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Interview
Beyond Fear, le 09/03/2006
Par : Powersylv
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C’est dans un hôtel parisien que le chanteur nous a donné rendez-vous. Le bougre est un peu malade, coincé au fond de son fauteuil mais ne se départit pas de sa bonhomie et de son sens de l’humour. Révélé comme l’homme providentiel de JUDAS PRIEST voilà déjà 10 ans, il aura été un « intérimaire de choix » et ICED EARTH ne s’est pas trompé en le prennant comme chanteur sur le dernier album du groupe, The Glorious Burden (2003). Désireux de s’accomplir au sein d’un projet dont il serait l’instigateur, Tim est venu nous parler de son bébé, BEYOND FEAR et du premier album, un brûlot de power metal mélodique mais hargneux. A toi Tim !
Powersylv (P) : Salut Tim, tu es donc ici pour nous parler de ton actualité, plus particulièrement de ton nouveau groupe BEYOND FEAR et de son premier album éponyme. Juste avant et si ça ne te dérange pas, j’aimerai revenir quelques années en arrière. Tu t’es fait connaître du public metal en devant chanteur de JUDAS PRIEST au printemps 1996. Puis Rob Halford étant revenu, tu as rejoins les rangs d’ICED EARTH. Peux-tu nous donner ton sentiment sur ces presque 10 ans, car je pense qu’au sein de telles pointures tu as dû apprendre pas mal …
Tim Owens (T) : Oui, quand tu fréquentes des gens qui sont depuis longtemps dans le business, tu prends conscience de pas mal de choses. Avec PRIEST, j’ai appris beaucoup sur le monde de la musique, l’industrie musicale … être vrai et apprécier le contact des fans aussi. Mon expérience dans PRIEST m’a permis d’être là où je suis aujourd’hui, c’est indéniable. Etre le chanteur d’ICED EARTH, c’était aussi un chalenge de chanter les parties que Jon (Schaffer) a écrites, les mélodies. Les deux m’ont aidé à m’ouvrir des portes, c’est sûr, et être dans ICED EARTH me permet aussi de faire quelque chose à côté, BEYOND FEAR en l’occurrence.
(P) : Aucun regret donc de ne plus être dans PRIEST …
(T) : Non, aucun. J’ai vécu des moments extras avec PRIEST, les tournées, les délires. Nous ne sommes aucunement en mauvais terme et la rupture s’était faîte de façon naturelle, car au bout d’un moment, tout le monde voulait que Rob (Halford) revienne au sein du groupe. Aujourd’hui, j’ai la chance avec BEYOND FEAR de pouvoir jouer avec des musiciens qui en veulent, qui habitent pas très loin de chez moi … et du côté ICED EARTH, tout se passe très bien avec Jon avec qui j’entretiens d’excellentes relations. Je me considère aujourd’hui comme quelqu’un de très heureux, de très chanceux donc je n’ai pas de regrets.
(P) : BEYOND FEAR est donc un tout nouveau projet, c’est aussi le nom du premier album. Comment as-tu rencontré les autres musiciens et comment avez-vous bâti ce groupe ?
(T) : Ca a commencé sérieusement il y a quelques années lorsque j’ai rencontré John Comprix (guitare) qui jouait dans un groupe appelé SPAWN et également dans un autre, 13 FACES. J’ai beaucoup apprécié son jeu de guitare et je l’ai contacté pour savoir si ça l’intéressait de jouer sur les quelques chansons que j’avais déjà dans la besace. On est parti comme ça. Puis lorsqu’ICED EARTH avait fini la tournée, on s’est attelé à d’autres compositions et on a produit une première démo. On a alors évoqué la perspective de constituer un véritable groupe (car je ne voulais pas que cela soit perçu comme un effort solo), et c’est ce que nous avons fait. Le batteur Eric Elkins nous a rejoint. Il était dans un groupe local nommé CRYPTKICKER et avait déjà joué avec John. Tout comme Duane Bihary, notre guitariste rythmique. J’ai pour ma part contacté Dennis Hayes, le bassiste qui jouait avec moi dans WINTERS BANE et qui joue actuellement dans SEVEN WITCHES. Une fois réunis et après quelques jams, on a senti que les bonnes vibrations étaient là, et nous avons continué ainsi à répéter et à composer. Et enfin suite à la démo, nous sommes parvenus à signer sur SPV.
(P) : Ce projet de groupe date-t-il de l’époque où tu étais dans JUDAS PRIEST déjà, ou est-ce que c’est plus récent ? Quand as-tu composé les premières chansons et datent-elle de la même période ?
(T) : Les premières chansons datent du temps de PRIEST. Il s’agit de « Save Me » et de « The Faith ». Les autres ont été écrites lorsque j’étais dans ICED EARTH, lorsque j’avais du temps après les concerts.
(P) : Ce nom de BEYOND FEAR a-t-il une signification ?
(T) : Ah, je ne vais pas te surprendre en te disant qu’on m’a posé plusieurs fois la question (rires). On avait une liste de noms (liste suggérée par des fans via le sote de Tim). J’avais remarqué au début BEYOND ALL FEAR qui sonnait très metal et qui collait bien à ce que je voulais et à la musique du groupe. C’était important pour moi. Finalement ça s’est raccourci en BEYOND FEAR.
(P) : Il y a quelques minutes, tu mentionnais l’importance que BEYOND FEAR soit perçu comme un véritable groupe. Est-ce si important que BEYOND FEAR ne soit pas « le projet solo de Tim Owens » ?
(T) : Effectivement, BEYOND FEAR est un « vrai » groupe. J’avais établi cela dès le début. L’autre alternative aurait été de faire un vrai projet solo que j’aurai pu appeler RIPPER par exemple. Mais j’ai abandonné cette idée. Non pas que ça n’avait pas de sens pour moi, mais je pense que c’est plus important d’insister sur le fait que le projet est un travail collectif, non l’œuvre d’une seule personne car les autres ont aussi contribué après tout. Le label est tout-à-fait en phase avec cette idée, et je pense que les fans comprendront aussi la démarche. Je pourrais faire un truc véritablement en solo, mais pour que cela soit crédible il faudrait que je fasse un autre style de musique et je n’en ai pas forcément envie car ce que je fais avec BEYOND FEAR me convient. De plus, ce que je fais avec ICED EARTH est encore différent.
(P) : Etablis-tu une priorité entre BEYOND FEAR et ton activité au sein d’ICED EARTH ?
(T) : Il n’y a pas de priorité à proprement parler, ni de compétition entre les 2 groupes. Tout dépend du planning et des circonstances. En ce moment, ma priorité est BEYOND FEAR : nous sommes en promo, l’album va bientôt sortir, il y aura une tournée cette année. A la fin de l’été, ça sera certainement le retour en studio pour ICED EARTH, car Jon a pas mal composé. A ce moment-là, ICED EARTH redevient la priorité.
(P) : J’ai eu la possibilité d’écouter ce premier album tout récemment. Les chansons de Beyond Fear possèdent des réminiscences des années 80 mais se rapprochent surtout d’un style de power metal plus moderne, avec des réminiscences de ce que tu as pu faire sur Jugulator (JUDAS PRIEST) ou encore Demolition (JUDAS PRIEST) qui était un album plutôt novateur. Il y a même certains passages où l’on retrouve des mélodies qui pourraient être sur un album d’ICED EARTH. Qu’en penses-tu ?
(T) : Je dirais avant tout que ce premier disque sonne original. Quand tu penses à tous les disques, à tous les groupes qui se ressemblent aujourd’hui. J’ai voulu faire une mixture de ce que j’aime, tu vois : BLACK SABBATH, le PRIEST de l’ère British Steel, PANTERA … alors forcément tu as tes références qui ressortent. Certains m’ont dit que ça ressemblait à du PRIEST. Pour moi il n’y a carrément pas « que » ça. J’ai voulu faire un mix de mes influences plus « old school » avec un son et une approche modernes : un son plus brut, plus hardcore, un peu comme le son qu’avait PANTERA. Pas au niveau vocal mais musicalement. Plus que jamais je suis un fan de metal old school mais il faut essayer de vivre avec son temps.
(P) : Tu n’as pas eu l’idée d’inviter Jon (Schaffer) pour poser un petit riff sur l’album ?
(T) : Non, car je ne crois pas qu’il l’aurait fait. Ah Jon ! C’est pas trop son style de musique et donc ça ne l’aurait pas inspiré. Je ne pense pas qu’il pourrait jouer en guest sur un titre d’un autre groupe, à part peut-être sur un album d’IRON MAIDEN (rire). Ou de KISS. Pas que je n’aime pas non plus jouer avec lui bien évidemment, j’aime d’ailleurs énormément son style de jeu rythmique. Il s’est forgé un style à lui, ce n’est pas un petit jeune dans le métier :).
(P) : Au fait, au passage, comment vont ses problèmes de cou ?
(T) : Ca va nettement mieux. Il se remet de son opération. On n’a pas pu tourner en Europe la dernière fois car ça le faisait vraiment souffrir, il avait vraiment besoin de récupérer. Heureusement, là il a repris la guitare.
(P) : Revenons-en à l’album. As-tu écrit toutes les chansons, ou quelques-unes … ?
(T) : J’en ai écrit à peu près la moitié. Les autres ont été composées par John Comprix, des chansons un peu plus travaillées « My Last Words » ou « The Faith ». Celles que j’ai composées tout seul sont les plus heavy du lot. Je voulais ce mélange de titres plus heavy et d’autres plus rentre-dedans.
(P) : Ton travail vocal est encore une fois incroyable …
(T) : Merci, je suis bien content d’entendre ça :). Ca fait plaisir d’autant que j’ai vraiment voulu me mettre complètement dans ce disque. Je n’ai eu que 3 jours et demi pour enregistrer les vocaux.
(P) : Est-ce que tes expériences passées t’ont aidé dans le processus de composition, le travail en studio etc … ?
(T) : A vrai dire, non. JUDAS PRIEST passait beaucoup de temps en studio lorsque j’étais avec eux. Ca a ses avantages mais pour ma part je n’étais pas forcément très chaud. Et en passant autant de temps, tu perds en spontanéité ; on aurait été incapable de reproduire ainsi la puissance de feu et l’énergie d’un British Steel par exemple. Je préfère la façon de composer de Jon (Schaffer) qui est beaucoup plus cool. Lui s’attelle à la composition, il me fournit le matériel après quelques échanges entre nous, je rentre ça dans mon ordinateur via Cubase et j’essaie dans mon coin de chanter de la façon la plus naturelle possible. Chacun a sa façon de bosser, qui n’est ni la moins bonne, ni la meilleure. Pour BEYOND FEAR, j’ai essayé de travailler de la façon la plus spontanée possible.
(P) : Une tournée est-elle déjà prévue ? Des festivals d’été peut-être …
(T) : On a une tournée de prévue avec ANTHRAX, le Rock Hard Festival à Gelsenkirchen en Allemagne …
(P) : Ah oui, j’avais assisté à la première édition en 2003. Le cadre est superbe : la scène est en bas d’un genre d’amphithéatre et derrière la scène il y a une rivière.
(T) : Cool !
(P) : Et … à Paris … ?
(T) : Il n’y a pas encore de date de prévue.
(P) : Peut-être qu’on pourrait voir BEYOND FEAR en première partie d’ICED EARTH :)
(T) : Waouh putain tu vas me faire mourir (rire) ! Je pense pas là … :) Ou alors BEYOND FEAR, DEMONS & WIZARDS et ICED EARTH :) Ca pourrait être pas mal.
(P) : A propos de concerts et d’ICED EARTH et pour des raisons évoquées il y a quelques minutes, ICED EARTH n’a pas pu tourner en Europe et donc en France pour la tournée Glorious Burden. Vous vous faites désirer.
(T) : Oui à l’époque on n’avait joué qu’à 2 festivals en 2004 effectivement. C’était un peu triste car Jon surtout aime l’Europe. ICED EARTH y a toujours été fort bien accueuilli et depuis longtemps. Mais la prochaine fois, nous commencerons par l’Europe.
(P) : Le concert d’ICED EARTH à l’Elysée-Montmartre en 2002 reste un superbe souvenir pour bon nombre de metalheads ici. Je ne sais pas si Jon t’en a parlé (ndlr : à l’époque, c’était l’immense Matt Barlow qui était chanteur d’ICED EARTH) … le public qui a repris 3 fois le refrain de « Watching Over Me », tout ça …
(T) : Oui, il m’en a déjà parlé, ça l’avait bluffé à l’époque.
(P) : Sur ce, je vais te laisser. A bientôt en concert et en attendant, prend soin de ta santé ;).
(T) : Pas de problème. Merci pour ton soutien !
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