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Interview
Therion, le 12/12/2006
Par : Powersylv




Chantre du metal symphonique et grandiloquent, THERION confirme néanmoins avec son petit dernier Gothic Kabbalah la direction amorcée par Lemuria/Sirius B : des chœurs moins mis en évidence, l’émergence de chanteurs et de chanteuses et le retrait de son charismatique mentor Christofer Johnsson du poste de chanteur. C’est par un froid soir de décembre que nous attendons impatiemment d’en discuter avec le bras droit du « boss », le sympathique guitariste chauve Kristian Niemann. Coup de fil venu du froid.


Powersylv (P) : Bonjour Kristian. Avant de rentrer dans le cœur du sujet du nouvel album Gothic Kabbalah, j'aimerai revenir sur ce superbe coffret qu'est Celebrators Of Becoming. J'ai eu l'occasion d'en faire l'achat lors du dernier Wacken et en tant que fan du groupe, j'ai vraiment apprécié cet objet. Avec ces DVD et CD, on a là un beau portrait de THERION et de son histoire, avec de vieux clips vidéo, des documentaires et de très bons moments live. Voyez-vous cet objet très consistant comme un résumé de votre carrière de vos débuts à maintenant et en ce sens, considérez-vous qu'il s'agit là de la fin d'un chapitre pour le groupe ?

Kristian (K) : Pas vraiment, du moins je ne vois pas ça comme ça. Ce coffret ne représente pas vraiment un tournant en tant que tel. C’était surtout une façon de dévoiler à nos fans les plus fidèles (et aux autres aussi) pas mal de choses qui étaient restées dans nos archives. Certains nous ont connu avec des albums comme Theli, Vovin ou Deggial et n'avaient aucune idée de ce qu'était le THERION des premières années. Ce coffret permet de voir d'où nous venons depuis les débuts plus death de nos origines jusqu'à aujourd'hui ... d'avoir un aperçu de notre évolution depuis la création du groupe. Cela fait par là même un beau cadeau pour nos fans.

(P) : Venons en à l'album Gothic Kabbalah. Dans ses textes, THERION s'est toujours frotté à des sujets ésotériques, aux mythes des anciennes civilisations, scandinaves et autres. Est-ce que Gothic Kabbalah est un concept album, que signifie ce titre et quelle en est le thème ?

(K) :Oui, c'est un concept album effectivement. Il se rapporte à la "Kabbale gothique" (ndlr : comme son nom l'indique), une théorie plutôt mystique qui a été décrite par un intellectuel du 17ème siècle, Johannes Bureus. Ce personnage s'intéressait aux runes, à la culture nordique, ce genres de choses. Christofer pourrait certainement en parler mieux que moi car c'est lui et son collaborateur Thomas (ndlr : Carlsson, docteur en histoire, ami de Christofer et collaborateur du groupe) qui ont développé le sujet (et donc les textes de l'album) à partir de leurs lectures et de leurs recherches. Toujours est-il que l'album est consacré exclusivement à ce sujet, on peut donc aisément parler de concept, bien entendu. Et ça les a apparemment bien inspiré puisque, comme tu le sais, Gothic Kabbalah est un double album encore une fois.

(P) : Voilà plusieurs mois que Christofer a déclaré officiellement ne plus vouloir chanter. Pourquoi cette décision ? Est-ce le moyen pour lui de se consacrer davantage à l'écriture ou encore à son jeu de guitare ?

(K) :C'est un choix qu'il a fait effectivement car il a senti qu'il était de moins en moins à l'aise avec son chant. Sur la tournée précédente, il a senti qu'il peinait de plus en plus. C'est vrai qu'avec l'âge, il lui est de plus en plus difficile d'utiliser ces vocaux qu'il faisait depuis l'âge de 18/19 ans, ça se comprend. Ca a été le déclencheur. Puis cela aidant, il s'est dit que c'était peut-être aujourd'hui un peu daté de continuer à utiliser ce chant par rapport à ce que THERION est devenu. En gros, on sentait qu'il ne prenait plus plaisir à chanter. Pourtant, j'adore sa voix et je pense (mais c'est personnel) qu'il aurait pu continuer. Mais bon, on ne peut pas être à sa place et nous avons respecté son choix.

(P) : Des albums comme Vovin, Deggial et Secret Of The Runes ont été conçus avec le soucis d'y inclure une part importante de chœurs et de moments symphoniques. Depuis Lemuria et Sirius B (et encore plus ici avec Gothic Kabbalah), vous semblez plutôt mettre en retrait cet aspect et miser sur l'importance de chanteurs et chanteuses "lead" qui tendent à occuper le devant sur les titres. Je pense à Mats Leven qui était déjà avec vous sur la tournée précédente. On le retrouve sur ce nouvel album, ainsi que Snowy Shaw (ex-NOTRE-DAME, DREAM EVIL, MERCYFUL FATE) et la soprano Hannah Holgersson. C'est un changement pour THERION car ces chœurs faisaient partie de votre identité musicale et vous risquez de désorienter bon nombre de vos fans. Qu'en penses-tu ?

(K) : Comme tu le signales, l'aspect symphonique a toujours été important pour nous. Les chœurs, tout ça, ça fait effectivement partie de notre "marque de fabrique", ce qui fait qu'on reconnaît THERION. Les albums que tu cites sont emblématiques. Secrets Of The Runes par exemple est un album très épique et où les chœurs sont en conséquence très présents. Ils sont encore présents sur Lemuria et Sirius B, peut-être de façon moins évidente. Avec ce type d'albums, nous sentions que nous avons porté ce concept de chœurs et de parties symphoniques à son paroxysme, qu'il était difficile d'aller plus loin dans cette direction. Gothic Kabbalah est donc un peu en porte-à-faux par rapport à cette direction car il y a beaucoup moins de chœurs, il sont plus effacés par rapport aux solistes, c'est vrai. Mais c'était aussi le désir du groupe de faire un album avec plus d'impact, plus porté sur les guitares. De changer un peu la formule en fait. D'un autre côté, je comprend avec le recul que les fans puissent être désorientés aux premières écoutes. Mais bon, qui sait, nous pourrions revenir à notre ancienne formule sur le prochain disque, je ne peux pas encore le dire.

(P) : Y aura-t-il une édition limitée avec des bonus, peut-être une vidéo ou autres ?

(K) : Je ne pense pas car nous n'avions pas vraiment écrit de matériel supplémentaire dans cette optique. Il faut dire que nous avons été tellement occupés ! De plus, je ne suis pas tellement versé dans cet aspect des choses mais peut-être y aura-t-il une édition digipack.

(P) : Snowy Shaw est une personnalité dans le monde du heavu metal. Comment l'avez-vous persuadé de se joindre à vous pour cette nouvelle aventure ?

(K) : Snowy est un bon ami de notre batteur Petter. Même s'il est batteur lui aussi à l'origine, il a déjà prouvé dans certains de ses projets qu'il avait un registre vocal assez étendu, de l'extrême aux tons plus mélodiques. Comme Christofer - qui assurait pas mal de vocaux extrême dans notre musique - a décidé de ne plus être au micro, il fallait quelqu'un qui puisse éventuellement le remplacer. Snowy était le personnage idéal. Nous l'avons donc contacté en lui disant : "Snowy, nous aurions besoin de quelqu'un pour la prochaine tournée !". Et il nous a répondu très enthousiaste qu'il était disponible et qu'il acceptait bien volontiers. Ca nous fait plaisir qu'il soit avec nous, c'est un sacré personnage.

(P) : Mats, Snowy et Hannah seront-ils de la partie pour la tournée ?

(K) : Mats et Snowy seront de la partie, mais pas Hannah pour des raisons personnelles. Mais elle sera remplacée par Lori Lewis, une américaine qui chante dans le groupe AESMA DAEVA. Un combo qui a déjà tourné avec nous aux Etats-Unis.

(P) : Vous allez tourner avec GRAVE DIGGER, une sommité du "true" heavy metal allemand. Ce sera donc une affiche bien éclectique et vous allez à la fois jouer devant vos fans mais aussi devant certains accros au heavy metal "pur et dur". Une affiche éclectique ... mais judicieuse finalement ?

(K) : Pour être franc et même si je connais ce groupe de réputation, je ne connais pas bien la musique de GRAVE DIGGER, mais cette tournée me donnera l'occasion de découvrir ce groupe. Pour ce qui est du public, à vrai dire celà ne nous préoccupe pas plus que celà car lorsque nous sommes sur scène, nous jouons quoiqu'il arrive. Nous aimons nous produire sur scène. Bien évidemment, si nous avons la chance de nous faire connaître de fans d'un heavy metal plus traditionnel qui ne nous connaîtraient pas encore, c'est une bonne occasion ;).