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Interview
Grave Digger, le 29/11/2004
Par : Powersylv & David




Groupe vétéran de la scène allemande et auteur de brûlots mémorables (Heart Of Darkness, Tunes Of War, Excalibur, The Grave Digger …), GRAVE DIGGER fêtera en 2005 ses 25 ans d’existance. Loin d’avoir dit son dernier mot, le Fossoyeur du heavy metal revient nous hanter avec un nouvel album, The Last Supper prévu pour Janvier 2005. C’est un Chris Boltendhal souriant, décontracté mais déterminé que nous avons rencontré lors de sa venue sur Paris pour promouvoir ce dernier bébé et nous parler de ces années fastes dévoués à la cause de notre musique préférée.


Powersylv (P) : Bonjour Chris et merci de nous accorder cet entretien. Avant d’aborder les questions plus spécifiques au nouvel album et au groupe en général, revenons à l’épisode Rheingold. Es-tu satisfait de cet album à l’heure d’aujourd’hui et que vous a-t-il apporté ?

Chris (C) : Oui, nous en sommes très fier. Rheingold est un album qui nous a ouvert beaucoup de portes dans le monde. Nous avons joué dans des pays où nous n’étions jamais allés auparavant. En Slovénie par exemple. Nous sommes aussi revenus au Brésil après de longues années d'absence. En Russie aussi, on marche très bien là-bas.

P : Quels sont les pays justement où GRAVE DIGGER a le plus de succès ?

C : En Allemagne, en Grèce, en Italie, en Espagne. Peut-être en France aussi prochainement (rires). On y travaille en tout cas.

P : Vous avez joué cet été au Wacken Festival, une célébration métallique que vous connaissez bien chez vous et à laquelle vous avez participé plusieurs fois. Comment s’est passé le concert ? Et peux-tu nous dire comment s’est déroulé la tournée Rheingold qui n’est malheureusement pas passé par la France ?

C : Le Wacken est toujours un moment très spécial pour GRAVE DIGGER. Il y a tellement de monde et beaucoup de fans très excités à chaque fois. Cette année, il faisait vraiment très chaud sur la scène. Et la tournée s'est très bien passée. La dernière date de cette tournée a eu lieu en Allemagne il y a 2 semaines. Et la semaine prochaine, on attaque le 1er concert de la tournée The Last Supper, pour la TV allemande. La vraie tournée commencera en février 2005.

P : Venons-en justement à The Last Supper... ? Quand avez-vous commencé à travailler dessus ? J’ai eu l’occasion de l’écouter un peu et j'ai l'impression qu'il y a plus de mid-tempos sur ce disque.

C : Oui, on a fait tellement de titres speed dans le passé que bon, on a voulu varier un peu là-dessus. On a commencé à bosser sur l’album en avril 2004. Après Rheingold, on a essayé de faire un autre concept album. Mais nos idées n'étaient pas très bonnes (rires). On avait pensé aux guerres de religion, à la Révolution Française aussi. Mais finalement, on n’arrivait pas à finaliser ces projets et on s'est dit qu'il valait mieux se lancer dans un album classique de heavy metal, et pas dans un autre concept.

P : On te sais passionné par l’histoire. Y aura-t-il éventuellement un concept-album à l’avenir avec des tels sujets ?

C : Oui, je pense qu'on fera un autre concept plus tard. Mais pour ce disque, ce n'était pas vraiment le bon moment pour se lancer là-dedans. Nous n'avions ni l'énergie, ni l'inspiration pour en réaliser un. Nous sommes revenus vers les véritables racines de GRAVE DIGGER, avec des albums comme Heavy Metal Breakdown et Witch Hunter. On s'est juste contenté de donner notre opinion à propos du monde actuel, et non à propos d'événements historiques.

P : A propos de vos différents albums studios (car là, c’est déjà le douzième !), quels sont selon toi ceux qui ont le mieux marché ?

C : Je pense que c'est Tunes Of War et Heavy Metal Breakdown.

P : On m’a donné une version promo de l’album, la sortie de celui-ci étant programmée pour le 17 Janvier 2005. Je n’ai donc pu lire les lyrics mais je me suis laissé dire et tu l’as confirmé, contrairement à ce qu’on pourrait penser avec le titre du disque et sa pochette, que ce n’est pas un concept-album sur la Passion du Christ …

C : Il y a seulement 3 chansons qui évoquent les derniers jours du Christ : « The Last Supper », « Crucified » et « Divided Cross ». Ce sont les jours entre The Last Supper (le dernier repas du Christ) et sa mort.
On aborde d'autres sujets également. « Hundred Days » traite du génocide au Rwanda, qui avait eu lieu en 1994 en Afrique. « Black Widows » parle du terrorisme sur les femmes en Tchétchénie. « Hell To Pay » est une histoire rigolote à propos d'un gars qui se retrouve en enfer. Il veut rester en enfer, mais il doit payer pour y rester. Il y a beaucoup de belles nanas en enfer, donc c'est pour ça qu'il veut y rester (rires). « Soul Savior » est une chanson à propos de la Scientologie et des gens qui se laissent facilement endoctriner par cette "église". Bref, les chansons de ce disque ne sont que le reflet de notre opinion sur le monde actuel.

P : Pour ce disque, il parait qu’il résulte d’un véritable travail collectif ?

C : Nous avons travaillé à 4, avec Hanz Peter Katzenburg (claviériste), Jens Becker (bassiste), Manni Schmidt (guitariste) et moi. Chacun a apporté ses idées, elles ont toutes été prises en compte. Nous avons d'abord composé les musiques, avant de nous pencher sur les paroles.

P : Ce n'était pas le cas sur Rheingold ou The Grave Digger ??

C : Si, en réalité depuis l'album The Grave Digger, chaque album a été un véritable travail d'équipe, seulement nous avons eu pas mal d'argent pour obtenir plus d'espace en studio cette fois-ci. Il y a eu 2 semaines de studio rien que pour les guitares. Je suis resté seul pendant une semaine avec Manni dans le studio, c'était assez stressant de toujours l'entendre jouer ses gammes (rires). Il restait environ 18 heures par jours en studio ! Et le travail qu'il a fourni à la guitare est fabuleux, il a réussi à s'imprégner de l'esprit des premiers albums de GRAVE DIGGER.

P : L’aspect religieux de ce dernier album, ce thème de la Passion du Christ, voulais-tu entamer la même démarche à ton niveau qu’un Mel Gibson avec son film ?

C : Non non, pas du tout. Je déteste les films historiques, ils sont trop brutaux je pense. Celui-là en particulier.

P : Quel est ton sentiment à propos de la religion aujourd’hui et de toutes ses dérives : fanatisme, intégrisme ?

C : J'ai reçu une éducation religieuse de la part de mes parents. Donc cela m'a permis d'acquérir de solides connaissances en histoire des religions. Après ces années, j'ai commencé à développer un point de vue critique vis-à-vis de la religion en général. On peut établir un lien entre l'histoire du Christ et ce qui se passe aujourd'hui, comme un lien entre le titre de l'album, The Last Supper, et les chansons de l'album. Si tu regardes notre clip, je pourrais t'expliquer plus tard ce qu'il y a dedans, de quelle manière on a transposé l'histoire du Christ à la situation actuelle, quand on voit les musulmans, le terrorisme. Ce sont toujours les musulmans qui sont combattus par les occidentaux. On peut voir ça comme une guerre de religion. Mais la finalité de tout ça, c'est l'argent et le pétrole, comme d'habitude

P : A propos de la pochette de l'album, on a pu la voir sur le site officiel de GRAVE DIGGER et sur le CD promo...

C : Tu as remarqué que les dessins étaient différents. Sur le site officiel, c'est la pochette d'origine, plus dans des coloris marrons et jaunes, ce qui donne un aspect antique. Après, on a trouvé que ça rendait mieux avec un coloris bleu, plutôt que marron. Et finalement, on a gardé les 2 pochettes, on ne savait pas laquelle choisir (rires). Conserve bien ton exemplaire du CD promo, car la pochette deviendra peut être rare (rires).

P : J'ai vu beaucoup de réactions positives sur cette pochette. Elle est très réussie. Qui l’a réalisée ?

C : C'est un dessinateur hongrois qui s'appelle Grylia Hawanczak. Il habite à Budapest. On avait d'abord commencé la pochette avec un dessinateur allemand, Markus Mayer, qui avait travaillé sur tous les autres albums de GRAVE DIGGER depuis Knights Of The Cross (1998). Mais je n'étais pas satisfait de la pochette de Rheingold. Donc on s'est dit qu'il était temps de changer un peu. En plus, musicalement, The Last Supper est différent de Rheingold, donc autant avoir une pochette différente, qui se démarque de nos albums précédents. On a exposé à Grylia le titre de l'album, The Last Supper. Et c'est lui qui a eu l'idée du Christ, assis sur la table, avec son sang et son pain. En 5 semaines, la pochette était prête.

P : Et il y a toujours votre mascotte, la Faucheuse là derrière …

C : Oui, mais pas tellement dans les clichés traditionnels du heavy metal. Là on a essayé de lui apporter une dimension disons plus intellectuelle. Et c'est difficile de voir s'il s'agit d'une peinture ou bien d'une photo. C'est d'ailleurs pour ça que la boite de production du dessinateur s'appelle Digital Reality, un tel nom représente un bon mélange entre le réalisme et l'imaginaire.
On a eu pas mal de réactions à propos de cette pochette. Je sais pas si tu es allé faire un tour sur le guestbook du site officiel, mais certaines personnes nous ont fait part de leur déception. Elles pensaient que c'était une pochette contre le Christ, ce qui est bien sur complètement stupide ! On n'a pas du tout pensé à ça quand on a fait la pochette. Si tu regardes bien, on peut voir Jésus seul, abandonné par ses proches. Il est dans une phase dépressive et il sait qu'il va mourir. Il est là tout seul pour son dernier repas. Bref, que certaines personnes aient pu penser qu'il y avait un message satanique derrière tout ça, c'est n'importe quoi ! Mais bon, je ne me plains pas que la pochette suscite autant de réactions, c'est positif, ça prouve qu'elle ne laisse pas indifférent. Et le clip qu'on vient de tourner devrait aussi susciter pas mal de réactions.

P : Quelle chanson avez-vous choisi pour ce clip ? Et peux-tu nous en dire plus sur son contenu ?

C : C'est “The Last Supper”. Le clip est disponible sur le site officiel. Ce clip ne ressemble en rien à toutes les vidéos habituelles qu'on peut voir dans le heavy metal. Il y a beaucoup de scènes avec le Ripper. On le voit pendant différentes guerres : la 1ère et la 2ème guerre mondiale, jusqu'à la guerre du Golfe en Irak. il apparaît à chaque fois sous différentes incarnations. C'est un clip plutôt engagé politiquement, on a voulu faire un peu de provocation ce qui est assez inhabituel pour GRAVE DIGGER.

P : Pour être honnête, je ne connais pas beaucoup de clips de Grave Digger...

C : Oui, c'est normal, on n'en a pas fait beaucoup (rires). Il y a seulement 3 clips de GRAVE DIGGER : « Rebellion », « The Dark Of The Sun » et « Circle Of Witches ». Et l'année dernière, on avait fait « Valahlla », un clip avec des images de concert.

P : Y aura-t-il une édition limitée ?

C : Oui, c'est un digibook, tout en papier, avec 2 titres bonus.

P : Ce seront des reprises en bonus ? Comme celle de BLACK SABBATH sur Knight Of The Cross (ndlr “Children Of The Grave”) ?

C : Non non, ce seront des compos de GRAVE DIGGER. C'est vraiment difficile de faire une bonne reprise. C'est possible de surpasser la version originale, de faire aussi bien, ou alors, la reprise peut aussi être complètement ratée. Pour être franc, je déteste les reprises que nous avions faites de DIO (« We Rock ») et d'ACCEPT (« Starlight »), elles sont vraiment mauvaises. A mon avis, Il n'y a que 2 reprises que nous avons réussies : celle des ROLLING STONES sur Heavy Metal Breakdown et celle de LED ZEPPELIN aussi (« No Quarter »).

P : Depuis que Manni est arrivé dans le groupe, vous semblez être une équipe solide, soudée …

C : Oui, chaque personne a plus d'espace pour développer ses idées. Nous ne sommes pas un groupe démocratique à 100 %, mais nous le sommes plus qu'à l'époque où Uwe Ullis (ndlr : guitariste du groupe de 1993 à 2001, et guitariste actuel de REBELLION) faisait parti du groupe. Je suis davantage ouvert aux idées des autres, je leur fais totalement confiance désormais. Les autres savent ce qu'ils ont à faire et ils ont largement prouvé qu'ils pouvait travailler de manière très professionnelle.

P : Tu n’es plus du tout en contact avec Uwe ?

C : Pas vraiment. Donne moi une bonne raison de le faire (rires). On ne risque pas de se reformer avec lui. Il avait quitté le groupe à l'époque, et ça a coupé tous les liens qu'on avait avec lui. Il est heureux maintenant avec son groupe, et je n'ai pas besoin de lui.

P : Vous allez fêter en 2005 votre 25ème anniversaire. Vous avez prévu un truc spécial, un peu comme BLIND GUARDIAN qui l’an dernier avait fêté ses 20 ans en organisant un festival (où vous étiez à l’affiche d’ailleurs) ?

C : Est-ce qu'on va faire un festival GRAVE DIGGER à la place du festival BLIND GUARDIAN ? Non (rires). On prépare quelque chose, un concert anniversaire, mais on n'a pas encore choisi l'endroit où ce concert aura lieu. Peut-être que ce sera au Brésil ou en Allemagne. Il y a de fortes chances pour qu'on enregistre ce concert sur DVD. Ce sera un événement spécial, on jouera environ 25 chansons pour un concert très long, avec beaucoup de vieux titres.

P : Pour la tournée à venir, qui jouera en première partie ? Et viendrez-vous en France ce coup-ci ?

C : Ce sont STORMHAMMER et ASTRAL DOORS qui sont en première partie. On avait joué à Paris et Grenoble en 2001/2002. Le public de Grenoble était très chaud. On viendra en France après la tournée en Suisse. Je sais pas encore si la date aura lieu à Paris ou ailleurs. J'espère qu'on pourra aussi jouer dans plusieurs festivals, il y aura le Grasspop en Belgique en 2005. J'ai eu beaucoup d'échos positifs sur ce festival. Et pour la set-list, nous n'avons pas encore décidé quels titres du nouvel nous allons jouer. Il y aura « The Last Supper » en tout cas, c'est certain ! Je pense que tout le monde ressortira ravi de ces concerts (sourire).

P : C’est tout ce que nous vous souhaitons. Merci beaucoup Chris et à bientôt sur les routes !

C : A bientôt et merci pour votre soutien !