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Live Report
Reverend Bizarre - Paris
Le Batofar, le 03/11/2006
Par : Powersylv




Le doom est un style de metal qui reste assez marginal et underground malgré quelques figures de proue qui ont percé ces 15 dernières années (CATHEDRAL, les premiers ANATHEMA, MY DYING BRIDE, les plus anciens et lyriques CANDLEMASS, j’en passe et des meilleurs …). Les finlandais de REVEREND BIZARRE ont sorti au tournant du dernier millénaire leur premier et cultissime premier album (In The Rectory Of The Bizarre Reverend) mettant en scène un doom austère, puissant et ténébreux fortement influencé par les premiers BLACK SABBATH. Un EP (Harbinger Of Metal), une re-édition (In The Rectory Of The Bizarre Reverend – Return To The Rectory) et un album (Crush The Insects) plus tard, REVEREND est devenu un espoir incontournable du genre. Aussi est-ce avec amertume que nous apprenons ces dernières semaines le split de ce combo prometteur. Plus rien à dire ? Lassitude ? Dissensions internes ? Nous n’en saurons pas plus pour l’instant, mais le groupe a jugé qu’il était indispensable de soigner sa sortie et c’est tout à son honneur. D’où cette tournée d’adieu avec passage par Paris, sur la péniche du Batofar, aux allures de vaisseau fantôme situé sur les rives de la Seine, presqu’en face de la Bibliothèque François Mitterrand. Joli bicoque en tout cas, illuminée de rouge. Il d’agissait de ne pas louper ce passage qui deviendrait aussi culte que ses protagonistes … aussi tant pis pour les thrasheurs de THE HAUNTED qui jouaient ce même soir dans une salle de la capitale.



Une fois n’est pas coutume, j’arrive sur les lieux un peu à l’avance. Le groupe a quelques heures de retard mais les camionnettes arrivent à l’arrache pour permettre au show d’avoir lieu. Ce sont les membres de l’association Elianor (que je remercie pour cette initiative et pour leur accueil) qui ont eu chaud aux fesses. Après une longue attente en ces premiers jours de grands froids et après avoir taillé la causette avec de jeunes fans venus de Nantes exprès pour le concert, nous investissons les lieux. Je prend connaissance avec le Batofar, dont la salle est plus grande que celle de la péniche Alternat - où j’avais passé déjà 2 ou 3 soirées il y a quelques mois de cela – et qui mouille pas loin. En tous cas, l’espace est bien occupé et prêt à accueillir les groupes. Le premier d’entre eux, CENTURIONS GHOST, monte alors sur scène prêt à en découdre.



CENTURIONS GHOST :
Ce groupe anglais de doom amateur de metal sombre (il n’y a qu’à voir les t-shirts d’OPETH ou de CANDLEMASS que certains membres du groupe arborent fièrement) arrive sur la petite scène amené par une introduction inquiétante. Leur gig commence d’emblée avec un titre long et pesant, très sabbathien. Une procession funéraire qui met toute la salle d’accord. James, chanteur imposant et bedonnant est dans son trip : il faut voir son front se plisser, ses mouvements évoluer désespérément comme s’il chantait en ployant sous le poids d’un fardeau. Une attitude sérieuse et désespérée alors que les autres musiciens jouent tranquillement et apposent leurs notes lourdes. Le contraste entre le gros chanteur et les musiciens plus replets est assez saisissant. L’ensemble est lourd et monolithique, mais une chanson du prochain album (prévu si j’ai bien compris pour janvier 2007) est plus rentre-dedans. Un combo bien sympathique et qui met bien en bouche pour la suite de la soirée.



THE GATES OF SLUMBER :
Ce groupe est un trio américain composé du guitariste/chanteur Karl Simon, du bassiste Jason McCash et du batteur Bob Fouts, tous trois très imposants : je veux dire par là qu’avec leurs vestes à patchs, leurs bracelets de force, leurs tatouages, leurs embonpoints respectifs et leurs capillarités impressionnantes, nous avons là affaire à des … Golgoths. La basse bénéficie d’un son énorme et pas très loin de moi, Jason paré de son t-shirt de DISSECTION s’en donne à cœur joie. Ainsi, si l’on se base uniquement sur le premier titre, THE GATES OF SLUMBER n’apparaît pas comme un groupe de doom : ce premier boulet qu’ils nous envoient à la gueule est plutôt bien heavy, puissant avec les vieux BLACK SABBATH comme influence. Par contre, le registre évolue avec le deuxième titre interprété. Bien doom et lourd, les musiciens sont littéralement en transe, emmenant l’assistant avec eux. La batterie assène de gros coups où les 2 bretteurs frappent carrément du poing leurs cordes. Ce titre est long et hypnotique, une porte est ouverte vers une autre dimension avant qu’une partie rapide ne s’incruste. Karl nous délivre alors un solo superbement exécuté avec ses petits doigts boudinés, témoignage d’une maîtrise époustouflante (il y en aura d’autres). Un morceau absolument géant dont je n’ai pas retenu le nom. Les titres suivants seront plus concis mais tout aussi redoutables dans cette veine heavy/doom et malgré un faux démarrage (sur un morceau dont le début fait penser au « Hole In The Sky » de BLACK SABBATH) et un problème d’accordage de la guitare pour lesquels Karl s’excusera platement, THE GATES OF SLUMBER a marqué des points ce soir vu les commentaires entendus dans l’assistance. Je dois dire que j’ai beaucoup aimé également leur prestation et j’ai bien envie de découvrir sur disque. J’aurai pu d’ailleurs en acheter au stand à l’entrée, dommage que je n’ai pas pensé à prendre des liquidités supplémentaires.



REVEREND BIZARRE :
Enfin, le trio finlandais entre en scène sur la musique de Lily Marlene. Bizarre, cette introduction bien sélectionnée participe au malaise dont le groupe se veut le chantre. Les musiciens arrivent depuis la salle où ils s’étaient mêlés de manière discrète au public. Des acclamations se font entendre alors qu’Earl Of Void le batteur chétif se met en place. A gauche de la scène, Peter Vicar le guitariste blond est torse nu et vêtu d’une veste en jeans avec un joli dossard MOTORHEAD. Pas très loin de moi, tout de noir vêtu, le grand hypnotiseur/chanteur/bassiste Albert Witchfinder lance les hostilités avec sa voix incantatoire et solennelle. Une voix qui traduit le caractère austère et authentique du combo tant sur disque qu’ici sur scène, même si on a un peu plus de mal à la saisir. Le bonhomme est en transe, complètement dans sa musique, et s’épanche en vocaux lyriques, déclamatoires ou écorchés le long de gros riffs hypnotiques. Quelle ambiance terrible ! Parfois, son regard est terrible et ses yeux sont révulsés, tout est programmé pour transcrire dans ce doom une ambiance glaciale. A gauche, Peter balance les riffs, le visage concentré et parfois grimaçant alors que derrière Earl Of Void bat de terribles mesures. Ses battements font l’épine dorsale de titres issus du répertoire du REVEREND, notamment du premier album qui reste incontournable. Vers la fin, il faut quand même faire attention à ne pas s’endormir, la musique du groupe étant belle, noire mais terriblement lancinante. Nous sortons de l’expérience REVEREND avec plein d’images pour aller cauchemarder, c’est cool. Plus sérieusement, ce concert dans un cadre intimiste m’a persuadé encore une fois que le groupe finlandais aura laissé derrière lui de belles pépites noires suite à sa trop courte carrière. Peut-être retrouverons-nous Albert Witchfinder et ses sbires dans d’autres projets, qui sait ? Une fin confidentielle pour ce combo qui aurait pu devenir tout aussi incontournable que son premier skeud.