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Interview
Inner Visions, le 02/11/2004
Par : Powersylv




Dominique Leurquin, guitariste et mentor d’INNER VISIONS n’en est pas à son premier coup d’essai. On se souvient de son projet DREAMCHILD à la fin des années 90. Il est aussi le guitariste live des pourfendeurs de dragons de RHAPSODY. Entiché de Patrice Guers (bassiste de Patrick Rondat et de … RHAPSODY, tiens, tiens) et de jeunes musiciens, le guitariste et son équipe ainsi formée ont tout pour pouvoir faire parler la poudre heavy/speed mélodique sur notre bonne scène metallique hexagonale, voire plus. Entretien avec le guitariste puis le reste du groupe qui s’est joint à nous progressivement …


Powersylv (P) : Bonjour à toi. INNER VISIONS est donc un nouveau venu sur la scène française. J’ai pu écouter votre album qui est sorti vendredi dernier je crois (le 29/10/2004) ?

Dominique (D) : Oui exactement.

P : Vous êtes un groupe assez jeune, peux-tu me dire à quand remonte sa création ?

D : Le groupe a été fondé il y a quelques temps, 3 ans / 3 ans et demi …

P : Ah oui, quand même !

D : Oui, oui, les balbutiements de compositions avec Philippe (Jaccoud, claviers) remontent à peu de temps après ma première tournée avec RHAPSODY – vers l’été 2000 à peu près. On a commencé à écrire quelques compos avec les moyens du bord tu vois : une boîte à rythmes, Philippe faisait les mélodies du chant. On a concrétisé en novembre 2003, j’étais monté depuis Annecy sur Paris pour signer avec Olivier Garnier d’NTS à l’époque – maintenant Replica Records.

P : Vous êtes le premier groupe signé directement sous l’étiquette Replica non ?

D : Y a pas Patrick Rondat aussi ?

P : Je ne sais pas personnellement, c’est pour ça que je pose la question (rire).

D : En réfléchissant, je pense que tu as raison, l’album de Patrick Rondat est sorti voilà quelques temps déjà … Là il démarre sa tournée dans pas longtemps, Patrice (Guers, le bassiste) part avec lui d’ailleurs.

P : Oui, je pense que l’album de Rondat est sorti en avril/mai … au printemps quoi, et c’était encore NTS. Pour en revenir à INNER VISIONS, bien que le groupe soit récent, vous avez en tant que musiciens un certain passif. Toi au sein de DREAMCHILD et en tant que guitariste live de RHAPSODY, Patrice (ndlr : Patrice se joint à nous à ce moment-là justement) désormais bassiste de RHAPSODY et de Patrick Rondat justement … les autres membres du groupe ont-ils un passif aussi ou cette expérience INNER VISIONS est-elle une première pour eux ?

L (Laurent, batterie) : Je ne sais pas si on peut parler de réel passif, mais j’ai joué dans différents groupes … presque une dizaine.
D : Oui, et Laurent est aussi ingénieur du son, il bosse à temps plein et il a d’ailleurs travaillé avec DREAMCHILD.

P : Point important sur lequel je vais revenir tout à l’heure. Julien (Jacquemond) votre chanteur est-il novice lui ?

D : A la base, Julien est guitariste dans un groupe de thrash. D’un point de vue chant, il est assez novice oui.

P : Qui a eu l’initiative de créer le groupe ? Qui sont les géniteurs du groupe ?

D : INNER VISIONS vient de moi. Bien qu’étant en tournée avec RHAPSODY, j’avais toujours envie d’écrire mes propres compositions, de produire ma propre musique après l’expérience DREAMCHILD (juillet 1999). J’ai été approché par RHAPSODY en février 2000 pour les rejoindre en live …

P : La première fois que je t’ai vu avec eux, c’était lors du Wacken Open Air en août 2000.

D : Je me souviens bien de cette date. Mais ce n’était pas mon premier concert avec eux car on avait déjà fait la tournée européenne avec SONATA ARCTICA et STRATOVARIUS quelques mois auparavant. Pour en revenir à la genèse d’INNER VISIONS, je suis entré ensuite en contact avec Philippe que je connaissais depuis quelques temps et que je savais bon compositeur également. L’entente s’est créée naturellement et nous avons commencé à composer ensemble. Après avoir écrit quelques chansons, nous avons fait un petit tri et réalisé alors une pré-maquette où Philippe tenait le chant et où l’on utilisait une boîte à rythmes. Nous nous sommes alors dit qu’il serait bien de trouver de vrais musiciens pour former un véritable groupe. La maquette a été faite au mois de mai 2003 (regardant Laurent) …
L : Oui, c’est ça.
D : Entre-temps, Laurent a accepté d’être le batteur. Pour le poste de bassiste, j’en avais déjà parlé avec Patrice voilà 2 ans sur la tournée de RHAPSODY, il m’avait dit : « Ben écoutes, je vais écouter et si ça me branche y a pas de soucis ». Pour Laurent et Patrice, ça s’est donc fait rapidement finalement, mais il nous restait à trouver un chanteur. J’ai alors à ce moment-là sollicité l’aide d’Olivier Garnier, en lui demandant s’il connaissait un bon chanteur français. Nous voulions en effet avoir un groupe 100% français. Il nous a branché sur Boban, le chanteur de SNAKE EYES, groupe dont tu as certainement dû entendre parler. Nous avons sorti la maquette avec Boban, et l’avons proposée à divers labels. L’accueil a été assez positif. On enregistre l’album en janvier/février, mais à cette occasion, on s’est rendu compte que le chant de Boban était trop typé « hard-rock » pour notre musique. Donc, re-belote, il nous a fallu recruter un autre chanteur. Julien est un de mes anciens élèves, je lui donnais des cours de guitares voilà quelques années. Je l’avais perdu de vue mais il passait de temps en temps prendre des nouvelles. Un jour il passe à la maison … juste le jour où Olivier Garnier m’a fait part du problème avec le chant de Boban. Vraiment le hasard. Julien me dit alors : « Ca n’a pas l’air d’aller ». Je lui répond : « Ben non, la maison de disque n’est pas satisfaite du chant, on recherche un chant plus dynamique pour les compos ». Et Julien s’est proposé. Je n’ai pas donné de réponse tout de suite car on cherchait à contacter finalement un allemand mais ça n’a pas pu se faire pour des raisons d’emploi du temps. On avait essayé un suisse aussi mais ce n’était pas ça. Et Julien entre temps revenait me voir et me disait : « Je vais te harceler jusqu’à ce que tu m’autorises à faire un essai, au moins ». Je lui ai donc fourni une bande play-back de « Big Brother » (le morceau qui ouvre l’album) avec les textes, il s’est entraîné et a enregistré avec son ordi. J’ai ensuite fait écouter le morceau à Philippe, envoyé un mp3 à Olivier. On a ensuite pris rancart au studio pour faire ce titre, et là, on s’est dit que c’était bon et le groupe était au complet. Nous sommes alors fin novembre 2003 (il y a un an pile) …

A ce moment-là, Tony (SONATA ARCTICA) entre dans les loges avant les rappels, se plaignant de la chaleur sur la scène de la Loco et mettant un peu le souk en allant boire un verre … et provoquant l’hilarité des français …

P : Qu’est-ce qu’ils sont speed ces finlandais (rires) ! Après cet interlude, venons-en à l’album Control de Past. Quelles sont les idées développées dans ce disque, y a-t-il un fil conducteur entre les morceaux, une histoire ?


D : Non, du tout. Ce n’est pas un concept album. Mais c’est dommage que Philippe ne soit pas là car c’est lui qui s’est occupé des textes, il aurait sûrement pu t’en parler mieux que moi. Ce sont en gros des textes contemporains : « Big Brother » parle de la télévision, ce sont des thèmes actuels mais transposés peut-être d’une façon fantasmagorique.

P : J’ai cru comprendre et tu m’as confirmé tout à l’heure que cet album était essentiellement l’œuvre de vous 2, toi et Philippe …

D : Oui mais il faut savoir que par exemple, lorsque Julien a enregistré, il a modifié 2/3 trucs pour adapter son chant. Patrice aussi pour le travail de la basse. Chaque musicien a apporté sa griffe sur les titres, même si la ligne mélodique de départ que nous avons composée est sauvegardée à 80/90%. En plus, avec une boîte à rythme comme base rythmique de travail tu ne fais pas des trucs fantastiques à l’origine.

P : Au niveau du chant, je trouve que Julien a une voix originale, plus médium, ce qui est en contraste avec les sempiternelles voix aiguës récurrentes au style speed-metal mélodique depuis HELLOWEEN. Etait-ce important pour vous d’avoir une voix qui sorte de l’ordinaire ?

D : C’est vrai qu’avec Philippe, on était finalement content de trouver un chanteur avec un caractère, un timbre plus personnel, et qui n’était pas sorti d’un moule. Oui, c’était quelque chose que nous souhaitions et on a eu de la chance.
J (Julien, chant) : D’un autre côté, naturellement je n’arrive pas à chanter dans un registre aigu.

P : L’hommage à Rob Halford tout à l’heure (ndlr : le groupe a interprété une cover du « Nightcrawler » de JUDAS PRIEST pendant son show) n’était pas si mal que ça, même si on sentait que tu n’étais pas forcément à l’aise dans ce registre …

J : Finalement, ce n’est pas chanter soit grave, soit aigu qui est difficile, c’est entre deux, c’est à dire passer rapidement d’une tessiture à une autre tout en restant juste.
D : C’est vrai que vouloir se forcer à chanter aigu lorsqu’on n’a pas forcément le timbre peut être dommageable. Encore en studio, tu peux te concentrer mais en concert tu ne peux pas tricher.

P : Control The Past va-t-il bénéficier d’une distribution européenne voire internationale ?

D : Pour l’instant il est sorti au Japon le 22 Septembre, en France le 29 Octobre. Une distribution dans d’autres pays serait éventuellement envisagée mais il n’y a rien de concret de ce côté-là pour l’instant. Mais bon, c’est déjà pas mal.

P : C’est vrai que le marché japonais est assez propice aux groupes français, ne serait-ce que quand on voit le succès des récents albums de MANIGANCE ou ADAGIO là-bas … A propos de groupes français justement, était-ce déterminé dès le départ que l’écriture des textes se ferait en anglais ?

D : Je dois dire qu’on en s’est pas posé la question. Pour nous ça coulait de source.
J : Il faut dire aussi que je viens de Belgique et qu’en France les gens ont un accent de merde (rires) !

P : Petite question plus musicale et personnelle. Je pense que vous vous sentez proches de groupes comme SONATA ARCTICA, voire HAMMERFALL ou RHAPSODY. En tant que musiciens, quelles sont vos influences ?

L : Jorg Michael, indéniablement.
D : Ah ben moi ça remonte à loin déjà (rire) … J’avais 7 piges en 1972 lorsque le Made In Japan de DEEP PURPLE est sorti, je suis resté sur le cul à l’époque. Puis il y a eu KISS, AC/DC, TRUST, les premiers MAIDEN … Et c’est vers 14 ans en 1979 que j’ai acheté ma gratte. Pour les guitaristes particuliers qui m’ont marqué, il y avait Eddie Van Halen avec le premier album du groupe, Georges Lynch en tant que soliste qui reste mon préféré. Puis il y avait aussi Adrian Smith, Michael Schenker. Dans les trucs plus récents, j’aime beaucoup SONATA ARCTICA, STRATOVARIUS …

P : SONATA ARCTICA a quand même bien progressé, il a vraiment trouvé son propre style depuis Silence …

D : Tout à fait, c’est vraiment bien ce qu’ils font. C’est vrai qu’on a toujours tendance à vouloir apposer des étiquettes, et qu’à leur premier album on les avait taxés de clones de STRATOVARIUS. Mais bon, d’un autre côté, ils font la musique qu’ils aiment, c’est déjà pas mal.

P : Et comment se passe cette tournée avec SONATA ? Bien je suppose … en terme d’accueil du public, des relations avec les autres groupes etc …

D : Oui, y a pas de problèmes. SONATA ARCTICA, je ne connaissais que 3 membres vu qu’ils ont changé de bassiste. Je connaissais leur premier bassiste à l’époque, et Miko le premier clavier. Il y a 4 ans on était dans le même bus, pour la tournée européenne. On a fait 38 dates ensemble donc, ça crée des liens.

P : Et lors de la date de Lyon, vous avez cotoyé NIGHTWISH non ? C’était un peu les stars de la soirée …

D : (rires) Oui, c’est clair. Nous ne les avons pas cotoyé. D’ailleurs nous avons joué après le concert, en after-show devant un bar. C’était un peu un truc de promo quoi. Mais bon, y a des groupes qui sont passés là : y a SAXON, SYMPHONY X, SHAMAN … Ils font ça pour les groupes qui ne remplissent pas le Transbordeur, donc ils font une petite scène qu’ils appellent le Trans-club, où il y a peut-être 600 personnes maxi. Ce n’était pas désagréable finalement, ça fait bondé, c’est bien. Et puis c’était une bonne opération finalement car NIGHTWISH et SONATA ARCTICA sont des groupes qui ont une grande notoriété en France, ça nous donne l’occasion de jouer devant leur public qui est assez conséquent. Une bonne pub.

P : A part toi Dominique, aviez-vous déjà fait de la scène avant ?

D : Patrice oui, quelques-unes quand même.
L : Moi aussi j’ai déjà fait de la scène. Dans des trucs de rassemblements de Harley-Davidson, avec des Hells Angels et tout (rire).
J : Avant de chanter, j’étais guitariste. Et en première année de seconde, vers 15/16 ans j’ai commencé les cours avec Dominique. J’avais un petit groupe sur Annecy mais on ne trouvait pas de chanteur. J’ai donc été chanteur/guitariste par la force des choses. Ca nous a permis de faire des petits concerts aux alentours d’Annecy, un peu en Suisse aussi.

P : Vous êtes donc tous d’Annecy ?

J : Non, Laurent est du sud lui.

P : Je reviens sur l’album. J’ai lu dans le livret que vous aviez tout fait vous-même finalement : de la composition jusqu’à la production, le mixage … C’était là aussi une volonté du groupe de contrôler le processus du début à la fin ?

D : Disons que pour le mix, avoir un avis extérieur c’est toujours bien mais là, ça n’a pas pu se faire pour une raison d’emploi du temps. Il fallait que le mix soit fini à la mi-juillet pour partir au Japon, car ils doivent le recevoir assez longtemps à l’avance. Donc voilà …

P : Vous avez déjà eu des expériences de producteur pour d’autres groupes ?

D : Non du tout. A part Laurent qui a été producteur sur le premier DREAMCHILD. Coproducteur.

P : La tournée que vous entamez avec SONATA, quand a-t-elle commencé et jusqu’à quand durera-t-elle ?

D : Nous avons commencé à Strasbourg le 31 Octobre, puis ça va durer jusqu’en Mars prochain (rires généraux !). Non on finit samedi déjà, à Montpellier. C’est juste une petite tournée d’échauffement.

P : Concernant le futur du groupe, comment l’envisagez-vous ?

J : On compte virer vers le thrash-country-blues mais c’est encore en pourparlers (rires) … Je suis en train de négocier avec Dominique.
D : Euh là, faut qu’on en parle (rires). Sérieusement, là on a déjà commencé à composer le deuxième album, en espérant qu’on ne mettra pas trop longtemps.

P : Enfin, ma dernière question concerne vos implications en tant que musiciens dans d’autres groupes : Dominique et Patrice essentiellement avec RHAPSODY, Patrick Rondat aussi pour Patrice … N’y a-t-il pas des contraintes et des obligations qui vous obligeraient à mettre INNER VISIONS sur le côté ?

D : Non, il n’y aura pas de problèmes je pense, car Olivier (Garnier) distribue RHAPSODY en France donc il ne va pas s’amuser à faire en sorte que les tournées se chevauchent. A moins qu’INNER VISIONS ne fasse la première partie de RHAPSODY (rire).

P : La batteur allemand Dan Zimmermann a bien déjà assuré avec FREEDOM CALL la première partie de GAMMA RAY + le show de GAMMA RAY juste après sur un festival donc, tout est possible (rire).

P (Patrice, basse) : Là de toute façon la tournée RHAPSODY n’est pas encore commencée. Il semblerait que cela soit l’été prochain, au moment des festivals etc.

P : Merci à vous pour cette petite entrevue et bonne chance à INNER VISIONS ; sur la tournée et pour la suite !

D, P, J, L : Merci à toi !