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Interview
Saxon, le 15/09/2004
Par : Powersylv et David




Une interview avec Monsieur Biff Byford, ça ne se refuse pas ! Quand je pense qu’un mois et demi plus tôt, je le regardais mener le navire SAXON sur la scène du WACKEN Open Air ! Véritable dinosaure (avec IRON MAIDEN) de la fameuse New Wave Of British Heavy Metal, SAXON a connu des bas, certes, mais il a su relever la tête vers le milieu des années 90. Et le dernier album, le flamboyant Lionheart en est sûrement le plus flagrant témoignage. Avec maintenant Jorg Michael aux fûts (ex-RUNNING WILD, GRAVE DIGGER, AXL RUDI PELL et plein d’autres choses … et surtout ex-STRATOVARIUS) … c’est pas demain qu’ils seront enterrés ceux-là. Et c’est tant mieux ! Nous retrouvons donc un Biff heureux, un peu tendu au début de l’entretien, mais la bonne humeur n’est jamais loin …


Powersylv (P) : Salut Biff ! Avant de commencer, j’ai entendu dire récemment que tu vivais en Normandie ?

Biff (B) : Oui, depuis quelques temps.

P : Je ne le savais pas, je ne l'ai appris qu’il y a quelques semaines.

B : Ben maintenant, tout le monde va le savoir (rires) ! Oui j'habite là bas, c'est vraiment un très bel endroit !

P: Pour commencer, je voudrais revenir sur Killing Ground. Avec le recul, es-tu fier de cet album, en terme de succès artistique et commercial ?

B : Killing Ground ? Oui, il a très bien marché. C’est le premier à être sorti en édition limitée, en digipack et je pense qu’il s’est vendu à environ 50.000 exemplaires. Le DVD Saxon Chronicles a bien marché également. Nous avons enfin retrouvé un certain succès.

David (D) : Quel est l'album de SAXON qui s'est le mieux vendu en France ? Il me semble que c'est Solid Ball Of Rock...

B : Je crois que c'est Strong Arm Of The Law, ou peut-être Crusader. Dans les années 80, on faisait beaucoup de dates en France, environ 25 concerts par tournée. On jouait devant 8.000 / 9.000 personnes. C'est Strong Arm Of The Law qui a le mieux marché en France à cette époque. Et dans les années 90, c'est Solid Ball Of Rock effectivement.

P : Avec Killing Ground, SAXON a beaucoup tourné. Je vous ai vu 3 fois au Wacken Open Air : en 2001, en 2003 pour 2/3 titres avant RUNNING WILD et ici en 2004. Je vous ai vus ici à Paris aussi, à l’Elysée-Montmartre …

B : Oui c’était en 2002, pour la tournée Heavy Metal Thunder je crois …

P : … effectivement. Et là, ma question est : comment fais-tu pour être toujours au top sur scène après toutes ces années ? (rires)

B : (rires) Je pense que nous avons travaillé très dur pour revenir au top ces 10 dernières années. C'est aussi le cas de plein de vieux groupes de heavy metal comme MOTORHEAD, DIO. Nous avons tourné dans le monde entier pour retrouver notre public. Et aussi pour nous faire connaître des plus jeunes, pour leur faire découvrir du heavy rock plus classique.

P : Concernant le concert du Wacken d’il y a un mois et demi, tout d’abord le show était superbe …

B : Oui, c’est ce qu’on m’a dit, et il paraît que les lights étaient somptueux, mais je n’ai pas pu les voir, désolé (sourire) …

P : Ca doit rester un super souvenir pour le groupe mais une question me titille : qui était le guest qui devait venir avec vous sur scène pour « Wheels Of Steel » et que vous avez attendus ??

B : C'était le guitariste de Savatage, Chris Caffery, non ?

P : Ah … j’ai crû comprendre que c’était un chanteur qui devait venir …

B : Tu sais, Wacken, c’est une grande famille, c’est toujours un moment fabuleux. On improvise pas mal … (ndlr : SAXON est en effet un peu le « parrain » du festival). Je pense que c’était une chanteuse qui devait venir à ce moment-là … (ndlr : DORO ?).

P : Le DVD Saxon Chronicles est un bon moyen d’avoir une vision de l’histoire de SAXON, de faire un bon bilan des débuts jusqu’à 2002. Maintenant vous revenez avec un album bien puissant, Lionheart. De ce fait, est-ce une nouvelle période qui s’ouvre pour le groupe ?

B : Non, non. Pour le DVD, on voulait faire quelque chose de beau et de très complet, un superbe objet. C’est notre premier DVD, on voulait donc marquer le coup en offrant un truc très classe. On l’a vendu dans le monde, même s’il a coûté finalement plus que ce qu’il nous a rapporté. On va en faire un autre l’an prochain, avec des trucs sympas, comme le making de Lionheart, et aussi tout ce qu’on a fait depuis 2002, nos passages dans de grands festivals par exemple.

P : Pourquoi votre batteur Fritz Randow a quitté le groupe ?

B : C’était son choix, il a voulu s’impliquer dans le groupe VICTORY, il est en train de faire un album avec eux. C’est leur batteur originel.

P : Ah, je ne savais pas …

B : Il a travaillé avec eux sur l’album précédent, et là il rempile … il doit partir en tournée avec eux, ce qui explique qu’il n’a pas pu travailler sur Lionheart avec nous. Nous avons donc demandé à Jorg Michael qui était libéré de STRATOVARIUS.

D : Es-tu resté en contact avec Nigel Glockler pendant ce temps ?

B : Ah, Nigel a joué avec nous sur 2 ou 3 morceaux au Wacken. Il a participé à quelques trucs pour Lionheart, le titre « Witchfinder General » par exemple. Il fait toujours partie de la famille SAXON, Fritz aussi d'ailleurs.

D : Donc il n'a plus de problèmes de santé ? (ndlr : c'est ce qui avait causé son départ de SAXON)

B : Non, il va mieux maintenant.

D : Y'a t-il un espoir de voir SAXON faire quelques concerts avec le line up d'origine ?

B : Non (prenant un air pincé) ! Non, peut être avec Nigel, mais c'est tout. Pour les autres c’est foutu (ndlr : Steve Dawson et Graham Oliver, 2 anciens guitaristes ont créé un projet du nom de SAXON, il y a eu une bataille juridique à ce sujet entre Biff et ses anciens complices).

P : Pourquoi avez-vous choisi Jörg Michael et comment êtes-vous entré en contact avec lui ?

B : On le connaît depuis un bon moment. Il avait déjà pris part à l’époque au Solid Ball Of Rock Tour. On l’a revu il y a plusieurs mois sur un festival, et on lui a simplement demandé s’il voulait jouer sur l’album.

D : Apprécies-tu son travail avec RUNNING WILD et STRATOVARIUS ?

B : Pour être franc, je n'ai jamais vraiment écouté d'albums de RUNNING WILD (rires). Nous savions que c'est un grand batteur, plus en tout cas que Nigel Glockler ou Fritz Randow. Nos batteur ont toujours été des bêtes, on lui a simplement demandé d’être une bête (rire).

P : Il a joué avec RUNNING WILD, AXEL RUDI PELL, GRAVE DIGGER, STRATOVARIUS ... A ce jour, peut-on dire qu’il est un membre permanent de SAXON ?

B : Oui. Même s’il n’a pas écrit sur l’album. Du moins pour celui-ci.

P : J'ai écouté Lionheart...

B : J'espère bien (rires)

P : Je l'aime beaucoup, plus en tout cas que Killing Ground, sûrement parce qu'il est plus heavy.

B : Oui, nous avons essayé de le faire sonner de façon plus pure, moins surproduit. Il y a moins de claviers et nous avons surtout travaillé le son des guitares …

P : Oui, les guitares sont beaucoup plus heavy également.

B : On voulait aussi un album qui se rapproche plus du heavy metal des années 80, essentiellement au niveau des beats de la batterie aussi.

P : Un gros travail sur tes parties vocales aussi, qui sont éclatantes …

B : Effectivement, je suis très fier de ce que j’ai produit au niveau du chant sur ce disque, c’est de loin ma meilleure performance.

P : Est-ce que cette direction générale plus heavy, plus brute sur Lionheart était préméditée ? Ou c’est une évolution naturelle ?

B : C’était quelquechose qu’on a voulu. Car comme je le disais, on a passé du temps pour faire sonner la batterie de cette façon, que le son des guitares soit restitué de manière plus directe, plus authentique. Plutôt que de rentrer dans des configurations sonores trop pompeuses …

P : Vous avez déjà des morceaux de bravoure pour le live sur l’album ? Je pense à « Lionheart », « Witchfinder General » …

B : Oui, ces deux là seront les deux classiques du disque et on les jouera. On a fait une video pour « Beyond The Grave » alors, qui sait si nous ne la jouerons pas non plus. Je ne sais pas, souvent on change les morceaux d’un show à l’autre. On jouera peut-être toutes les chansons, ou alors aucune (rire).

P : Il y a énormément de hits dans la carrière de SAXON …

B : Oui, beaucoup de bonnes chansons, c’est vrai.

D : J'aime bien aussi les albums des années 80 comme Innocence Is No Excuse ou Destiny. Je pense que Killing Ground se rapprochait un peu de ces albums.

B : Parfois oui, ça dépend des chansons. Aussi, beaucoup de personnes pensent que « Lionheart », sonne très années 80, dans la lignée d'Innocence Is No Excuse.
Nous allons essayer d'ailleurs de reprendre davantage de chansons d'Innocence Is No Excuse et de Destiny pour la prochaine tournée … de Rock The Nation aussi. Nous n'avons pas trop joué de chansons de cette période dernièrement. Nous étions plus concentrés sur les premiers albums. Peut-être que nous jouerons « Judgement Day » ... euh non pas « Judgement Day », plutôt « Broken Heroes » au lieu de « The Eagles Has Landed ».

P : Je me rappelle de votre dernier concert à Paris, vous aviez joué « Broken Heroes ».

B : Oui, vous avez vraiment de la chance, on l'a joué rien que pour vous (rires)

D : A Lyon aussi !

B : Oui, c'était sur la tournée Heavy Metal Thunder. Nous avions aussi joué « Still Fit To Boogie » de notre 1er album. Donc on essaye de mélanger un peu toutes les périodes.
Il y a 10 ans, on reprenait surtout des chansons de nos plus vieux albums, « Strong Arm Of The Law », « Denim And Leather », toutes les chansons titres. Mais maintenant....

P : Revenons à Lionheart. Où et par qui a-t-il été produit ?

P : Revenons à Lionheart. Où et par qui a-t-il été produit ?
B : Il a été produit par Charlie Bauerfeind (pour mémoire producteur d’albums de BLIND GUARDIAN, ANGRA etc …). Mais il a été masterisé en Angleterre.

P : Je n’ai pas les paroles de Lionheart malheureusement, mais on peut remarquer rien qu’aux titres que cela se rapporte aux histoires traditionnels véhiculées par le heavy metal : l’histoire et plus particulièrement le Moyen-Age (ici, Richard Cœur de Lion), des chevaliers, des batailles, des thèmes plus obscurs comme la sorcellerie avec « Witchfinder General ». Mais est-ce qu’il y a d’autres idées dans certaines chansons, je pense par exemple à « Man And Machine » ?

B : « Man And Machine », c’est aussi une idée récurrente ; c’est la vitesse, les sensations, les chevauchées sauvages … comme dans « Princess Of The Night », « Wheels Of Steel » …

P : D’accord, donc ce n’est pas un concept album basé sur l’histoire, il y a de tout là dedans (rire).

B : Tout-à-fait. Il y a beaucoup de sujets différents mais bien connus chez SAXON. Comme être dans un groupe etc … Même s’il y a pas mal de chansons en rapport avec des faits historiques. Comme sur Killing Ground d’ailleurs.

P : Tu parlais d’une vidéo tout à l’heure, peux-tu nous en dire plus ?

B : En réalité il y a 3 clips vidéo pour l’album : un pour « Beyond The Grave », une pour « Witchfinder General » et la dernière pour « Flying On The Edge ». La première a déjà été diffusée un peu je crois.

P : Petite question sur la pochette, car je trouve que c’est l’une des plus réussies du groupe. Je me suis laissé dire que c’était le même dessinateur que celle de Crusader - qui n’était pas mal non plus. C’est vrai ?

B : Paul Raymond Gregory a dessiné pas mal de pochettes du groupe. La première, oui, c’était celle de Crusader. Il y a eu aussi entre autres celles de Rock The Nations, Dogs Of War, et même Killing Ground. On le connaît donc depuis très longtemps, c’est un ami. Il s’est aussi occupé de l’illustration du festival Bloodstock entre autres.

D : Depuis quelques années, SAXON semble rencontrer davantage de succès en France. Penses-tu que ce regain de popularité s'est fait grâce au travail de la maison de disque, SPV, ou grâce ou contexte actuel, plus favorable au heavy metal ?

B : Dans les années 80, le metal était à l’honneur avec de grands groupes. SAXON en faisait partie et nous étions assez populaires en France. Depuis 10 ans, nous revenions régulièrement. Cependant, nous avons remarqué que le « Killing Ground Tour » a été un déclic, il y a eu quelquechose pendant cette tournée. Peut-être que Hard-Rock Magazine qui avait fait un cd sampler pour fêter notre 25ème anniversaire y a contribué … enfin c’était pas pour notre 25ème anniversaire, non, mais ils avaient fait un cd spécial. Aujourd’hui, nous avons retrouvé nos anciens fans, il y a des jeunes qui connaissent notre musique. Et nous sommes redevenus plus populaires en France, oui. C’est cool et c’est une très bonne chose.

P : Malheureusement le heavy metal n’est pas assez encore assez bien vu en France (snif), et les médias ne nous aident pas beaucoup … (séquence Caliméro)

B : Mais non, faut pas dire ça. AC/DC et SCORPIONS, ça marche bien encore non ? Il faut dire une chose : quand tu es un groupe respectable, que tu as travaillé et qu’au bout d’un moment tu commences à vendre et à être populaire, tu perds pas mal de fans « hardcore » dans ta fan-base. Nous sommes passés par là et au fond, c’est pas si mal que ça d’être un groupe culte (rire).

P : Alors, nous vous voyons en France le 14 Novembre à l’Elysée-Montmartre. J’ai crû comprendre qu’il y avait les très bons DREAM EVIL avec vous, parfois même METALIUM est ajouté à cette affiche … mais ce n’est pas DREAM EVIL en France ! Savez-vous qui ouvrira pour vous à Paris ?

B : En France, c’est CHINCHILLA qui nous accompagne. Un groupe pas mal de power-metal … qui a sorti quelques albums déjà. Le fait que DREAM EVIL ne soit pas sur la date parisienne, ce n’est pas vraiment leur décision. Sur d’autres dates, il y a aussi METALIUM oui, mais ce n’est pas encore sûr. THRESHOLD aussi.

P : Tiens, ils passent ici à Paris samedi THRESHOLD …. à la Maroquinerie. Mais je ne connais pas cette salle …

B : Ca ne me dit rien non plus, je connais bien l’Elysée-Montmartre, la Locomotive …

P : Oui, la Locomotive, où vous étiez venus pour les trophées Hard-Rock 2001 notamment (c’était au printemps 2002) …

B : Oui, c’était une très bonne soirée, je m’en souviens bien … super !

D : Sur les albums Power And The Glory et Crusader, il y a des parties vraiment techniques. Maintenant que Jörg Michael est dans le groupe, allez-vous essayer de reprendre quelques titres de ces albums sur la future tournée...

B : Comme ?

D : « This Town Rocks » …

B : On l'a déjà jouée à quelques reprises celle là. C’était un bon succès, surtout aux Etats-Unis où elle est encore très demandée. Je pense qu’elle sera au menu prochainement.

D : « Watching The Sky » …

B : Celle-là est assez hard … je sais pas. On doit réapprendre des chansons, c’est assez compliqué parfois. On se fixe en général une centaine de chansons quand on tourne, et on varie. Sinon, on ne s’en sortirait pas. Quand je vais sur le site Web, des fans nous demandent des chansons des albums Power And The Glory, ou Innocence Is No Excuse … ou des chansons moins courantes comme « To Hell And Back Again ». Souvent, ce sont de jeunes fans qui font ça, et qui piochent les titres qu’ils aiment dans les différents albums … et qui ne sont pas forcément les classiques que des fans plus anciens aimeraient, eux, entendre.

P : Justement, il y a quelquechose que j’apprécie chez SAXON, c’est cette variété des morceaux, ces petits changements de set-list. C’est le reproche que je fais à IRON MAIDEN dont je suis fan absolu, mais dont le défaut est, je trouve, qu’ils n’alternent pas les morceaux d’un concert à l’autre …

B : En fait, cette alternance, je pense que nous sommes les seuls à faire ça. Cela permet justement d’intéresser les gens encore plus. Evidemment il faut faire attention, sinon les shows peuvent durer encore plus longtemps et longtemps et ça ce n’est pas possible. Bien sûr il y aura toujours des classiques comme « Crusader » ou « Wheels Of Steel » car ce serait un drame si on ne les jouait pas. Quant à IRON MAIDEN, ce sont des amis, nous avons débuté à la même époque et personnellement j’aime aussi beaucoup leur musique. Mais ils ne doivent plus jouer de morceaux de la période de Paul Di Anno non ? A part « Running Free » peut-être …

P : Non, plus souvent. A part le morceau « Iron Maiden » (rire)

B : (rire). Je pense que lors de la promotion d’un nouvel album, ils devraient se limiter à quelques morceaux seulement, car ils en jouent trop peut-être … Les 3 ou 4 morceaux-phares tout simplement. Pour revenir à nous, nous allons essayer de jouer des morceaux même du premier album. Et « Dragon’s Lair » que les gens apprécient bien et qui est la plus heavy de Killing Ground. Bref, quelques surprises.

D : Une petite ballade, aussi peut-être ?

B : (rire) Tout dépend de ce que tu qualifies de ballade ?

D : « Shadows On The Wall » par exemple ?

B : On l’a déjà jouée en live, mais c’est une chansons assez longue, et comme on ne peut pas jouer autant de temps qu’on veut … Mais je ne sais pas, “Broken Heroes” c’est un peu une ballade aussi si on veut … On va vous faire un bon show de SAXON, avec du bon heavy metal vous allez voir !