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Interview
Paradise Lost, le 16/04/2007
Par : Powersylv




Alors qu’il avait dérouté pas mal de ses fans de la première heures à la fin des années 90 avec des opus lorgnant carrément vers la pop gothique (on se souvient de Host que beaucoup ont appréhendé comme du sous-DEPECHE MODE), PARADISE LOST revient progressivement à ses premières amours depuis quelques temps déjà. C’est dans un hôtel parisien que nous attendent le chanteur Nick Holmes et le guitariste Greg Mackintosh. Stupéfiant de voir que 10 ans après l’innovant One Second les musiciens ont retrouvé la chevelure de l’époque bénie et que le chanteur arbore fièrement un t-shirt de BLACK SABBATH. In Requiem, le prochain album pousse encore plus loin ce retour au sources initié par l’album éponyme sorti en 2005 et risque bien de surprendre en bien les anciens fans dont je fais partie. Alors que Nick s’en va pour un autre rendez-vous, c’est Greg qui a bien voulu répondre à nos questions.


Powersylv (P) : J’aimerai revenir sur votre album auto-intitulé, Paradise Lost, sorti en 2005. Etes-vous aujourd’hui toujours satisfaits de ce disque ?

Greg Mackintosh (G) : Nous sommes très satisfaits de l'album Paradise Lost, même si nous avons eu des problèmes pour la tournée car j'ai été malade. J'ai même dû aller à l'hôpital. Donc nous n'avons pas pu donner beaucoup de concerts à cette occasion. Mais de la musique, des compositions, de l'artwork oui, nous sommes tout à fait fiers de ce disque. Maintenant, nous avions envie de faire évoluer notre musique un peu plus loin, c'est la raison d'être de ce nouvel opus In Requiem.

(P) : L’album Paradise Lost a aussi vu l’arrivée du batteur Jeff Singer (ex-BLAZE) qui a pris la place de Lee Morris. Peux-tu nous expliquer les raisons de ce remplacement et est-ce que vous pensez que Jeff est l’homme de la situation ?

(G) : C'était il y a environ 5 ans que Lee a commencé légèrement à changer. Il s'est marié entre autres, il a commencé à voir la vie autrement. Ca devenait difficile pour lui de partir avec nous en tournée car il n'était pas heureux de laisser derrière sa femme et son enfant, ce qui peut se comprendre. Mais d'un autre côté on commençait à sentir qu'il n'était plus réellement avec nous, on sentait que ce climat devenait délicat pour le groupe. Parfois par exemple, on lui demandait même de faire quelque chose et il ne voulait pas. Nous l'avons donc congédié après environ 10 ans passés avec nous. Nous avons quelques nouvelles de lui, et il a réalisé d’ailleurs qu'il était beaucoup plus heureux aujourd'hui. En ce qui concerne Jeff, il avait déjà auditionné en 1994 suite au départ de Matt (ndlr : Archer, premier batteur historique du groupe) mais c'était Lee qui avait été retenu. Cependant, il a toujours été plus ou moins en contact avec le groupe et quand il a appris que Lee ne faisait plus parti du groupe, il est naturellement venu nous trouver. Nous l'avons donc choisi cette fois et c'est tant mieux car c'est un musicien très professionnel en plus d'être quelqu'un de super : nous avons par exemple le même sens de l'humour ce qui est important quand tu pars en tournée. Dans un groupe, c'est essentiel qu'une complicité soit sauvegardée entre ses membres : quand on s'entend bien, on joue mieux.

(P) : A-t-il participé à l'album ?

(G) : En terme de compositions, c'est toujours Nick et moi-même qui écrivons mais les autres participent également. Jeff n'avait pas collaboré avec nous pour Paradise Lost mais cette fois, si. Et puis son jeu sur In Requiem participe à ce côté beaucoup plus dur et sombre que nous voulions donner à notre musique. De plus, la batterie a été mise en avant dans le mix car pour In Requiem nous voulions aussi un son proche du live. Au niveau du rythme, des tempos, il a apporté son jeu et beaucoup d'énergie également.

(P) : Venons en à In Requiem. Il y a un premier single qui doit sortir ce mois-ci, il s’agit de "The Enemy". Pourquoi ce choix ?

(G) : Nous ne sommes pas à la base un groupe à singles, un groupe commercial. Et sur In Requiem nous voulions d'ailleurs revenir à ce PARADISE LOST sombre, un peu comme celui du début des années 90. S'il y a un single, c'est surtout une décision de Century Media, notre nouveau label. Ils ont pensé à ce titre, ça nous semblait pas mal et nous avons donné notre accord.

(P) : Y a-t-il un videoclip prévu pour ce single ?

(G) : Effectivement. Nous l'avons tourné à Yalta près de la Mer Noire. Tu sais, Yalta, c'est là où il y avait eu les fameux accords après la Deuxième Guerre Mondiale. Le clip est sombre, il y a des vues aériennes et aussi nous 5 qui sommes des prisonniers de guerre au milieu de soldats ennemis, des nazis. Nous marchons jusqu'à l'endroit prévu pour notre exécution. Nous l'aimons beaucoup.

(P) : C’est la troisième fois consécutive où PARADISE LOST travaille avec Rhys Fulber. Qu’aimez-vous dans son travail et pensez-vous continuer à travailler avec lui par la suite ?

(G) : Nous aimons la façon qu'il a de faire ressortir dans son travail toutes les différentes facettes de la musique de PARADISE LOST car c'est un fan du groupe avant tout. Il a voulu combiner un peu l'ensemble de ce que nous avions pu proposer jusqu'alors. Suite à son travail, nous avons confié le mix à Mike Fraser, connu pour son travail avec AC/DC ou encore THE CULT - il a d’ailleurs joué un grand rôle dans cet album mythique qu'est Sonic Temple.

(P) : J’ai eu la chance d’écouter l’album en avant première et je le trouve vraiment très bon. J’avais découvert PARADISE LOST avec Icon et Draconian Times qui sont mes albums préférés du groupe. J’aime beaucoup le côté moderne que vous aviez sur Symbol Of Life également. J’ai beaucoup apprécié sur In Requiem le retour en avant des guitares, des riffs plus lourds et agressifs, le chant plus profond de Nick qui étaient déjà sensibles sur l’album précédent. En ce qui me concerne, j’ai l’impression qu’In Requiem était l’album que vous auriez pu sortir entre Draconian Times et One Second. Es-tu d’accord avec cette vision et après des albums plus aventureux comme Host ou Symbol Of Life, était-ce un choix pour le groupe de revenir à vos fondamentaux ?

(G) : Oui, nous revendiquons totalement ce choix. Nous avions toujours évolué d'album en album et il y a 10 ans, à partir de l'album One Second, nous sentions le besoin à l'époque d'aller dans une autre direction, d'essayer autre chose comme une réaction à nos premières années, nos premiers albums. Comprend qu'à l'époque, après Draconian Times, nous étions un peu blasé de jouer toujours un peu les mêmes choses, le même style. Depuis quelques temps, c'est plutôt l'effet inverse, comme une réaction à la période que nous avions connue avec des albums comme Host par exemple. Là, nous étions fatigués de jouer des morceaux dans notre répertoire plus récent. Nous avons re-écouté un disque comme Gothic il y a quelques temps et nous nous sommes rendus compte finalement que cet album contenait d'excellentes choses ... et que nous avions ces dernières années moins mis l'accent sur notre côté sombre, maléfique ... lourd. Tu dis penser à Draconian Times ou One Second. Pour ma part, je trouve In Requiem beaucoup plus proche d'un album comme Gothic, assurément. Pour ce côté très sombre, voire misérabiliste. Ou à la rigueur on peut le rapprocher de Shade Of God voire Icon. Draconian Times est trop "poli" encore par rapport à In Requiem.

(P) : Le titre du disque est aussi le titre d’un morceau de l’album. Pourquoi avoir choisi In Requiem ?

(G) : Quand nous avons commencé à travailler sur l'album, une des premières choses à laquelle nous avons pensé est l'artwork qui devait refléter le contenu du disque, à savoir une musique sombre. Cette pochette avec être meurtri qui étend les mains est non seulement très jolie mais c'est un peu une ... icône ; elle impose quelquechose de très solennel. Elle évoque le rapport avec la mort ... le titre "In Requiem" est effectivement un morceau de l'album et au moment de chercher un titre, nous avons trouvé qu'il collait bien avec l'artwork et l’ambiance générale de l’album.

(P) : In Requiem est votre onzième album studio. Après 17 ans de musique, avec tout ce matériel, n’avez-vous jamais songé à un album en concert ?

(G) : C'est une idée récurrente car nous nous sommes plusieurs fois posé la question ces dernières années. Cependant, nous pensons que sortir un disque live est une solution de facilité quand un groupe n'a rien d'autre à proposer sur une période donnée et nous ne voulons pas entrer dans ce jeu-là. Mais bon, qui sait, il ne faut jamais dire jamais ... Il faut dire aussi que notre précédente maison de disque n'était pas très chaude non plus. Nous avions sortis il y a quelques années un DVD avec des concerts (ndlr : Evolve, sorti en 2002). Peut-être qu'avec Century Media notre nouveau label ça sera possible. Et puis comme nous allons filmer quelques shows et que nous comptons reprendre des anciens titres de notre répertoire, il serait intéressant de voir comment ça sonne aujourd'hui.

(P) : Avec l’album Gothic en 1991 et encore après avec de grands disques comme Shade Of God, Icon et le succès de Draconian Times, PARADISE LOST a été le pionnier de ce que l’on appelle le Metal Gothique. Depuis, de nombreux groupes sont apparus dans votre sillage au cours des années 90 et encore de nos jours : on peut citer des combos aussi divers de H.I.M., WITHIN TEMPTATION ou LACUNA COIL par exemple. En tant que groupe pionnier et même en tant que musicien, as-tu le sentiment qu’effectivement PARADISE LOST a clairement créé un style dans le monde du metal ?

(G) : Nous revendiquons le fait d'avoir contribué à la musique que nous appelons Metal Gothique. Cependant, aujourd'hui, tout ce qui est étiquette comme tel représente tellement de choses, et parfois des concepts qui n'ont absolument rien à voir avec ce que nous avions créé à l'époque. Aujourd'hui, quand tu parles de Metal Gothique, tout le monde traduit ce qualificatif par "romantique". PARADISE LOST n'a jamais été "romantique" et n'a d'ailleurs rien à voir avec cette idée. Les groupes que tu cites ont en effet emprunté à leurs débuts des éléments de notre musique mais ils ont évolué et aujourd'hui, ils font quelque chose qui conceptuellement et même souvent musicalement est éloigné de PARADISE LOST. Nous mêmes à nos débuts avons été influencé par des groupes metal comme CELTIC FROST par exemple. A cette époque, il y avait le death metal qui marchait très bien avec des groupes jouant très vite et violemment, et nous avions en 1991 proposé autre chose qui a été un point de départ ensuite …

(P) : Juste un exemple : en 1998, j'avais écouté le tout premier EP de LACUNA COIL. Et ma réflexion était : "On dirait du PARADISE LOST avec du chant féminin" ... même si aujourd'hui leur musique n'a presque plus rien à voir.

(G) : Oui, c'est ce que je te disais. D'un autre côté, des groupes influencent toujours d'autres groupes, c'est pour ça que dans le premier album d'une formation lambda tu trouveras toujours quelles sont ses influences .L'appellation Metal Gothique regroupe tellement de choses aujourd'hui. Regardes-un groupe comme H.I.M. Ok, je peux comprendre que musicalement ils aient pu être influencés mais vois-tu un lien entre leur style et le nôtre ? Personnellement je ne vois pas. Bon, d'un autre côté, c'est vrai que ça fait toujours plaisir quand un groupe te désigne comme une de ses influences.

(P) : Une tournée est-elle prévue prochainement pour la promotion du nouvel album ?

(G) : Oui, mais je pense qu'elle aura lieu à l'automne car la période estivale est riche en festivals et évènement en tous genres. Nous allons participer à quelques uns d'entre eux mais tout n'est pas encore confirmé à l'heure actuelle. Nous allons jouer en Israel avec ORPHANED LAND, qui assurait notre première partie sur la dernière tournée. Sauf que là-bas c'est eux qui seront tête d'affiche. Une tournée européenne devrait démarrer probablement au mois de septembre 2007. Nous partons aussi en tournée aux Etats-Unis avec NIGHTWISH.

(P) : Ah, vous allez voir leur nouvelle chanteuse alors ?

(G) : Oh que oui, super (soupir, suivi d'un petit rire).