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Interview
Evergrey, le 08/03/2006
Par : Powersylv




Il fait froid en ce mois de mars 2006. C’est dans un grand (et chaud) hôtel du centre de Paris que les EVERGREY nous ont donné rendez-vous pour nous parler un peu de l’actualité du groupe et surtout de leur prochain album en date prévu pour fin Mars, Monday Morning Apocalypse. L’Apocalypse est-il pour demain ? Ma foi, personne n’en sait rien mais ce nouvel opus est une belle petite bombe qui a de jolis airs de … Recreation Day, après un The Inner Circle peut-être un peu trop touffu. A l’arrivée, c’est un Tom Englund (chant) tout calme qui me salue, mais ce n’est pas lui qui est prévu au programme. C’est son compère Henrik, le guitariste tatoué qui se prêtera au jeu de nos questions. Go !


Powersylv (P) : Bonjour Henrik. J’espère que ça va bien, merci en tous cas de nous recevoir. Nous allons évoquer votre actualité, notamment votre nouvel album Monday Morning Apocalypse qui devrait sortir à la fin du mois. Cependant, avant d’aborder ce sujet, j’aimerai revenir sur ces dernières années placées sous le signe de l’album The Inner Circle. Que penses-tu aujourd’hui de ce disque, avec le recul ?

Henrik (H) : J'ai un très bon regard sur cette période. Nous avons investi beaucoup de temps pour cet album, peut-être un peu trop. C'est un très bon disque qui représente bien ce qu'était EVERGREY à l'époque. On a des regards différents suivant le moment où on écoute un disque, l'appréciation n'est forcément pas la même aujourd'hui qu'au moment de sa sortie. Son défaut est qu'il est peut-être un peu moins ... dynamique que les autres. Il y a pas mal de chansons plus lentes.

P : Il est aussi peut-être un peu plus complexe que les autres. J'ai connu le groupe avec In Search Of Truth mais j'ai surtout accroché avec Recreation Day qui était à mon sens plus facile d'approche. Alors que The Inner Circle me semblait moins assimilable ...

H : Je vois ce que tu veux dire. Mais la caractéristique de The Inner Circle c'est qu'il y a pas mal de chansons mid-tempo. Mais bon, au risque de me répéter un peu, je pense vraiment que cet album était ce qu'on pouvait faire de mieux à ce moment-là, et nous en sommes toujours assez fiers d'ailleurs.

P : EVERGREY a toujours eu des titres très mystérieux pour ses albums. Que signifie Monday Morning Apocalypse ? Ce titre a-t-il une signifiaction particulière, avec la pochette par exemple (ndlr : on y voit des photos des membres du groupe derrière des barreaux de prison) ?

H : Oui, tu peux voir ça comme ça effectivement. Je vois plutôt les choses de la façon suivante : Monday Morning Apocalypse, c'est le matin quand tu te réveilles et que tu ne te sens pas bien, que tu es malade ou blessé ... mais tout le monde peut avoir des "lundis matins apocalyptiques" pour des raisons qui lui sont propres ...

P : Je me disais d'une façon assez basiques : "Ouh là, les mecs d'EVERGREY doivent avoir du mal à se lever pour aller bosser le lundi matin ..." (rires)

H : Oui on peut penser ça, effectivement. Mais c'est une image que chacun peut s'approprier finalement. Un "lundi matin apocalyptique" peut l’être pour quelqu’un mais pas pour un autre.

P : Vous préférez laisser les fans imaginer finalement …

H : Oui tout-à-fait.

P : Je parlais de la pochette. C’est la première fois que vous apparaissez sur l’une d’entre elles. D’où vient cette idée de photos de prisonniers ? Qui s’en est occupé ?

H : C’est une idée du groupe. On voulait proposer quelque chose de différent des autres albums. Une telle pochette fait toujours un peu réagir les gens, ce qui est une bonne chose. Il y a énormément d’albums qui sortent sur le marché, pas seulement dans le strict milieu du metal, et il est donc important d’avoir un artwork qui fasse ressortir le disque. Même des gens qui ne connaissent pas le groupe peuvent au moins ainsi l’identifier. On ne va pas se voiler la face, il est clair qu’on vit de notre musique et qu’on cherche à vendre le plus d’albums possible, le soin apporté à la pochette et son impact entrent donc en compte dans cette idée. Sinon celui qui a pris les photos est un photographe professionnel, même si d’habitude il est spécialisé dans les photos plus … hot (sourire). Il a pris énormément de photos de Victoria Silvstedt par exemple, et d’autres. Il a même un magazine …

P : Eh bien, je vois que vous avez de bonnes relations (rire) …

H : Yep (rire). Après, les fioritures sur la pochettes qui relient les photos ont été réalisées par le même gars qui a fait nos dernières pochettes d’album.

P : D’un point de vue musical maintenant, ce nouvel album est beaucoup plus direct que les précédents, surtout quand on le compare à The Inner Circle. On se souvient plus facilement des chansons, des mélodies, des riffs. Qu’en penses-tu et si tu es d’accord, est-ce que c’était un but pour le groupe de composer des chansons plus « assimilables » ?

H : Sur ce point, je ne pense pas qu’on puisse dire cela, car nous ne nous asseyons jamais pour nous dire : « Bon, on se concentre pour écrire un truc de tel genre ». On ne peut pas se forcer ainsi pour écrire de la musique, du moins ce n’est pas notre façon de voir les choses au sein d’EVERGREY. Nous avons composé ces chansons comme toutes les autres par le passé, tu vois, avec des riffs qui nous viennent spontanément comme ça, sans prévenir. Néanmoins, inconsciemment, nous savions que nous ne voulions pas refaire un Inner Circle « bis ». Il y a déjà un Inner Circle, pourquoi refaire la même chose ? Monday Morning Apocalypse reflète notre état d’esprit actuel qui est différent de celui d’il y a 2 ans. Beaucoup de choses se passent en 2 ans, les gens évoluent. En même temps, nous avons toujours notre marque de fabrique. Ce n’est pas de la pop, ce n’est pas du death metal, c’est du EVERGREY.

P : Justement et c’est cela qui est excellent, c’est que vous arrivez à proposer des chansons différentes, accrocheuses tout en gardant toujours cette empreinte EVERGREY. Ce mélange de puissance heavy, de mélodies, parfois teintes de mélancolies ou d’atmosphères plus sombres …

H : Oui, je pense qu’aux premières mesures d’une chanson, on reconnaît d’emblée notre style. Et même si ça ne se fait pas tout de suite, Tom a un registre tellement particulier qu’on est forcé de nous identifier. Nous nous plaisons effectivement à penser que notre style musical est unique, que nous ne sonnons comme aucun autre groupe. Je pense que nous sommes d’ailleurs à un stade où nous pouvons légèrement assimiler d’autres influences sans pour autant perdre notre identité.

P : Tu parlais de la voix de Tom, c’est vrai qu’elle est particulière et pour moi tient une grande part dans l’attrait que je trouve dans vos chansons, quel que soit l’album. Des opus comme In Search Of Truth puis Recreation Day vous ont apporté une plus grande reconnaissance au niveau de la scène metal. Penses-tu que le fait d’avoir réalisé avec Monday Morning Apocalypse un album plus direct puisse vous faire permettre de toucher d’autres fans ?

H : Oui, j’espère bien …

P : Du coup, Monday Morning Apocalypse représente encore un pas de plus dans votre carrière à vos yeux.

H : Nous ne souhaitons pas évoluer dans un milieu cloisonné, quel qu’il soit. Bien évidemment, nous appartenons à la scène metal et les fans de metal sont très importants pour nous. Tous nos vieux fans, nous ne voulons en aucun cas nous les mettre à dos, mais d’un autre côté nous essayons aussi de toucher des fans plus jeunes et qui ont peut-être des goûts un peu différents. Et même les grands-mères (rire). Tu vois, j’ai chez moi des CD de HATE ETERNAL et juste à côté des CD de Sting. Mais toujours de la bonne musique. Je pense qu’on écrit nous aussi de la bonne musique. Un fan de pop qui aime EVERGREY est à mes yeux aussi important qu’un « die-hard » fan du groupe.

P : Peux-tu nous dire comment vous composez en général au sein du groupe ? Tu es le compositeur principal, non ?

H : C’est Tom qui vient avec les idées principales. Moi en général j’interviens juste après lui. Puis notre batteur Jonas a aussi son mot à dire, et enfin Rikard (claviers). On se base sur les riffs qu’on trouve et qui nous inspirent, on discute pas mal, on échange. Au final on ne peut pas vraiment dire qu’une personne a travaillé précisément sur une chanson en particulier. Ca a pas mal changé depuis Recreation Day qui est un album qui a été composé entièrement par Tom et moi.

P : Vos textes évoquent souvent des sujets graves et sérieux. De quoi traite ce dernier album ? Y a-t-il un concept, un lien entre les titres ? Quelles en sont les idées fortes ?

H : Sur ce dernier disque, 3 titres ont un lien entre eux : « Monday Morning Apocalypse », « Obedience » et « Still On The Water ». Ca parle d’un gars qui a été maltraité dans son enfance, à l’école essentiellement. Il a tellement été marqué par tout cela qu’il décide de kidnapper les enfants de ses anciens « camarades » de classe afin de leur faire subir des trucs horribles. Sinon, il y a toujours ces thèmes plutôt sombres et sérieux chers à EVERGREY : la solitude, le désespoir, le vide, l’abandon …

P : Oui, c’est ce que je voulais dire quand je faisais allusion à des sujets sérieux ou tristes. Sinon, y a-t-il un single de prévu ?

H : Oui, il s’agit tout bonnement du titre « Monday Morning Apocalypse ». Il est juste sorti hier (ndlr : le 07/03/2006). On peut le commander via notre site internet. On peut y trouver outre la chanson une version live de « Rulers Of The Mind » (ndlr : à l’origine sur In Search Of Truth). A ce sujet, il y a un video clip pour la chanson « Monday Morning Apocalypse ». C’est un clip assez différent de ce que nous avons pu faire, très très sombre. Il n’y a pas vraiment d’histoire comme il a pu y en avoir sur celle de « A Touch Of Blessing » par exemple. Mais elle est très cool.

P : J’ai lu que vous aviez travaillé cette fois avec de grands professionnels, Sanken Sandquist et Stefan Glauman, des personnes qui ont travaillé avec des artistes aussi divers que RAMMSTEIN, DEF LEPPARD ou BON JOVI. Pourquoi avoir fait intervenir des gens extérieurs au groupe pour la production ? Car pour les disques précédents vous controliez un peu tous les aspects du disque je crois … ?

H : En fait, lorsque nous nous rencontrions entre nous, on parlait pas mal des trucs qu’on écoutait et des choses qu’on trouvait excellentes. Le son des claviers sur le dernier PARADISE LOST par exemple, ou encore le son des albums de RAMMSTEIN. Ce sont des références pour nous. Et nous étions d’accord sur le fait d’essayer un tel son sur nos compos. En même temps, travailler avec un professionnel comme Stefan Glauman par exemple nous permettait de nous délester de certaines tâches comme la logistique, les ordinateurs et tout ça, tout en sachant qu’un personne compétente et dont nous apprécions le travail s’en occupait. Quand tu es musicien et que tu as encore en tête ce genre de choses (qui ne font pas à proprement parler partie de notre vrai métier), ça t’occupe une partie de la tête et ça joue sur ta créativité. Du coup, cette expérience a été très bénéfique pour nous … et pour le rendu de l’album. C’était très enrichissant.

P : Ok. Venons-en un peu aux concerts que vous comptez donner, avec à la clef je suppose des participations à certains festivals d’été. J’ai vu notamment que vous êtes prévus au Graspop à Dessel (Belgique), et c’est cool car j’y serai ;p. Vu l’affiche, je me suis dit que je ne pouvais pas louper ça …

H : Effectivement, c’est un bon festival. Tu dois y aller, obligé (rire). On va jouer aussi au Sweden Rock, c’est super aussi car on est à domicile et c’est un très gros événement. Au final je pense qu’on doit avoir à peu près 17 shows de prévus cet été. Mais auparavant on doit aller jouer aux Etats-Unis avec IN FLAMES pour un bon mois. Ca aussi ça risque d’être sympa.

P : Tourner avec IN FLAMES, ça peut aussi vous donner l’occasion de rencontrer un autre public …

H : Oui, c’est sûr. Y a pas mal de gens qui ne connaissent d’EVERGREY que de nom encore. Tourner avec IN FLAMES peut nous donner l’opportunité d’élargir notre audience, bien sûr. Il y aura toujours notre fan-base. Peut-être que des fans d’IN FLAMES vont nous apprécier, ou même des fans d’EVERGREY qui vont venir nous voir vont ramener des amis à eux qui sont plutôt fans d’IN FLAMES également. Trouver de nouveaux fans ne veut pas dire non plus que nous ne prennons pas soin de nos fans irréductibles, loin de là.

P : Une date à PARIS, peut-être.

H : C’est en cours de discussion actuellement. Ne vous inquiétez pas, dès qu’il y aura quelque chose de concret, vous serez au courant. Nous aimons venir en France, nous avons connu des moments vraiment sympas ici et bien sûr, je pense que nous reviendrons. La dernière fois c’était à l’Elysée-Montmartre, nous avions été à la Locomotive également le même jour pour quelque chose d’un peu différent (ndlr : Henrik fait allusion au concert avec James LaBrie, qui a été suivi de la soirée « Trophées Hard Rock 2005 », c’était le 1er Mai 2005 …). Non, franchement nous aimons bien venir ici. Il y a un bon esprit, les gens sont sympas, les gars s’occupent bien de nous …

P : Donc vous aimez bien la France :) ?

H : Oui, on aime bien venir chez vous.

P : C’était pour ça le clin d’œil avec les extraits live enregistrés chez nous sur l’édition limitée de The Inner Circle ?

H : Oui, nous avions effectivement repris ces titres pour les bonus car nous avions l’impression de montrer à ce moment-là une autre facette d’EVERGREY que les gens ne connaissaient pas forcément. Quand tu joues en acoustique, les vibrations sont différentes. Ce fut une bonne expérience et une bonne soirée. C’était en … 2003 je crois, sur la tournée Recreation Day.