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Interview
Beyond Twilight, le 02/05/2005
Par : Powersylv




Après la sortie d’un album remarqué en 2001 où s’illustrait au micro le chanteur prodige Jorn Lande, BEYOND TWILIGHT s’est retrouvé du jour au lendemain sans frontman. 4 ans se sont écoulés : c’est un groupe revigoré à la fois par l’arrivée d’un nouvel et excellent chanteur mais aussi par le sacerdoce que voue son blond leader Finn Zieler à la musique qui nous envoie dans les bacs un Section X de haute volée. Le prog metal si spécifique du combo s’est durci et assombri, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Finn Zieler est un personnage sympathique et amical, même si sa façon de composer est pour le moins … surprenante, comme vous allez le constater par vous-même. Rencontre avec un talentueux alchimiste du heavy metal.


Powersylv (P) : Après votre premier disque Devil’s Hall Of Fame (2001), BEYOND TWILIGHT vient de sortir son deuxième album Section X. Cependant, il semble que le groupe existe depuis un peu plus de 10 ans. Peux-tu nous décrire la genèse du groupe et son histoire ?

Finn Zieler (F) : Tout a commencé exactement en 1993. Je voulais monter un groupe metal au Danemark. Hors la scène heavy metal danoise était assez restreinte, ça ne bougeait pas beaucoup et il était difficile de trouver des partenaires motivés. J’ai alors traversé la mer pour me rendre en Suède où, vu la dimension du heavy metal là-bas, je pensais avoir de meilleures opportunités. Beaucoup de choses se passaient dans ce pays et j’ai réussi à former mon premier groupe, TWILIGHT. Nous avons réalisé un album sorti à environ 25000 exemplaires, Eye For An Eye qui nous avait permis à l’époque de tourner en Scandinavie. Cependant, désirant emprunter une nouvelle direction musicale et insuffler un nouvel élan, j’ai rebaptisé le groupe BEYOND TWILIGHT quelques années plus tard. Nous avons travaillé pour sortir notre premier album Devil’s Hall Of Fame (2001). Et nous voici 4 ans plus tard avec notre nouvel album Section X.

P : Jorn Lande était votre précédent chanteur à l’époque du premier album. Quelles furent les raisons de votre séparation et êtes-vous toujours en contact ?

F : Il n’y a pas de problème entre Jorn et nous. Je l’ai d’ailleurs encore croisé hier. La séparation s’est faîte très naturellement à l’époque, nous ne l’avons pas viré, il n’est pas parti en claquant la porte. Au fond de moi, j’ai toujours voulu que BEYOND TWILIGHT soit un vrai groupe, avec des musiciens qui s’impliquent dans le processus de création. Jorn le savait. A l’époque, il était impliqué dans pas mal de projets : ARK, YNGWIE MALMSTEEN, son projet solo. Et MASTERPLAN allait se mettre en place quelques mois plus tard. Il était un peu timoré quant à sa place avec nous, et il a eu le mérite de nous en parler. La séparation s’était donc faite à l’amiable. Finalement, c’était la meilleure solution pour les 2 parties et c’est bien comme ça. Et ça ne remet pas en cause son travail sur Devil’s Hall Of Fame qui était excellent.

P : Votre nouveau chanteur Kelly Carpenter n’a pourtant pas à rougir et a fait un excellent boulot sur Section X. Il a une voix puissante et parvient à retranscrire les émotions et atmosphères de votre musique, par exemple sur un titre comme « Sleeping Beauty ». D’où vient-il et comment est-il entré dans le groupe ?

F : Kelly est américain. Je cherchais un chanteur dans ce style. Nous avions pensé à Russel Allen dans un premier temps qui est LE chanteur taillé pour notre style musical. Or, il a été très franc avec nous et nous a gentiment expliqué que sa priorité était le nouvel album de SYMPHONY X qui est en préparation, ainsi que son projet solo. Il aurait bien voulu malgré tout. Nous l’avons de notre côté très bien compris d’autant que nous ne voulions pas retomber dans la même problématique que nous avions du temps de Jorn. Nous étions partis pour travailler avec Mike Dimeo de RIOT qui est un excellent chanteur et qui était prêt à s’impliquer avec nous. A côté de ça, j’ai reçu environ 280 cassettes, cd et enregistrements de chanteurs des 4 coins du monde. Amateurs, semi-professionnels, rock-stars. Quelques semaines plus tard, je suis allé voir le groupe OUTWORLD dont le chanteur n’était autre que Kelly. Je me suis dit qu’avec un chanteur comme ça, on pourrait faire un truc assez puissant. On s’est contacté et il a avoué être fan de notre musique. Nous l’avons donc choisi, tout en nous décommandant auprès de Mike Dimeo. Tout s’en ensuite passé très vite car nous avions moins de 2 semaines pour nous attaquer à l’enregistrement de Section X.

P : Kelly est-il à ce jour membre permanent de BEYOND TWILIGHT ?

F : Oui, je peux t’assurer qu’il l’est.

P : Comme tu nous le disais il y a quelques minutes, Devil’s Hall Of Fame est sorti en 2001. Ca fait 4 ans entre les 2 disques ...

F : Oui. A vrai dire, j’ai eu un accident de voiture ; j’ai été blessé sur tout le côté droit et même mes doigts en ont pâti. Bien évidemment il y a eu un temps de convalescence, la re-éducation … tout cela a pris un an. Nous avons ensuite cherché le nouveau chanteur ce qui a pris un certain temps. Enfin, il a fallu composer et écrire le nouvel album. Malgré tout, en 4 ans nous n’avons pas perdu notre temps. Je comprend néanmoins que ceux qui attendaient ce deuxième album ont trouvé le temps long :).

P : Comment avez-vous procédé pour composer Section X ? Toi qui est le principal compositeur, amènes-tu les trames instrumentales à partir de ton travail aux claviers et imposes-tu tes directives aux autres ? Ou alors montres-tu tout simplement la voie en laissant ensuite un certain degré de liberté afin que les autres apportent leurs idées pour en discuter ?

F : C’est moi qui génère les idées et les arrangements à la base. Pour cela, il est important de m’isoler et de me retrouver dans des circonstances particulières. Là, je suis resté enfermé plusieurs semaines dans mon grenier, dans l’obscurité. Ca me permet de me concentrer, de ne pas être perturbé par les évènements extérieurs. C’est là que m’est venu l’idée de la trame de l’album, des idées sur l’artwork etc … les choses ont commencé à prendre forme. Pour moi, la musique est une passion profonde, je ne peux me passer de ce travail de composition. Cette passion m’oblige à prendre sur moi et à tenter diverses expériences. Par exemple, je suis également parti pour Londres où j’ai vécu plusieurs jours dans la rue, sans rien d’autre, allant et venant. Une rue la nuit est un environnement assez inquiétant et stressant, propice pour ressentir des sentiments. Ceux-ci sont palpables dans la musique de l’album. Dans une autre phase, je me suis immergé dans un lac pendant plusieurs heures pour écrire (!!). J’ai même fait ça de nuit, avec un casque surmonté d’une lampe et un dispositif qui m’a permis d’écrire. Tu voies les images de l’eau sombre, la lune qui se reflète. De plus, tu es moins en sécurité dans ces conditions, car autant un humain a le contrôle sur la terre ferme, autant le milieu aquatique est inhabituel. Le problème à un moment, c’est que j’ai fait ça au début du printemps en scandinavie. Et j’ai bien failli le regretter, je suis sorti tout bleu. Après tout cela, je reviens voir les gars et je leur montre tout ce que j’ai écrit et composé. A eux ensuite de me proposer leurs idées pour faire avancer les morceaux. C’est important pour moi que BEYOND TWILIGHT soit perçu comme un vrai groupe, que chaque individualité puisse s’exprimer naturellement. Ainsi, chacun contribue au résultat final de l’album, même si la trame de base vient de moi.

P : Mis à part Kelly le dernier arrivé, toi et les autres membres vous connaissez depuis longtemps ?

F : Oui, depuis 1996 nous sommes ensemble. Ca se passe bien, on est des vieux potes en somme :)

P : Tu as toujours composé dans des conditions aussi extrêmes, même pour le premier album ?

F : Pour Devil’s Hall Of Fame, je suis allé m’isoler dans le Sahara, seul. Je suis allé dans l’Atlas aussi. Je me suis abrité dans de sombres cavernes. Parfois tu te perds, tu tombes dans des crevasses ou des trucs comme ça. C’était là aussi une expérience intéressante, avec ses dangers et ses incertitudes.

P : Pour le prochain disque, on peut donc s’attendre à te retrouver en pleine forêt amazonienne :) ?

F : (rires) Pourquoi pas ? En fait, je ne sais pas, je ne peux pas prévoir là comme ça :)

P : Tu es compositeur et claviériste dans un groupe de heavy metal progressif. Quelle est selon toi l’importance des claviers dans ce style et l’espace qu’ils doivent occuper, par exemple par rapport aux guitares ? N’es-tu pas tenté de privilégier ton instrument ?

F : Quand tu es dans un groupe comme le notre où se côtoient des musiciens professionnels, tu dois faire passer la qualité de la musique avant ton ego. Pour moi, c’est assez facile. Tu sais pourquoi ? Parce qu’en réalité (et ça va te surprendre) je ne suis pas fan de claviers. Je vais même te dire que je déteste cet instrument dans le metal, sauf s’il est bien exploité. En gros, je déteste quand les claviers ramollissent le metal. Dans la rock music, j’aime pourtant des trucs comme Tori Amos ou Bjork. Dans le metal prog, j’aime DREAM THEATER, SYMPHONY X, PAIN OF SALVATION parce qu’ils font des choses intéressantes mais en général je n’aime pas les claviers. En ce qui concerne Section X, il est très orienté guitares, et il sonne sombre et agressif dans son ensemble. D’ailleurs nous avons maintenant 2 guitaristes puisque Jacob Hansen nous a rejoint. Il vient d’ailleurs d’un milieu musical plus extrême car c’est le leader d’INVOCATOR, un combo de death/thrash … tu devrais écouter si tu aimes des trucs barrées genre MESHUGGAH. Ce qui fait qu’avec lui, Section X est beaucoup plus complexe, sombre et percutant que ne l’était Devil’s Hall Of Fame qui était un album plus mid-tempo, avec davantage de claviers et d’espace pour le chant.

P : Section X a l’allure d’un concept album, je me trompe ? Si c’est le cas, quelle en est la trame, l’histoire ? Et les idées fortes développées dans ce disque ?

F : C’est effectivement un concept album, il est très complexe et aussi très virtuel. En réalité, son approche est tridimensionnelle : on peut juste apprécier ce concept comme une simple histoire. Mais si on va plus loin dans les textes, on peut trouver d’autres significations plus fines et qui peuvent se rapprocher du monde dans lequel on vit ou alors de son histoire personnelle. L’histoire, c’est celle d’un homme très sage, un génie, qui fabrique des clones de lui-même et qui manipule les cerveaux : il sait ainsi utiliser les rêves et les contrôler par exemple. La première chose qu’il fait après avoir assuré son contrôle sur les clones en les droguant, c’est qu’il reconstitue le cerveau d’Einstein et il le transfère dans le cerveau des clones. Puis il transfère les cerveaux des clones vers une machine dans son laboratoire et grâce à tout ça, il parvient à devenir un génie dans tous les domaines : le meilleur sportif, le meilleur musicien, le meilleur politicien etc … Mais il se rend vite compte qu’à côté de tous ces avantages, il y a un côté sombre qui progresse en lui simultanément. Et il commence à trouver le mal intéressant, celui-ci le reléguant à une vie dans un monde sombre. Il arrive aussi à prendre possession du corps des gens et à évoluer à travers eux. A la fin, il connaît tout de la vie mais est effrayé par le pouvoir des clones qu’il a créé et qui lui confèrent toute cette sagesse et cette énergie. Cet épilogue est tragique car il tue les clones, mais du coup il réalise qu’il est en train de se détruire lui-même … ah oui, je te l’avais dit c’est très complexe :)

P : Votre musique puissante, mélodique et aventureuse est qualifiée de heavy metal progressif. Est-ce que tu penses que cette appellation est justifiée et vous sentez-vous proches musicalement de groupes comme SYMPHONY X, AYREON ou encore DREAM THEATER ?

F : A dire vrai, je ne saurais même pas comment appeler notre musique. Notre management la décrit comme du « cinematic metal ». Je penses qu’ils sous-entendent qu’on peut imaginer un film et des images en écoutant un de nos albums et en s’en imprégnant. Alors effectivement nous possédons des éléments progressifs, mais également des parties assimilables à ce qu’on trouve dans les opéras-rocks, ou encore des parties plus extrêmes. Je comprend qu’on puisse avoir du mal à nous cataloguer du coup.

P : Quelles sont tes influences en tant que musiciens, et éventuellement celles d’autres musiciens du groupe ?

F : Influences … disons que mon inspiration et mon imagination sont mes principales influences. Je veux essayer tant que faire ce peu de ne pas coller à de quelconques clichés. Il y a tellement de clones dans le metal. Pourtant, il n’y a qu’un seul DREAM THEATER, un seul SYMPHONY X. Pourquoi vouloir reproduire quelque chose que d’autres ont déjà fait avant nous et de façon remarquable ? Ce qui nous motive, c’est essayer à travers notre musique d’apporter des émotions à l’auditeur et développer mon travail de compositeur, c’est ça le plus important.

P : Comment êtes-vous entrés en contact avec Replica Records et Olivier Garnier pour la distribution française de Section X ?

F : C’est notre manager qui nous a parlé de Replica. Pour avoir ensuite rencontré Olivier Garnier et son équipe, je l’ai suivi et je ne l’ai pas regretté car Replica est un label très professionnel et il se bouge pas mal pour nous. Avant cela, la distribution de nos albums en France était pas terrible. Nous pensons qu’avec eux nous aurons un plus grand impact chez vous, certainement.