Retour à l'accueil   |   Interviews   |   Live Reports   |   Fest Reports   |   Bios   |   Retour à Nightfall   
Interview
Skew Siskin, le 10/09/2007
Par : Canard WC




SKEW SISKIN vient de nous servir sur un plateau un fumant Peace Breaker en cette année 2007. Ce groupe allemand qui jouit d’une forte complicité avec Lemmy (MOTORHEAD) s’entend toujours pour faire parler la poudre à sa façon. Un côté rebelle et incorruptible omniprésent, que l’on retrouve dans la personnalité de son guitariste Jim Voxx. Ce dernier, volubile et à la langue bien pendue a bien voulu répondre à nos questions depuis Berlin.


Canard WC (C) : Bonjour à tous les membres de SKEW SISKIN. Cela fait maintenant plusieurs mois que Peace Breaker votre dernière offrande est sortie, quel regard portez vous sur cet album ? Quelles sont vos pistes d'améliorations pour les suivants ? Vos projets ?

Jim Voxx (J) : Nous sommes soulagés de l’avoir terminé. Et effectivement, nous en sommes contents car nous essayons de donner à chacun de nos disques un son et un caractère … et … après avoir écouté les chansons un milliard de fois alors que nous étions en studio (à chaque étape de sa réalisation), nous sommes aujourd’hui toujours heureux d’écouter le résultat final. Nous sommes impatients de jouer ces chansons en concert.
SKEW SISKIN n’est pas un groupe qui ne joue que dans un style prédéfini comme, par exemple, AC/DC ou SLAYER. Des fois, je me dis que ça ne serait pas plus mal car beaucoup de choses seraient bien plus simples. Chaque groupe doit trouver sa voie et en ce qui nous concerne, nous sommes ouverts à d’autres influences. Evidemment sur un certain périmètre car tu ne peux pas tout changer dans ta musique. Cela deviendrait trop confus.
Les premiers souvenirs d’enfance de Nina (ndlr : Nina C. Alice, chanteuse et figure emblématique de SKEW SISKIN), c’est quand ses parents faisaient chez eux des soirées hippies en écoutant BLACK SABBATH, LED ZEPPELIN, SPOOKY TOOTH, IRON BUTTERFLY et tous ces groupes. A 12/14 ans, elle jouaient déjà de la batterie dans des groupes punks. Plus tard, elle a étudié la musique à l’Ecole des Beaux Arts de Berlin et est apparue en invitée sur le disque d’une célèbre star du rock de chez nous, Udo Lindenberg pour chanter des trucs de Berthold Brecht et Marlene Dietrich. Elle a vécu des choses différentes musicalement.
Quant à moi, j’ai été assez chanceux pour voir sur scène THE WHO juste avant la mort de Keith Moon (R.I.P.). Ce concert a changé ma vie !! C’était hardcore, thrash, brut … enfin appelles ça comme tu veux. Ce son sur scène, ils n’ont jamais été capable de le reproduire sur disque. Après avoir vécu ça, j’ai voulu faire de la musique et ma première annonce alors que j’étais encore un gosse disait : « Je cherche des musiciens pour former un groupe de rock dans le genre du MC5 ». Evidemment, le MC5 n’existait déjà plus à l’époque. Puis j’ai découvert AC/DC quand j’ai été invité à ouvrir pour eux avec mon groupe d’alors pour les dates allemandes. Bon Scott était encore là. Mon but ultime c’était de rejoindre un groupe de punk pour foutre le bordel sur scène devant 1500 fans énervés et faire les gros titres des journaux. D’un autre côté, j’ai commencé aussi à ce moment-là à écouter des trucs un peu plus psychés et expérimentaux avec beaucoup de feedback et des grosses cordes … je faisais des trucs en utilisant en bande son des vieilles bandes de la police qui évoquaient les terroristes de Baader-Meinhof, entouré de 800 bougies pour créer une atmosphère un peu sombre.
Comme quoi, tout cela peut expliquer nos influences.
Pour ce qui est de l’amélioration … que signifie améliorer ou faire les choses d’une meilleure façon ? Une meilleure musique ou de meilleurs chiffres de vente ? On se moque un peu de tout cela. Peace Breaker est l’album que nous voulions faire à ce moment précis de notre carrière. La musique et les paroles reflètent nos sentiments à l’instant de sa conception, ce qui explique notre rock est basique et … rock ’n roll. Les racines de SKEW SISKIN sont à l’embranchement du punk, du rock, du metal, du psychédélisme et de la musique des années 70 … le prochain album sera peut-être un album de metal psychédélique, qui sait ? (D’ailleurs je suis en train d’y réfléchir :)). Ce la dépend aussi des paroles de Nina. En général elle arrive avec ses textes et on passe pas des plombes à se poser des questions sur ceci ou cela. Nous essayons d’aller au delà de nos limites afin de donner le meilleur de nous mêmes à chaque fois. J’aime tous nos disques. Pour moi, ils sont de la même qualité mais différents.

(C) : Quels sont vos futurs projets et objectifs ?

(J) : Pour l’instant, nous essayons de faire en sorte que Peace Breaker soit disponible dans le plus de pays possibles. En fait, on y arrive. La France fût le premier pays à être servi. Le 14 Septembre, il sort en Allemagne et juste après dans les pays scandinaves. Nous sommes encore dans ce processus donc il est un peu tôt pour pouvoir parler de la suite. Nous avons crée notre propre label, Monongo Music et c’est quelque chose de nouveau pour nous. Jusqu’alors nous avons seulement joué en France et nous allons visiter d’autres pays bientôt. Mine de rien, il y a encore pas mal de choses à faire avec Peace Breaker. Nina est en train de réaliser un nouveau site web et même quelques vêtements (avec un designer professionnel), elle est en plein dedans actuellement. Elle pense également à des paroles et des réalisations plus artistiques. Elle voudrait s’acheter un nouvel appareil photo et prendre des photos de tout ce qu’elle voit. Peut-être parce que son père est photographe, elle a dû hériter un peu de ça. D’ailleurs son père doit prendre sa retraite cette année et il réalise une exposition le 28 Octobre au Musée de Berlin. Si quelqu’un est intéressé, il peut aller glaner les renseignements ici :
http://www.skewsiskin.net/papa_museum/innen_broschuere.jpg
http://www.smb.spk-berlin.de/smb/kalender/details.php?lang=en&objID=12454&typeId=10
Son père a d’ailleurs réalisé toutes les images de Peace Breaker !

(C) : Lemmy fait partie intégrante du paysage de SKEW SISKIN. Votre collaboration prend de plus en plus des allures de "partenariat". Comment se passe le travail avec Lemmy ? Quelle méthode de travail avez vous utilisé pour les 4 titres de Peace Breaker ?

(J) : Lemmy nous a découvert lors d’un show radio qu’il a donné aux Etats-Unis en 1992. Le DJ passait notre version jam de "In Another World" (sur notre premier album). Lemmy a adoré et il a demandé au DJ s’il pouvait avoir notre CD. Un an plus tard, il est venu nous voir à Berlin à l’époque où nous travaillions sur la chanson “B4 (On Voices From The War) ”. Tu peux écouter le titre sur notre MySpace (www.myspace.com/skewsiskin). Il a aimé ce qu’il a entendu et il nous a rejoint à la basse et au chant avec Nina. Voilà notre premier contact. Lemmy a aussi beaucoup en commun avec nous en ce qui concerne ses goûts et son passé musical. C’est excellent de bosser avec lui parce qu’il écoute vraiment attentivement ce qu’on fait. On a des passages qui rappellent MOTORHEAD dans notre musique, mais SKEW SISKIN n’est pas MOTORHEAD. Et ce n’est pas parce que nous collaborons avec Lemmy que nous allons nous « Motorheadiser ». Lemmy sait cela et quand il travaille sur les paroles avec Nina, il la laisse maîtresse de ce qu’elle veut faire et de ce qu’elle veut exprimer. Eux deux s’accordent plutôt bien et ils prennent pas mal de plaisir à écrire ensemble quand ils le peuvent. Ce n’est pas quelque chose que nous planifions à l’avance. Parfois nous rencontrons Lemmy et nous bossons avec lui sur quelques trucs, parfois non.

(C) : Les choix des Guests sont peu ordinaires, donnant une certaine identité et une certaine fraîcheur à votre album. Comment ces choix ont été faits ? Quelle logique ?

(J) : J’aime bien inviter des musiciens sur un de nos albums. Et puis j’aimerai bien les mettre dans une valise et les emmener en tournée avec nous (rires). Plus sérieusement, je connais Ivan Kral depuis de nombreuses années. J’ai vécu 2 ans à New York et j’ai joué dans des clubs locaux avec d’anciens musiciens du MC5, d’Iggy Pop, de Patti Smith, des NEW YORK DOLLS … J’ai beaucoup appris à cette époque. Surtout d’Ivan. C’est un super compositeur et il a écrit des trucs excellents pour Iggy et Patti. Nous sommes très fiers de l’avoir sur notre album. Wolf Hoffmann est lui le mentor d’ACCEPT et nous sommes particulièrement fans de ce groupe. Il vit à Berlin et je l’ai invité à écrire quelques chansons ensemble il y a 2 ans. On en a fait 3 et celle qui est sur Peace Breaker est pour l’instant la seule à être sortie. Nous avons fait connaissance dans les années 90 alors que nous tournions avec ACCEPT et nous sommes restés en contact. Wolf aime beaucoup notre musique et je pense que c’est la première fois qu’il joue sur un album en tant qu’invité, alors qu’il avait refusé des participations pour d’autres groupes par le passé. Super non ?

(C) : SKEW SISKIN donne dans le Heavy, le Punk et Hard Rock à la fois. Ce coktail ressemble d'assez près à ce que propose MOTORHEAD. Votre style s'est il forgé dans la continuité de ce groupe ? Comment comptez vous faire évoluer votre musique ?

(J) : Peace Breaker se veut être un disque purement rock’n roll, spontané, sans artifices ou bidouillages studio. Comme je l’ai mentionné il y a quelques minutes, si nous avons des côtés qui se rapprochent de MOTORHEAD, c’est parce que nous avons des racines musicales similaires, mais sur ce disque c’est vraiment du SKEW SISKIN. Les groupes dans notre genre sont souvent étiquetés avec des commentaires du genre « ça sonne comme untel etc … ». Bizarre ça. Les groupes thrash et speed par exemple ne sont pas autant sujets à ce genre de remarques. Et pourtant ils font souvent des trucs qui se ressemblent. Il y a quelques temps, je suis allé au Wacken Open Air et des fois j’ai l’impression que des groupes jouent les mêmes trucs … y a plein de gens qui pensent pareil, je me demande pourquoi, héhé. Je ne peux prétendre en ce qui me concerne être « l’héritier de MOTORHEAD » car j’ai beaucoup d’autres influences. Et puis le fait d’avoir une chanteuse comme Nina rend notre groupe unique. Je crois que personne ne peut nier cela. Et puis, il y a un seul MOTORHEAD, tout comme il y a un seul AC/DC. Personne ne peut les surpasser dans leur style. SKEW SISKIN est un groupe qui a sa marque de fabrique à lui : on prend toutes nos influences, on les mets ensemble, on secoue le tout et ça donne un bon gros cocktail explosif prêt à vous exploser à la gueule !

(C) : Allez-vous par la suite continuer dans votre style musical traditionnel ou essayer quelques innovations ?

(J) : Nous sommes très loin d’avoir tout dit et les albums suivants le prouveront. Innover ? Un guitariste peut-il vraiment innover après Jimi Hendrix ? Plus tant que ça en vérité. Je ne pense pas pouvoir me mettre à jouer 1 milliard de notes à la seconde, à la vitesse de la lumière. C’est dommage que tant de nouveaux groupes se focalisent là dessus. Même si j’apprécie l’énergie et le côté agressif qu’on peut trouver dans les groupes de speed/thrash. Ca me rappelle les débuts des RAMONES (15 chansons en 25 minutes). Tu étais mort, sourd et complètement à l’ouest après leur concert tant le volume sonore était extrême. Pour moi, rien n’a vraiment été innovant après 1971. Entre 1960 et 1971, les germes de tous les styles de rock (rock, metal, thrash même) étaient déjà là finalement. Les premiers Jimi Hendrix ou THE WHO devaient à l’époque être l’équivalent de ce que SLAYER propose aujourd’hui. DEEP PURPLE a élaboré un heavy metal dont quasiment tout découle aujourd’hui. Je pense qu’aucun groupe aujourd’hui ne peut prétendre inventer quelque chose de « réellement » innovant. Mais est-ce vraiment important ? Non. Ce qui compte, ce sont les chansons et les sentiments que tu véhicules dans celles-ci, peu importe que tu t’inspires d’un groupe plus ou moins ancien. C’est ça qui compte : le feeling, les émotions, les bonnes chansons. J’ai déjà des idées pour le prochain album. Des trucs que tu n’as plus entendu depuis un moment. De bonnes chansons, peu importe le nombre de notes que tu joues dans cette chanson. Une bonne chanson va rester dans l’esprit des gens et des fans. Toujours. Mais la renommée d’un musicien va seulement se faire si la chanson marche. Si ses chansons sont de la merde, même le musicien le plus talentueux ne survivra pas dans l’industrie musicale.