Mr. Patrick RONDAT.



Patrick RONDAT :
Hasard de la programmation, c’est l’artiste qui a la notoriété la plus affirmée qui débute le concert. Il faut dire que dans ce cadre bon enfant, la notion de « tête d’affiche » est bien saugrenue. Il s’agit du guitariste Patrick Rondat qui a aujourd’hui un petit paquet d’albums à son actif ainsi que quelques participations prestigieuses (ELEGY, Jean-Michel Jarre …). Un guitariste reconnu donc … et il est bien loin le temps où Patrick était le nouveau prodige de la guitare metal hexagonale (fin des années 80, compilation Hard-Rock Rendez-vous, l’album Just For Fun, tout ça …). Ce qui est incroyable, c’est que le bonhomme n’a pas changé physiquement pendant toutes ces années. Initialement non prévu à l’affiche, c’est en remplacement de son confrère Yann Armellino (prévu pour la prochaine date le 03 décembre prochain) que Patrick est là et a répondu bien gentiment à l’invitation. On reconnaîtra là la générosité et l’humilité qui émane du musicien, des qualités dont il saura faire preuve ce soir lors de sa courte prestation. Patrick est en effet seul sur la petite scène et avec sa guitare, il joue sur un enregistrement. C’est vrai que ça peut faire un peu « sobre » mais bon, disons que dans le cadre de ce petit club, ce n’est pas encore trop gênant. D’un autre côté, le fait de ne pas avoir d’autres musiciens permet de se concentrer sur le jeu et le toucher de Patrick qui nous emmène au cours des morceaux dans des terres imaginaires, éthérées ou plus heavy. Son heavy mélodique instrumental allie technique et feeling et on ne peut qu’être admiratif devant la dextérité « digitale » du maestro. En parlant de maestro, nous aurons droit au superbe « Vivaldi Tribute ». Le guitariste joue tout tranquillement, mais on sent qu’il est heureux de faire partager sa musique, même devant une petite audience. Prenant la parole entre les morceaux, Patrick remercie Aligre pour le soutien que la radio apporte au metal depuis une bonne vingtaine d’années. Après une petite salve d’applaudissements, Patrick cède la place à CONSCIENCE.



CONSCIENCE :
Les connaisseurs se souviennent que CONSCIENCE avait réalisé l'exploit de se produire en première partie de NIGHTWISH fin 2004. Un début de reconnaissance matérialisé aujourd'hui par un premier album Half-Sick Of Shadows sorti il y a plusieurs mois. Moi qui ne suis pas fan de prog, j'ai malgré tout eu l'occasion d'écouter le disque et je dois dire que l'écoute s'est avérée agréable à défaut d'être forcément prenante. Pourtant, nul doute qu'avec des débuts de cet acabit le groupe peut espérer des lendemains qui chantent. Ce soir, l'illustration se fait sur scène : l'étroitesse des lieux oblige les musiciens à se regrouper autour de Matthieu, le chanteur/guitariste qui laisse éclater son talent, son énergie et son enthousiasme. L'énergie principale émane de lui et on prend "conscience" (arf, fallait que je la place celle-là) que sur scène, ce metal prog possède des passages bien musclés quand même. C'est énergique, carré et mélodique et on sent le potentiel malgré ces conditions de jeu un peu particulières. Hervé l'autre guitariste donne parfois la réplique, s'occupant aussi des chœurs. Les passages vont du plus nuancés au plus bourrins. Prenant la parole à quelques reprises, Matthieu rend à son tour hommage à Aligre F.M. en disant que CONSCIENCE était venu jouer avec plaisir et en rappelant que la radio associative avait à l'époque passé leur première démo à l'antenne. Petit coup de pouce bien sympa du groupe, 5€ du marchandising présent ce soir est donné à Aligre. Chapeau Messieurs. Le groupe enchaîne les titres et je reconnais au passage le premier titre de l'album "Written". A la fin, le dernier titre s'enchaîne tranquillement et naturellement sur le "Creeping Death" de METALLICA, la salle reprenant tue-tête ce classique intemporel du heavy metal. Hommage d'un groupe loin d'ignorer d'où il vient. Avec sa prestation placée sous le signe de l'énergie et de la générosité, nul doute que nous retrouverons le jeune combo très prochainement.



NEDRA :
Les 2 groupes qui arrivent maintenant me sont un peu plus connus car d’une part leur registre s’approche davantage de mes goûts et d’autre part, certains de leurs musiciens sont des connaissances. Le quintet de NEDRA se met tranquillement en place prêt à en découdre devant quelques fans enthousiasmes apparemment qui se sont rapprochés. On ne verra pas bien Nico derrière sa batterie (surtout quand il y aura de la fumée) et Dr. Jones (basse) est forcé de se mettre derrière ses 3 autres compères vu la petitesse de la scène. Sur le devant, Olivier comme à son habitude nous emmène dans le monde de NEDRA : qu’il s’agisse de sujets sérieux (le morceau de bravoure « D’un extrême à l’autre » qui débute le set, enchaîné direct avec « Autodafé »), ténébreux (ben euh … « Ténèbres » justement ;) ), des choses de la vie que nous avons tous vécus (si, si) avec « Le coup de grâce » … chacun peut trouver son bonheur dans les chansons du groupe. Olivier est assez détendu, il faut dire que l’ambiance est familiale ce soir. Il fait chanter les gens (« Garce, Gaaaaarce … ») et il ne manque pas de lancer quelques petits traits d’humour entre les chansons, surtout lorsqu’avant « Ténèbres » une musique disco venue d’on ne sait où se fait entendre. Nous n’en saurons pas plus. Un Olivier aussi qui est à l’aise dans son chant. Même si parfois on a un peu de mal à l’entendre ce soir (sonorisation), il arrive à manier les différents registres avec plus de facilité qu’avant ; ainsi se montre-t-il vindicatif sur « Le coup de grâce » ou « Ténèbres » alors que la douceur règne sur la partie calme de « Prisonnier » (j’adore cette chanson pour ma part). A ses côtés, Polo (guitare rythmique) et Vassago (guitare solo) assurent comme des chefs, ce dernier nous démontrant une fois encore ses talents de soliste où le feeling prend décidément le pas sur la démonstration … et franchement, ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre. Les 2 guitaristes et le bassiste assurent également les chœurs. La rythmique n’est pas en reste et prouve qu’elle peut varier les tempos et les plaisirs (le syncopé « Lemnos »). Le final sur « Le point de non retour » sera l’occasion de finir le set comme il a commencé : de façon musclée. Un très bon concert de NEDRA au final, mais alors qu’est ce que c’était court … et qu’est-ce qu’on est impatient d’écouter l’album aussi (toute la salle le réclame, c’est pas un hasard) :).



Set-list NEDRA :
01.D’un extrême à l’autre
02.Autodafé
03.Ténèbres
04.Prisonnier
05.Le coup de grâce
06.Lemnos
07.Le point de non retour



HARDENED BASTARDS :
Cette soirée démarrée tout tranquillement aura vu son intensité monter crescendo, et il ne fallait pas compter sur Gaël Nourry et ses HARDENED BASTARDS pour la faire descendre, boudiou. Les « A poil ! » (les habitudes « oursiennes » ont la vie dure – … les initiés comprendront) résonnent déjà dans la salle tel un cri de ralliement. Car comme de coutume, ça va chauffer sous les bras. Gaël, Riton et Joël s’installent et le power trio démarre aussi sec avec « Wringless Birds », premier titre de leur démo Bellicose Mind sortie l’an dernier. Le groupe a d’ailleurs eu l’idée d’en ramener quelques exemplaires gratuits pour les gens du public. Après tout, n’est-ce pas comme ça que des combos comme METALLICA ont démarré et se sont fait connaître : nombreux concerts et distribution de démos ? Bon, le petit problème c’est que nous sommes au pays de la Star Ac’ (soupir) mais bon, on ne sait jamais. En fait, les HARDENED BASTARDS nous balancent les 5 titres de la démo les uns à la suite des autres. Les titres en live dépotent plus que sur la galette et c’est un premier rang (où figure votre serviteur) qui se constitue pour une bonne séance de headbanging. Il faut dire que le heavy / thrash du trio a tout pour ça, puisant ses influences chez MOTORHEAD, JUDAS PRIEST, les premiers METALLICA et autres IRON MAIDEN. Les 3 musiciens se déchaînent, au premier rang desquels Gaël dont le registre vocal varie du médium aux aigus. Un peu de mal ce soir à monter sur certains passages comme l’intro sombre de « Betray The Child » assurément un des titres les plus emblématiques de la démo avec son mid-tempo, son côté épique et son final énergique. Je sais de source sûre que beaucoup de fans du groupe attendent ce titre lors des concerts. Ca dégage et ça dépote à nouveau avec « Black Priest » (ce riff !). Et on finit là aussi comme on a commence sur un headbanging en règle sur un titre qui ne figure pas sur la démo (mais que je crois avoir déjà entendu lors d’un précédent concert), « Your Enemy ». HARDENED BASTARDS a énormément de pêche et d’énergie à revendre, espérons qu’ils sauront nous faire cadeau dans les mois qui viennent d’un premier album qui confirmera les bonnes dispositions de ce trio.



Set-list HARDENED BASTARDS :
01.Wingless Birds
02.Bellicose Mind
03.Contamination
04.Betray The Child
05.Black Priest
06.Your Enemy