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Interview
Gotthard, le 13/03/2007
Par : Powersylv




Lipservice est sans doute un album majeur dans la discographie de GOTTHARD. Freddy Scherer, guitariste du groupe en sait quelquechose puisque cet album a marqué son arrivée au sein du groupe. Domino Effect qui sera entre vos mains avides vers la fin avril recèle son lot de hits, dans la lignée de Lipservice avec une touche de maturité en plus. Un bien beau disque dont le groupe est particulièrement fier. Nous avons évoqué ce dernier bébé avec notre interlocuteur, ainsi que les dernières nouvelles du clan GOTTHARD.


Powersylv (P) : Avant de parler du groupe et du nouvel album, j'aimerai revenir sur Lipservice. Celui-ci est sorti il y a 2 ans maintenant et vous avez assuré sa promotion au cours d'une belle tournée. Avec le recul, que penses-tu de ce disque et que vous a-t-il apporté ?

Freddy (F) : Absolument. La période Lipservice a été une période de grand changement. Il y a eu mon arrivée dans le groupe d'abord, puis un changement de maison de disques puisque nous avons signé avec Nuclear Blast. Nous avons également changé de management ... c'était tu vois assez tumultueux. Mais bon, aujourd'hui nous sommes satisfaits d'être passé par là. La signature avec Nuclear Blast est très bénéfique par exemple en terme de distribution ; nous étions avant chez BMG et nos albums étaient uniquement sortis en Allemagne, en Autriche, en Suisse, au Japon ... et 2 ou 3 seulement étaient sortis en France. Et avec eux ça ne bougeait pas beaucoup. Avec Nuclear Blast, nous avons pu sortir Lipservice dans 42 pays ce qui a été un atout énorme pour notre renommée. Nous avons donc pu jouer dans davantage de pays, certains où nous n'étions jamais allés comme le Mexique, le Brésil, l'Espagne où nous avons joué devant 2000 personnes par soir ... nous sommes retournés en Angleterre. Idem pour les pays de l'est comme la Croatie, la Slovénie, la Hongrie. Et c'est vrai qu'à ce niveau c'était le grand retard de GOTTHARD. Nous nous sentons du coup depuis Lipservice un peu portés par un nouveau souffle, et du coup, le groupe est très satisfait de ce nouveau départ. Avec Lipservice, c'était aussi la première fois que Leo (Leoni, guitare) a pris le rôle du producteur, ce qui nous a permis d'avoir le contrôle sur l'aspect musical de l'album et faire que nous soyons maîtres de nos décisions. Ce n'est pas lorsque nous étions un groupe plus jeune, sans grande expérience. Aujourd'hui, nous pouvons nous permettre de prendre davantage de responsabilités. C'était la première fois aussi que nous avons collaboré avec le producteur Roland Prent qui nous a aidé comme ingénieur du son et aussi pour le mix. Nous avons remis le couvert avec cette formule pour le nouvel album Domino Effect d'ailleurs.

(P) : Lipservice a donc été le début d'une nouvelle ère pour GOTTHARD ?

(F) : Oui car avant ce disque, le groupe sentait qu'il était arrivé au bout d'un cheminement, qu'il fallait que certaines choses évoluent pour repartir sur des bases nouvelles. GOTTHARD avait vraiment besoin de changement.

(P) : En France, nous avons ressenti ce retour en force de GOTTHARD. Les premières fois où nous avions entendu parler de GOTTHARD, c'était à la fin des années 90, à l'époque des albums G et D-Frosted. Mais ensuite, il y a eu une longue période où on n'entendait plus trop parler du groupe. Et là depuis Lipservice, on sent que vous êtes vraiment revenus sur le devant de la scène hard rock.

(F) : Je comprend. Ces changements n'ont pas vraiment été notoires en Allemagne ou en Suisse où nous avons toujours été présents, mais je conçois que dans les autres pays l'impact ait été plus fort. Chez vous en France, et aussi en Espagne où GOTTHARD n'avait véritablement jamais joué. On a joué là-bas à Madrid, à Barcelone et à Bilbao et les 3 concerts étaient complets. On a senti qu'il y avait eu un manque durant les années précédentes, d'où cette affluence. Et puis tu fais un deuxième passage, c'est encore complet. Un troisième concert, encore complet ... mieux vaut tard que jamais :).

(P) : Pourquoi avoir choisi cette tournée Lipservice pour réaliser un album live (Made In Switzerland) ?

(F) : Il n'y avait jamais eu d'album live officiel de GOTTHARD. Enfin, il y avait eu Hamburg Tapes (1996) qui était un mini mais pas vraiment officiel. Alors que là nous avons pu jouer à Zurich pour la première fois dans la plus grande salle de la Suisse Alémanique, le Hallenstadion qui compte 12000 places. Pour un groupe suisse, c'est un peu l'équivalent de Bercy pour la France. Ce concert a été un grand moment pour nous et nous en avons profité pour le mettre sur disque. L'idée d'un vrai album live a toujours traîné dans la tête de GOTTHARD ces dernières années, mais tu sais, tu en discutes, encore, toujours ... et au final rien de concret. Alors lorsque nous avons appris que nous allions jouer au Hallenstadion, on s'est dit que c'était le moment d'en profiter.

(P) : Domino Effect est un titre bien étrange. Que signifie-t-il est pourquoi avez-vous ue l'idée d'appeler le disque comme cela ?

(F) : La chanson "Domino Effect" avait été composée bien avant que nous ayons l'idée de donner un nom à l'album. Cette chanson a été écrite par Leo, Steve et moi en collaboration avec 2 compositeurs suédois. Et à la fin, quand tu cherches un nom pour l'album, tu discutes, tu fais parfois des blagues, tu regardes l'ensemble de ce que tu as écrit à ce moment là. Et pour nous, le titre Domino Effect sonnait bien, il peut se calquer sur des choses différentes ou des idées différentes. Cet Effet Domino est une image pour décrire quelquechose en mouvement : ça peut être pour décrire de la musique, tout ce que tu veux. Tout le groupe a adhéré à cette idée donc nous avons choisi.

(P) : J’ai eu la chance d’écouter le nouvel album. On retrouve les caractéristiques du hard rock de GOTTHARD : énergique, mélodique, parfois groovy avec de bons riffs, de bons refrains, les ballades … Cependant j’ai trouvé Domino Effect moins enjoué que ne l’était Lipservice. Je veux dire par la que je n’ai pas réellement trouvé l’équivalent de titres plus enlevés comme "All We Are" ou "Lift U Up" …

(F) : On a vraiment essayé de ne pas faire une copie carbone de Lipservice. D'un autre côté, on ne s'est pas forcé à penser dans quel esprit nous allions écrire les chansons. Nous avons ramené à la fin des bouts de morceaux que nous avions écrits et les chansons ont finalement été ... ce qu'elles sont. On dit toujours que des chansons - et a fortiori un ensemble de chansons - sont une photographie, un instantané d'une période et d'un état d'esprit. C'est comme pour toutes les formes d'art d'ailleurs : un artiste n'est plus tout à fait le même et n'a pas forcément le même état d'esprit d'une oeuvre à l'autre car des mois voire des années ont passé entre 2 oeuvres, entre temps tu as mûri et des évènements t'ont influencé. Pour ma part, Domino Effect est un disque que je sens plus adulte, moins "1,2,3,4 ... on y va". Comme tu le disais toi-même, il est effectivement plus profond et moi je l'aime beaucoup pour cela. Bon, c'est vrai que quand tu es musicien, tu aimes toujours davantage le disque que tu viens de sortir car c'est du neuf. Mais tout le groupe aime beaucoup ce nouvel album et sa tonalité. Il faut voir que les musiciens de GOTTHARD sont dans la quarantaine, et donc c'est normal qu'on ressente un côté plus profond et plus adulte. On peut trouver Domino Effect plus sombre aussi, mais ça dépend des titres. Tout cela sans perdre la patte GOTTHARD.

(P) : Steve et Leo sont les compositeurs attitrés du groupe. Pour Lipservice, les autres membres du groupe ont participé en soumettant des idées. Avez-vous travaillé de la sorte encore une fois pour Domino Effect ?

(F) : Nous avons procédé comme Lipservice et les compositeurs sont les mêmes pour la plupart des chansons, à savoir Leo et Steve. Pour ma part, j'ai dû collaborer à 6 chansons je crois. Et aussi nos 2 amis suédois dont je te parlais plus haut qui ont participé à 4 titres. Donc même si Steve et Leo gardent la primeur des compositions, il s'agit quand même davantage d'un travail collectif si on se rapporte à ce qui se faisait avant Lipservice. A la fin du processus de composition, nous avons essayé de sélectionner les meilleures chansons sans regarder qui les avait composées etc ... ce n'est pas vraiment ça l'important.

(P) : Tu es le musicien le plus récent dans le groupe. Tu avais participé un peu à Lipservice et à Domino Effect, est-ce que c'était ta première expérience de compositeur à cette occasion, ou avais-tu déjà composé pour d'autres groupes par le passé ?

(F) : Dans les 20 dernières années avant mon arrivée dans GOTTHARD, j'avais un groupe du nom de CHINA (avec Mark d'ailleurs) où j'avais un peu composé et j'ai participé à quelques collaborations. Juste avant de rentrer dans GOTTHARD, Leo m'avait téléphoné (on se connaissait déjà depuis une quinzaine d'années) pour me demander si je voulais rejoindre le groupe tout en sachant que justement, j'avais eu des expériences de composition en plus d'un style de guitare qu'il recherchait. Il était désireux aussi d'avoir à ses côtés une nouvelle influence, ce sont ces choses qui l'ont poussé à me choisir. D'autant que du côté humain on se comprend très très bien.

(P) : Les 2 suédois, ce sont des connaissances du groupe ou des personnes qui proposent leurs talents à diverses formations ?

(F) : Ce sont 2 compositeurs de longue date et qui écrivent plutôt dans un style pop. Ils ont collaboré avec Christina Aguillera par exemple. Et leur expérience sur Lipservice nous avait beaucoup aidé. Comme nous sommes plutôt d'obédience rock et eux pop, ça permet d'affiner ces 2 facettes qui font partie de l'identité GOTTHARD. Pour cet album, ils ont participé à quelques chansons : "Domino Effect", "Come Alive", "Where Is Love When It's Gone" et "The Oscar Goes To You". On les a invité pour 3 jours à notre studio, sans savoir si ça allait marcher comme sur Lipservice et finalement on a pu écrire avec eux ces 4 chansons. Peut-être referont nous encore appel à eux par la suite, qui sait.

(P) : Vous avez beaucoup tourné eu Europe, confirmé votre succès en Suisse et en Allemagne et conquis de nouveaux pays. N’avez-vous pas été tenté de tenter votre chance aux Etats-Unis par exemple ?

(F) : Aux Etats-Unis, ça nous trottait dans la tête de faire quelquechose mais l'offre n'était pas encore suffisante. Ca a failli à un moment mais c'est un pays tellement grand que si tu veux faire quelquechose là bas, ça coûte pas mal, ça prend du temps ... et puis pour Lipservice on a tellement tourné pendant environ 2 ans qu'à la fin finalement on s'est dit : "Bon, on verra bien. Si l'Amérique veut de nous, tant mieux. Sinon, c'est pas trop grave". On a tellement d'autres pays à visiter. Et puis nous préférons assurer notre assise là où on nous connaît déjà. Surtout dans les pays où Lipservice nous a ouvert des portes comme l'Espagne, la Suède, la Russie. Là on sait qu'on peut faire quelquechose. Le but du groupe est de faire le plus de concerts possibles, là ça nous a pris une bonne année et demi, c'est déjà pas mal dans une vie. La moyenne d'âge du groupe est d'environ quarante ans, donc on préfère fixer les choses.

(P) : Vous avez déjà des plans pour une tournée européenne ?

(F) : On est en train d'y penser. Nous avons déjà de premiers concerts en Suisse, puis on a quelques festivals en Suisse, Allemagne, Autriche, Angleterre, Grèce mais ça, ça s'affine pour l'instant. Nous avons une tournée en Allemagne en octobre, 16 dates. Et on est en train de voir pour des concerts entre deux mais c'est en pourparler. En France nous jouons le 8 Septembre à Saint-Julien et le 9 Septembre à Raismes pour le RaismesFest.

(P) : As-tu des souvenirs de votre dernier passage à Paris (c'était au Trabendo) ?

(F) : A Paris il y avait une très bonne ambiance. C'était une petite salle mais l'atmosphère était très joyeuse. Et puis Paris c'est une ville spéciale, une des plus belles du monde : quand tu arrives en bus dans Paris, ça le fait:). Pour ma part, je connais un petit peu Paris car j'avais un oncle qui y vivait il y a plusieurs années. La France nous est chère mais pour être honnête, c'est un pays qui me semble difficile pour venir y jouer et réellement percer davantage. Ca ne veut pas dire que nous ne sommes pas content du show que nous avons donné, bien au contraire. Mais continuez à soutenir la scène rock et à l'avenir, qui sait si la situation n'évoluera pas en positif ?

(P) : Je te rassure tout de suite : ce n'est pas propre à GOTTHARD. La France est un pays qui compte malgré tout des passionnés, qui s'investissent ...

(F) : Bien sûr, je parle simplement du point de vue des groupes étrangers qui veulent percer en France et de notre sentiment par rapport à cela. C'est un marché un peu plus difficile mais comme je le disais ça peut toujours changer. Et puis je pense que vous pouvez compter sur nous pour revenir :). Nous avons déjà eu une demande de Lyon par exemple.