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Live Report
Deep Purple - Paris
Le Zénith, le 24/01/2006
Par : Powersylv




Il était une fois le hard-rock. A la charnière des années 60 et 70, au moment où les BEATLES se séparaient, 3 groupes anglais continuaient (ou commençaient) leur ascension. La portée d’un LED ZEPELLIN sur notre famille musicale était incontestable. Juste derrière, DEEP PURPLE mené par le taciturne guitariste Ritchie Blackmore et l’organiste Jon Lord les talonnaient alors qu’avec BLACK SABBATH jaillissaient les premiers râles du dark heavy metal.



35 ans après, LED ZEPPELIN n’est plus depuis des lustres et BLACK SABBATH est depuis 1997 un groupe virtuel (d’un point de vue scénique en Europe et d’un point de vue studio tout court). Malgré ses hauts et ses bas, même sans Blackmore et Lord, DEEP PURPLE est le dernier de ces dinosaures encore en activité. Mais il y a toujours Ian Paice (le batteur des débuts), ainsi que Ian Gillan et Roger Glover qui ont fait les beaux jours du DEEP PURPLE Mark II (1969-1973 surtout). Boostés par l’arrivée du sémillant six-cordiste Steve Morse il y a 10 ans, le Pourpre Profond a retrouvé une seconde jeunesse sortant album sur album et se produisant régulièrement en concerts. Et ce n’est pas le départ de Jon Lord il y a quelques années (remplacé par Don Airey) qui aura perturbé la légende puisqu’un nouvel album, Rapture Of The Deep, a surgi dans les bacs en 2005. Donnant ainsi lieu à une nouvelle tournée qui passe par notre Zénith parisien (la veille à Lyon). Bien qu’ayant conscience que leur âge d’or est bel et bien révolu, les DEEP PURPLE en remettent une louche, preuve que pour eux le rock’n roll n’a pas d’âge et reste une passion (vu ce qu’ils doivent avoir sur leur compte en banque, je pense pas qu’ils doivent vivre ça comme un travail …). C’est donc un Zénith méga-rempli qui les attend. Des spectacteurs de tous âges, de 7 à 77 ans, des enfants (petits-enfants ?) venus avec leurs parents, du fan plus commun, du hard-rockeur le plus bigarré (t-shirts MAIDEN, METALLICA …) au vieux biker vermoulu … tout le monde est là pour venir voir la légende (dixit le groupe de première partie).



Le groupe de première partie, parlons-en. Celui-ci a déjà commencé à jouer lorsque nous pénétrons dans la salle (merci l’organisation) et de loin, je crois bien qu’ils ont joué « Space Truckin » de DEEP PURPLE. Ce groupe qui n’était pas prévu sur le ticket est SED LEX, groupe français signé chez Brennus. Un groupe avec des musiciens qui ont roulé leur bosse je trouve car ça a l’air de bien maîtriser la scène devant nous. Le chanteur surtout, aux cheveux longs et blouson de cuir est expressif, il entraîne ses compagnons (un peu plus immobiles il faut dire) et me fait penser un peu dans son allure à Biff Byford, le sympathique leader de SAXON. D’ailleurs leur musique est située quelque part entre SAXON et DEEP PURPLE, un mariage de puissance, de mélodies rock’n roll et de feeling. Le côté PURPLE est rendu aussi par la présence de claviers, derrière lesquels siège un musicien à la coupe de cheveux afro. Nous sommes installés du côté gauche de la scène et nous avons surtout vue sur le bassiste qui tranquillement gratouille son instrument avec quelques déhanchements, un peu comme les bassistes de prog. De l’autre côté, les interventions guitaristiques sont plutôt efficaces. Les titres sont bien rock, et il n’en faut pas plus pour faire mijoter de bonne manière un public heureux à l’idée de voir ensuite les anglais de PURPLE. La mise en bouche de SED LEX est donc particulièrement appréciée et alors de quitter tranquillement la scène, le chanteur nous demande d’être bien chaud pour accueillir (dixit) « la légende DEEP PURPLE ». Pour sûr qu’on est chaud ! La scène se prépare ensuite pour DEEP PURPLE. On aura une bonne vue sur la batterie du vétéran Ian Paice puisqu’elle est assez en avant finalement au lieu d’être reléguée au fond. Au fond, un backdrop avec la pochette de Rapture Of The Deep est installée et pas mal de vieux fans derrière moi sont apparemment restés sur les années 70 car certains se demandent : « C’est quoi ce dessin ? ». Dommage pour eux car comme on le verra, le groupe jouera une bonne partie de ce dernier album en date.



Ce concert fut un instant magique et je ne me suis pas ennuyé une seconde : imaginez-vous au deuxième rang du Zénith, avec juste devant vous le mythique bassiste Roger Glover (Love Is Aaaaaaaal), et parfois Ian Gillan qui vient devant vous pour chanter et vous dispenser quelques sourires ! Waouh ! Les autres musiciens ont l'air complices et heureux également, notamment Steve Morse de l'autre côté de la scène, sourire aux lèvres. Le claviériste Don Airey (le mec a joué de surcroit avec BLACK SABBATH, WHITESNAKE, OZZY et tant d'autres) est à son aise, tranquille et virtuose même si nous aurions préféré Jon Lord. Ian Gillan nous sollicite parfois pour mimer les claviers avec nos doigts pendant les solos. La batterie est au milieu de la scène, et on distingue par moments Ian Paice, le plus ancien membre historique du groupe (il est là depuis sa création il me semble et a participé à tous les albums) avec ses cheveux désormais grisonnants retenus par un élastique. De chaque côt du backdrop, des écrans à points lumineux représentent des mosaiques et des images pour illustrer les chansons. Le frontman de la soirée, Ian Gillan est décontracté, pieds nus sur scène, simple polo blanc légèrement entrouvert, prenant de temps en temps un tambourin pour battre la mesure. On constatera que même s'il est en forme, le chanteur jette un coup d'oeil parfois sur le côté de la batterie, comme s'il cherchait à se remémorer les paroles parfois, bizarre. Alzheimer guetterait-il ? J'espère que non =)). Il complimente le public acquit à la cause du groupe en nous disant entre autres que nous sommes formidables (mais oui, c'est clair ! =)) ). C'est la fête ce soir et bien que n'étant pas de classiques, les morceaux de Rapture Of The Deep passent bien mais sans vraiment déclencher l'enthousiasme qui prévaut sur les classiques. Il faut dire que le dernier album à mon sens alterne le dispensable ("Wrong Man") et des titres de bonne facture comme "Rapture Of The Deep" et ses sonorités arabisantes, ou encore le presque planant "Before Time Began". Nous aurons droit à côté de ça à un instrumental assez cosmique et magique de Steve Morse "Well-Dressed Guitar", à une démonstration de claviers où Don Airey se prendra un temps pour Jean-Michel Jarre (le filou intègrera même un passage de la "Marseillaise" pour tenter de nous amadouer).



Comme je le disais, les classiques sont les moments de bravoure de ce show, et dès le début avec "Pictures Of Home" et son riff mélodique qui enflamme le Zénith. Puis nous avons eu le terriblement rock'n roll "Lazy" où Ian Gillan ira s'armer d'un harmonica et où l'on ne peut s'empêcher de remuer son popotin. Passage obligé, nous nous remémorons les jours heureux de l'éphémère reformation du DEEP PURPLE Mark II en 1984 avec le superbe "Perfect Strangers" où Ian Gillan ira troquer son polo du début du concert contre une veste de couleur (comme celle qu'il porte sur la pochette du live Come Hell Or High Water). "Perfect Strangers" possède un feeling et une puissance imparables et le sémillant chanteur ne manquera pas de vibrer sur ce titre où il effectuera même quelques petits pas de danse ibère :). "Space Truckin" fut terrible, et Ian Paice possède encore une force de frappe impeccable. Ian Gillan lui peine un peu lorsqu'il s'agit de pousser les cris dont il a le secret. "Highway Star" a démarré par une longue intro signée Morse/Glover/Paice et ce titre cartonne vraiment en live. Bien évidemment, lorsque Steve Morse entamme le riff de "Smoke On The Water", le public est en transe. Ce titre qui fait partie des plus grandes pièces de l'histoire du rock est ici joué par ses géniteurs (à 2 musiciens près). Magique, j'en ai eu des frissons et même une petite larme à un moment, émotion, émotion ... Le groupe quitte la scène avant un rappel de choix : il s'agit de "Speed King" (qu'ils n'ont pas joué à Lyon la veille). Ce titre que j'adore sera joué un peu plus lentement, mais nous aurons droit à une improvisation entre Steve Morse et Don Airey, un solo de Ian Paice et même le fameux duo guitare/chant avec un Ian Gillan et un Steve Morse complices.



Régulièrement lors du concert mais surtout à la fin, on aura droit à quelques médiators de la part de Roger Glover (j'en ai eu un!) et des baguettes de Ian Paice. Y a une baguette qui a pas volé loin de moi, mais bon j'aurai eu le médiator :). Bizarre pour Roger Glover car le bougre jouait avec les doigts (?). Mais bon, il l'aura eu au moins un moment dans la main (séquence "on est des merdes, on est à chier" de Wayne's World). E, gros, je suis reparti heureux du Zénith avec le sentiment d’avoir vu quelque chose de grand. Dans le métro qui me ramenait à la gare du Nord, un vieux fan était tout heureux avec son affiche du concert. Le gars nous raconte que voilà 30 ans qu’il cherchait à voir DEEP PURPLE et que c’était la première fois qu’il les voyait. Comme quoi, il n’est jamais trop tard. 2006 démarre bien, vraiment.



SET-LIST DEEP PURPLE :
01/ Pictures Of Home (Machine Head, 1972)
02/ Things I Never Said (Rapture Of The Deep, 2005)
03/ Wrong Man (Rapture Of The Deep, 2005)
04/ Ted The Mechanic (Purpendicular, 1996)
05/ Living Wreck (In Rock, 1970)
06/ Rapture Of The Deep (Rapture Of The Deep, 2005)
07/ Back To Back (Rapture Of The Deep, 2005)
08/ Before Time Began (Rapture Of The Deep, 2005)
09/ Well Dressed Guitar (Steve Morse)
10/ Lazy (Machine Head)
11/ Keyboards solo (Don Airey)
12/ Perfect Strangers (Perfect Strangers, 1984)
13/ Junkyard Blues (Rapture Of The Deep, 2005)
14/ Kiss Tomorrow Goodbye (Rapture Of The Deep, 2005)
15/ Space Truckin (Machine Head, 1972)
16/ Highway Star (Machine Head, 1972)
17/ Smoke On The Water (Machine Head, 1972)
Rappels :
18/ Speed King (In Rock, 1970)
19/ Black Night (Black Night – single (1970) / In Rock (1970) re-edition)