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Interview
Nightmare, le 02/09/2003
Par : PowerSylv




INTERVIEW NIGHTMARE - Mardi 2 septembre 2003 - 19H
par Powersylv



C’est à l’occasion de la sortie imminente de leur nouvel album studio Silent Room que j’ai pu rencontrer Jo Amore et Yves Campion, respectivement chanteur et bassiste de NIGHTMARE.
C’est un Jo apparemment enthousiaste qui s’est prêté aux quelques questions qui me brûlaient les lèvres. Il faut dire que Silent Room s’avère être un album particulièrement ambitieux. Mais avant de nous attarder sur ce dernier opus, un petit bilan de l’ère Cosmovision semblait nécessaire.


Après l'étape de la reformation, Cosmovision a été un nouveau départ pour NIGHTMARE. Avez-vous été satisfait de cet album, de l'accueil qu'il a rencontré aussi bien auprès des médias que du public ?
JO : Pour nous, le retour de NIGHTMARE représentait un gros enjeu, et Cosmovision en faisait partie : soit il marchait, soit il nemarchait pas. Soit on était dans le coup, soit on n’était pas dans le coup. Mais Cosmovision a bien rempli ses fonctions dans le sens où l’accueil a été bon. La presse a été unanime et s’accordait à dire que c’était un bon album. L’accueil du public a lui aussi été favorable, même si bien entendu les ventes n’ont pas été... astronomiques, mais bon. Cosmovision nous a en quelque sorte rassuré, il nous a prouvé qu’on était dans le coup et que nous avions encore des choses à dire. En tout cas, il y a un courant qui passe avec la presse et avec le public, c’est sûr.

Quel est votre regard sur les concerts donnés depuis la reformation, dont ceux de la tournée Cosmovision ? Pour ma part j’ai eu l’occasion de vous voir la premier fois au Festival des Artefacts de Strasbourg en juin 2000... Enfin je vous ai plus entendus que vus car quasiment tout le public était bloqué à l’entrée alors que vous jouiez...

Ah, euh oui, c’était une horreur... :-)

Ensuite c’était deux mois plus tard au Wacken Open Air 2000 où, si je me souviens bien vous aviez eu un beau succès pour un groupe français...

C’est vrai qu’on a eu un très bon accueil du public. Mais là c’est pareil, c’était un challenge pour nous, même si on savait que l’album avait bien été perçu par la presse allemande, on ne savait pas si le public avait apprécié ce que l’on fait et finalement ça s’est très bien passé. Pour l’édition 2002, c’était beaucoup plus difficile pour nous car nous avons joué pendant la tête d’affiche (ndlr : BLIND GUARDIAN)...

Oui, effectivement, j’y était aussi :-) BLIND GUARDIAN semble être votre bête noire. Je me souviens de juin 2002 où vous aviez fait leur première partie à l’Elysée-Montmartre et où vous n’aviez pas l’air dans votre assiette...

Paris ça s’était mieux passé. On avait aussi joué avec eux à Lyon, où là on a bénéficié de conditions de scène vraiment pas top. Nous n’avions pas droit à leur table, on nous avait mis une petite table numérique à 18 entrées je crois, 2 ou 3 micros, et il a fallu qu’on fasse avec. Je parle des conditions parce qu’après, le concert s’est bien déroulé. Quant au Wacken 2002, ça s’est finalement pas trop mal passé.

Oui, malgré BLIND GUARDIAN en tête d’affiche qui jouait en même temps que vous, vous aviez quand même ramené du monde...

Faut voir qu’il y a des gens qui ne nous aiment pas, on peut pas plaire à tout le monde, mais certaines personnes n’aimaient pas non plus BLIND GUARDIAN et ont préféré venir nous voir. On était bien surpris. Bon, y en a qui nous apprécient, d’autres qui nous apprécient moins... Jouer pendant la tête d’affiche était un challenge un peu difficile.

Je mentionnerai aussi le concert donné au Club Dunois à l’automne 2001 avec MZ, OVERSTEP et REVENGE...

C’était la première date de la tournée Cosmovision, on était dans une période de mise en place là et ça s’est ressenti je pense... alors on s’excuse pour toutes les personnes qui étaient à ce concert-là :-)

Et puis il y a eu Grenoble aussi fin octobre 2001, avec LONEWOLF et GRAVE DIGGER

Ah là c’était autre chose, dans une bonne petite salle, bonne ambiance, excellent public. Un très bon souvenir.

Votre guitariste Jeannot était présent lors de la reformation, il jouait sur Cosmovision et il a quitté le groupe pendant la tournée il me semble. A quoi est dû ce départ et comment s’est fait cette séparation ?

Lorsque les dates de la tournée Cosmovision se sont accumulées, il a jugé personnellement qu’il ne pouvait plus suivre. C’était pour des raisons professionnelles et non familiales ou autres. Malheureusement NIGHTMARE ne vit pas de sa musique et il a dû faire un choix. Il a des responsabilités dans son travail et c’était difficile pour lui de pouvoir se libérer pour des semaines de tournée.

J’ai vu votre nouveau guitariste Alex pour la première fois lors de la première partie de BLIND GUARDIAN à l’Elysée-Montmartre. Faisait-il partie d’un groupe auparavant et qu’a-t-il apporté à NIGHTMARE ?

Disons que c’était un guitariste local mais qui n’avait jamais eu sa chance de jouer dans un groupe à vocation plus internationale. Il nous a amené encore plus de pêche probablement. Il faut dire qu’il a une façon de jouer plus acérée que Jeannot ou même que Nico, c’est dû au fait aussi qu’il écoute du metal plus extrême que nous. Et c’est plutôt pas mal car il nous apporte un peu ce grain de « violence ». Son arrivée se ressent d’ailleurs sur Silent Room : il est à l’origine de pas mal de morceaux de l’album d’une part. D’autre part il a joué un rôle au niveau production, au niveau du son, du mixage. On voulait également un album qui soit plus axé sur les guitares plutôt que sur les arrangements ou le côté claviers. Avec le recul, nous avons été assez critiques sur Cosmovision. Dans NIGHTMARE nous aimons nous remettre en question afin d’évoluer, de corriger les imperfections précédentes avec les moyens qu’on nous donne.

C’est vrai que pour un groupe qui faisait son retour, Cosmovision apparaissait déjà bien actuel, mais avec ce nouvel album, on sent que les choses ont été poussées plus loin, qu’elles ont été bien échafaudées, qu’un soin encore plus grand a été apporté.

Pour nous, Silent Room devait être différent de Cosmovision et marquer une évolution afin de ne pas être un Cosmovision n°2. Nous sommes contents de Silent Room car justement nous avons réussi le pari d’évoluer et surtout de rectifier les petites choses de l’album précédent pour lesquelles nous avions eu un avis mitigé. Nous nous remettons sans problème en question, c’est une attitude qui a toujours été présente dans le groupe. Nous ne sommes pas avares des critiques du moment qu’elles sont constructives et qu’elles nous permettent de progresser dans le bon sens. Nous dialoguons beaucoup dans le groupe et nous savons que nous pouvons discuter entre nous si on remarque que quelque chose peut-être amélioré, dans le jeu d’un des musiciens par exemple. Nous sommes très ouverts et c’est ce qui nous donne cette possibilité d’évoluer justement.

Concernant Silent Room, il s’agit donc d’un concept-album, plusieurs éléments l'indiquent à l'écoute ; liens entre les titres, la découpe du disque en plusieurs chapitres ... Il semble que le sujet du disque soit l'emprise du virtuel sur l'humain, sujet on ne peut plus actuel. A la fin, le virtuel semble l'emporter ("Prisoner Of The System"), un peu comme dans le film LE COBAYE. Est-ce bien cela le concept ?

Il faudra que je regarde ce film tiens. Raison plus s’il est inspiré de Stephen King (rire), j’adore. En ce qui concerne le concept, il y a de cela effectivement mais il y a plusieurs dimensions qui interviennent. Il s’agit d’une histoire que l’on a voulu traiter sous plusieurs angles. En effet il y a le thème de l’emprise du virtuel sur les personnes aujourd’hui, spécialement les jeunes, les ados (avec Internet, les jeux video etc...). Il faut voir cela aussi comme un fait divers, un peu comme ceux qu’on peut lire dans les journaux, du genre : « Aux Etats-Unis un jeune homme descend ses camarades de classes ». L’autre dimension c’est la folie et le lien ou le non-lien avec le virtuel : est-ce que par exemple Internet peut pousser un gamin à réaliser un tel acte, ou est-ce que même sans Internet cela serait arrivé, tout simplement parce que le problème vient de l’ado lui-même ?

On a voulu mélanger toutes ces idées, afin que l’auditeur puisse se faire lui-même sa propre opinion. D’ailleurs, j’invite ceux qui vont écouter l’album à l’écouter jusqu’à la fin, parce que là il y a un coup de théâtre (un genre de ghost-track) qui se produit, mais je préfère ne pas en dire plus pour vos lecteurs ;-).

Bien que n'étant pas à proprement parler un concept-album, Cosmovision traitait des phénomènes surnaturels et extra-terrestes non expliqués. Ici, le virtuel. NIGHTMARE semble s'intéresser à des sujets actuels, du réel et les aborder en racontant des histoires. Pourrait-on voir un jour des chansons de NIGHTMARE traiter par exemple du clonage, de l’ingénierie génétique et des biotechnologies, du terrorisme sous toutes ses formes...

Pourquoi pas ? Le clonage serait un sujet très intéressant et il aura peut-être une ou des chansons là-dessus. Le terrorisme, bon, c’est peut-être un peu trop d’actualité. C’est un axe qu’on aurait pu exploiter mais bon...

Un élément qui m’a marqué musicalement sur Silent Room est la présence de choeurs réellement impressionnants sur certains morceaux ("Paranormal Magnitude", "The Death Toll" et surtout "A Piece Of Paradise"). Cet aspect avait déjà été utilisé sur Cosmovision, ne serait-ce que sur le morceau-titre "Cosmovision". Il donne un côté plus intense à la musique...

Pourtant, il y a moins de choeurs sur Silent Room que sur Cosmovision...

Il y en a moins ?

Oui quantitativement il y en a moins. Mais tu as peut-être eu cette impression car sur certains morceaux ils sont gros...

Oui, je pense notamment à « A Piece Of Paradise ».

Ah, celle-là c’était voulu. On voulait quelque chose de lourd. En fait, ce morceau devait être une ballade, mais pas une vraie ballade. On voulait un gros truc, une machine derrière et c’est là qu’on a pensé aux choeurs qui sont volontairement gros. En fait, si tu écoutes bien, tu as deux sortes de choeurs : y a des choeurs qui sont fait avec des choristes classiques (les choristes du conservatoire de Marseille), style Carmina Burana. Par contre, on a intégré plus que sur Cosmovision des choeurs où tu as par exemple 5 voix. Des fois, il y a 3 ou 4 voix de moi ensemble. Mais il y a moins de choeurs en totalité que sur Cosmovision.

Treje Refsnes (TRISTANIA, SIRENIA, MORGUL) semble être votre producteur fétiche. Il avait également produit Cosmovision. Avez-vous eu d'autres propositions ou d'autres idées de production, ou alors le choix s'est-il reporté automatiquement sur lui parce que vous étiez content de son travail sur Cosmovision ?

Nous avons repris ses services effectivement. Cependant on ne nous l’a pas imposé. Nous sommes allés le voir avec la critique de Cosmovision et il a eu la largesse d’esprit de se remettre en question et c’est pour cela que nous avons continué à travailler avec lui. Il travaille très bien au niveau des choeurs, de la maîtrise des voix, des arrangements et c’était quelquechose d’important pour nous.

Contrairement à Cosmovision (mixé en France), Silent Room a été mixé aux célèbres Finnvox Studios par Mika Jussila (STRATOVARIUS, NIGHTWISH). Quand et comment avez-vous décidé de mixer les titres de l’album là-bas ?

Effectivement, c’est une décision que nous avons prise. D’autant que nous avions eu de bons échos sur Mika Jussila. On ne voulait pas perdre certaines données au mastering : les guitares en avant, le son de la basse... il était la personne idéale.

Napalm Records vous apporte-t-il toute satisfaction ?

Faut dire que ce n’est pas le groupe qui a le choix du label. Cependant Napalm nous apporte les moyens nécessaires à nos ambitions, nous avons eu la possibilité d’enregistrer Silent Room comme nous l’entendions. A partir de là il n’y a pas de problème particulier.

NIGHTMARE tout comme KILLERS fait figure de vétérans sur une scène française assez prolifique ces dernières années. Connaissez-vous certains jeunes groupes français ... LONEWOLF, MALEDICTION, YYRKOON ...

On a de très bons rapports avec des groupes de Lyon, avec DYSLESIA, REVENGE... On n’a pas d’à priori sur les autres groupes. Il faut dire qu’on se sent tous sur la même galère et que les guerres de clans n’existent pas. On se cotoie entre nous en backstage, avec le sourire. C’est vrai que certains groupes sont assez prometteurs et c’est tant mieux.