Retour à l'accueil   |   Interviews   |   Live Reports   |   Fest Reports   |   Bios   |   Retour à Nightfall   
Interview
Jadallys, le 11/10/2004
Par : Poulard




L’OVNI musical du métal français se cache sous le nom mystérieux de Jadallys. Une formation qui existe depuis 5 ans et qui livre un premier album obscur et déroutant sobrement intitulé « Le Silence ». A travers un métal lourd et inquiétant nappé de sonorités originales et porté par une voix féminine enivrante, c’est tout un univers musical aux empreintes multiples que nous présente Tino (guitariste-compositeur) et Jodrel (claviériste) en nous faisant pénétrer dans l’antre de Jadallys…


C’est votre premier album mais le nom Jadallys est déjà bien répandu dans le milieu « underground », sans doute grâce aux nombreux concerts que vous donnez depuis 1999.

Tino: Oui, en fait Jadallys existe vraiment depuis 2000 mais c’est vrai que c’est un groupe de scène avant tout et qu’il y a eu plus d’une cinquantaine de concerts qui ont été au moins un peu médiatisé .On a réussi à se constituer un petit public surtout sur l’île de France et le nord de la France.

Etait-ce une volonté de votre part d’éprouver votre musique sur scène avant d’enregistrer un album et de le distribuer ?

Tino: Au fond, nous n’avions pas trouvé la formation définitive et les membres fondateurs, Ded Sélène et moi, avions en vue de trouver des musiciens qui arrivent à mettre en valeur les compos que nous avions. Tant qu’on a pas eu cette formation définitive, on a pas vraiment cherché à faire un album.

Parlons un peu de votre musique. Le Rock aime catégoriser les groupes. Vous définissez votre propre style sous l’appellation « fairy rock », est-ce pour échapper à cet écueil ?

Tino: C’est effectivement un peu pour échapper aux catégories. On a voulu depuis le départ aller dans un sens qui est le notre sans chercher à copier qui que ce soit même si on a dans nos influences des groupes qu’on adore. On a jamais cherché a copier qui que ce soit donc on se retrouve avec une musique qui est un peu inclassable : c’est du métal, ça c’est sûr mais pas comme on peut l’entendre. Que ce soit du métal néo classique ou atmosphérique, même néo métal. Ca n’entre pas dans ces catégories mais on en retrouve des ingrédients.

Justement, ces ingrédients variés. L’ intro est très kornienne (ndlr : le riff d’ouverture de l’album n’est pas sans rappeler « here to stay ») et se mêle à des passages heavy (ndlr : sur « Invitation ») ou progressives… quelles sont vos influences principales et qu’est ce qui tourne dans vos platines ?

Tino: Beaucoup de choses ! Dans le domaine du rock et du métal, même s’il n’y pas que ça qui tourne dans nos platines, loin de là, des vieux groupes progressifs des 70’s comme Magma et Pink Floyd dont provient le métal à mon avis. Metallica, Maiden, Black Sabbath, Deep Purple et on trouvera aussi Korn, qu’on aime tous beaucoup, même si on perçoit peu de leur influence dans notre musique. Dream Theater et plein d’autres choses type Cure. Après même si ce ne sont pas des influences, j’écoute avec plaisir Megadeth ou Slayer.

J’oublie Sélène, System of a Down, c’est “son” truc.

« Le silence » est un premier album étonnant de maturité et de qualité. La production est excellente, chaque instrument trouve sa place et le son de guitare est bien mis en avant conférant au tout un côté bien direct. Ou l’avez vous enregistré ?

Tino: En fait, ça a été une longue réalisation parce qu’on a commencé à enregistrer au studio Pennylane à Paris. Ca s’est super bien passé pour l’enregistrement. Ensuite, pour le mix, on est très exigeants et nous avons des goûts très particuliers, je pense que c’est l’aspect gothique de Jadallys qui veut ça. On a donc refait le mix ailleurs. J’ai beaucoup participé à ce mix, je l’ai même quasiment réalisé avec la validation des autres membres du groupe au fur et à mesure. Ca s’est fait sur une période de 8 mois avec 6 jours d’enregistrement pur.

Comment se passe la composition des morceaux ? Et qui sont les têtes pensantes du groupe ?

Tino: Y’a pas vraiment de têtes pensantes dans le groupe. Sélène et moi sommes les 2 compositeurs. On compose depuis très longtemps y compris dans d’autres groupes où on était ensemble. On a une méthode qui fonctionne très bien, nous composons à 2 et les arrangements se font tous ensemble. Les textes sont écrits par moi et Sélène, la musique aussi pour qu’il y ait une impulsion puis chacun peut ajouter ses propres idées.

Votre site, insiste les 5 fortes personnalités qui composent Jadallys. Arrivez-vous à concilier ces différences ou est-ce parfois difficile de vous entendre ?

Jodrel : Effectivement, nous sommes 5 forts caractères mais ça se passe super bien, que les décisions soient musicales ou autres. En l’occurrence, nos différences nous permettent d’aller dans une direction qui jusque là nous convient.

Vous serez au Glaz’Art le 31 octobre. Est-ce qu’Halloween sera l’occasion de voir sur scène le maquillage, les déguisements et cette ambiance si particulière qui anime vos shows ?

Tino: (rires) Ce n’est pas Halloween qui fera qu’on sera comme ça. On l’est tout le temps. C’est ce qu’on est.

D’où vient cette volonté de théâtraliser votre musique ? Y’a t-il des gens de théâtre dans Jadallys ?

Tino: Il y a des gens qui viennent de la danse : Sélène. Et nous partageons tous ce goût pour le théâtre, la tragédie, ce côté sombre et gothique. On aime ce qui est exubérant et visuel. Jodrel est peintre, d’où aussi cette volonté d’apporter du visuel (ndlr : Jodrel a réalisé l’identité visuelle du groupe: logo, interface graphique du site, la pochette et le livret de l’album). Il n’y a pas la musique d’un côté et la scène, le maquillage et le reste de l’autre, c’est un concept global. La musique, les textes, les lumières et le maquillage ne se conçoivent pas indépendamment. L’attitude scénique fait partie du concept artistique global.

Concernant Sélène et sa voix, l’élément porteur du groupe, quelle est sa formation ?

Tino: Classique et Jazz puis très rapidement elle s’est mise à chanter du rock puis du métal aux accents gothiques. Ses 15 ans de danse et son goût très marqué pour le côté sombre des choses, dans le cinéma, la musique l’ont aussi « formée ».

Même si la voix de Sélène est différente de celle de Nightwish, The Gathering, Lacuna Coil ou Within Temptation, pensez-vous vous inscrire dans la mouvance actuelle des voix féminines du métal qui remporte un franc succès et qui a désormais un festival qui lui est dédié (ndlr : le Female Voices Festival)?

Tino: Je pense que ces groupes sont très intéressants ; ils apportent quelque chose puisqu’ils féminisent le métal. C’est très positif. Pour moi, c’est une bonne illustration du phénomène de féminisation de la société. Nous nous inscrivons dans le rock avec une voix féminine mais nous traduisons autre chose, de par nos textes en français et l’emprunt à d’autres cultures musicales. Il y a une coupure entre ces groupes et ce que fais Jadallys. Il ne s’agit pas dire que nous faisons quelque chose de qualité supérieure mais…

Jodrel : c’est le propre de Jadallys. Se démarquer. Aussi car nous ne venons pas du même horizon que ces groupes là.

Tino: The Gathering, Lacuna Coil, on adore ; d’ailleurs, on va à leurs concerts et leur côté gothique nous rapproche d’eux.

Jodrel : leur musique est plus lisse, l’aspect gothique est bien plus prononcé chez Jadallys.

Beaucoup de petits groupes estiment que le téléchargement leur est bénéfique dans la mesure ou il assurerait un rôle de diffusion et donc de promotion dont il n’aurait pas bénéficié sans cela. Je ne sais pas si on trouve vos titres sur Internet. Comment vous positionnez-vous face à ce phénomène ? en tant qu’artiste et consommateur ?

Tino: C’est compliqué ça…il y a deux réponses contradictoires mais compatibles…(rires) dans l’esprit de quelqu’un de compliqué ! D’un côté, je pense que c’est pas nous qui allons plaindre les majors. Elles sont aussi responsables et je trouve scandaleux de faire des procès à des gens qui finalement n’ont fait qu’écouter de la musique. Je ne plains pas les artistes milliardaires qui font du fric et continueront à s’en faire ; pour moi le téléchargement c’est très bien. A côté de ça, des groupes comme nous vendrons moins de disques que s’il n’y avait pas la possibilité de télécharger. On trouve déjà tous nos titres sur Internet… Cela dit, les gens gagneront à acheter l’album pour voir et lire les textes et pour l’ambiance qui se dégage de tout le graphisme. Lorsqu’on écoute l’album, on entre dans une bulle comme sur la pochette (ndlr : la pochette sombre laisse voir les visages des membres maquillés dans une bulle), une sorte de cavernes aux sons étranges sans forme, comme dans un rêve.

Jodrel : c’est aussi ça que nous libérons sur scène avec notre musique et le show qui l’accompagne. D’où aussi la profusion d’effets qui agrémentent notre musique quand d’autres groupes privilégient un son plus secs et incisifs. Ce n’est pas du tout notre objectif.


Vous vous « libérerez » donc le 31 octobre. D’autres dates prévues ?

Il va y avoir une tournée française entre février et juin.

Une dernière question. La dernière fois que je suis venu vous voir sur scène. Sélène est descendu dans la fosse sur le morceau de fermeture et m’a embrassé ainsi que 2 ou 3 personnes. Si je reviens le 31, cela se reproduira t-il ?

(Rires) On arrangera ça !