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Interview
Gojira, le 10/09/2008
Par : Zionleemasterseb




Convié par Listenable à l’écoute du prochain album de GOJIRA : The Way Of The All Flesh dans le bar underground culte parisien La Cantada, Nightfall ne pouvait décemment pas refuser une telle invitation. Surtout, que le groupe au complet s’est plié à l’exercice de l’interview avec gentillesse et simplicité.
A l’écoute du disque, on sent que GOJIRA a énormément progressé. Une seule écoute ne nous permettant pas d’appréhender toute les richesses qu’il recèle, on peut d’ores et déjà assurer que l’identité de GOJIRA est bien présente et que le son est énorme. Cette fois la production sert merveilleusement la qualité technique des musiciens et offre une dimension supplémentaire propice au développement de nouvelles influences.
GOJIRA n’a pas fini de faire parler de lui et ce nouveau disque promet de les propulser un peu plus loin, encore !!!
Voici donc un entretien fleuve qui vous sera proposé en deux parties, HERE COMES THE STORM ...



Zionleemasterseb (Z) : Quels sont les thèmes abordés sur ce disque ?

Joseph (J) : Le thème central est une réflexion sur la vie à travers l’idée de la mort. C’est un sujet fort qui fait partie de l’imagerie du Metal mais qui, pour GOJIRA, nous à forcé à considérer la question sous un aspect plus noir que d’habitude. Du fait d’avoir passé le cap des trente ans entre le troisième et le quatrième album, ça devient un sujet plus présent dans mon esprit. Ces textes que j’ai écris sur des sujets existentiels conviennent parfaitement aux préoccupations de GOJIRA.

(Z) : Comment avez-vous fonctionné en studio pour l’enregistrement de cet album ?

Mario (M) : Pour le deuxième et troisième album nous avons travaillé en famille avec l’aide de Laurent Etxemendi notre ingé son live. C’est vrai que cette formule a marché et que l’on s’y est épanoui. Cette fois, j’avais personnellement envie d’enregistrer avec une autre personne. Quand Jo a travaillé avec les frangins Cavalera sur le projet CAVALERA CONSPIRACY, il a rencontré Logan Madder (ex-MACHINE HEAD) et actuellement producteur et tout de suite ça m’a mis la puce à l’oreille. On a décidé de scinder l’enregistrement en deux. On a donc enregistré les batteries avec lui et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il connait bien son métier. Ca nous soulageait aussi d’une étape qui est techniquement délicate. On est donc parti à Los Angeles et on a bossé pendant 8 jours avec Logan Madder. On a vécu une super expérience. La guitare, la basse et le chant ont été enregistrés chez nous dans notre studio mais le mixage et le mastering d’un disque étant un véritable casse-tête, nous lui avons également délégué cette partie-là. L’avantage est d’avoir profité d’une oreille extérieure. Ca nous a aussi permis de prendre beaucoup de recul par rapport à la phase d’enregistrement. Ca nous a fait beaucoup de bien et nous sommes très content du son énorme de l’album.

(Z) : Au vu de l’illustration de The Way Of The All Flesh, est-ce que le bouddhiste est une philosophie à laquelle vous croyez ?

(J) : Nous ne sommes pas pratiquants et nous n’appartenons pas à un groupe religieux. Nous sommes cependant des sympathisants aux idées du bouddhisme. Nous partageons beaucoup au sein de GOJIRA, on réfléchit aux choix qui s’offrent à nous, on se questionne beaucoup sur le fonctionnement de la vie en général. Dans le bouddhisme, il y a des choses dont on se sent proche. Lorsque j’écrivais les textes, Mogchok Rinpoché un moine bouddhiste est venu faire un enseignement prés de chez moi, j’ai assisté durant deux jours à sa conférence. J’y ai trouvé en pleine phase d’écriture des éléments très inspirants et riches de sens.

(Z) : D’autres influences vous ont-elles nourries ?

(J) : Au niveau musical, nous avons des influences très variées, nous sommes des fans de musique en général. Christian écoute du Jacques Brel, du Barbara, de la musique classique. Jean-Michel est un grand fan de metal et écoute des groupes assez pointus tandis que Mario, en ce moment est à fond dans la musique hindoue. On aime bien DEPECHE MODE et MORBID ANGEL. Dans cet album nous avons eu des influences plus détectables que par le passé, notamment DEPECHE MODE ou BJORK par exemple.
(M) : Notre tournée commune de 50 dates en première partie de MACHINE HEAd, nous a permis d’assister à leur show. La qualité d’exécution de ce groupe est une influence indéniable pour nous aujourd’hui. Au même titre de BEHEMOTH ou JOB FOR A COW-BOY. Nous leur devons le côté « catchy » de The Way Of The All Flesh.
Il y a aussi un côté tribal dans cet album, avec des sons de bambous. Nous répétons à la lisière d’une forêt et nous en avons ramené plein au local. On a eu besoin du côté organique du bambou, très plaisant à l’oreille. Nous aimons les éléments métalliques, on fait une musique violente mais avons besoin d’accalmie. Le bambou est venu pour tempérer la violence de notre musique. Même si la base est la spontanéité.

(Z) : En admettant que cet album ce caractérise par un son à l’américaine, pensez-vous qu’il existe un son à la française et êtes vous conscients d’en être le porte drapeau ?

(J) : Il serait prétentieux d’admettre une chose pareille.
Jean-Michel (JM) : Je ne pense pas qu’il y ait un son à la française mais plutôt une façon de composer. Nous ne sommes en aucun cas LE représentant d’un style mais un de ces représentants.
Christian (C) : Nous sommes conscients de l’engouement qu’il ya pour GOJIRA, on se sent porté mais nous gardons la tête froide. Plein de groupes français font des albums avec un gros son mais nous n’entendons pas forcement parler d’eux.
(J) : Il n’y pas de style à la française puisque le genre est profondément anglo-saxon. C’est un style qui a évolué en Angleterre et explosé aux Etats Unis. C’est difficile de parler d’un metal français, je pense qu’il va falloir patienter encore quelques années pour que la scène actuelle explose à l’étranger. Il y quelques années si tu parlais en Angleterre ou en Allemagne du métal français, je pense qu’ils devaient se marrer. Aux Etats-Unis, on nous a souvent parlé de TREPONEM PAL alors qu’ils sont méconnus en France.
Pour GOJIRA, je pense que nous étions au bon endroit au bon moment, la conjoncture nous a été favorable. Nous avons travaillé comme des fous et l’acharnement qu’on a mis dans notre travail a porté ses fruits.
Je dirais que la seconde guerre mondiale a traumatisé la culture en France et qu’aujourd’hui nous sommes en train de nous remettre debout. Alors que les Etats-Unis et l’Angleterre, regonflés à bloc par la victoire a permis une émergence culturelle décomplexée propice au développement de groupes devenus cultes aujourd’hui.
(M) : Il y a une grosse part de mystère dans le fait du succès que l’on peut rencontrer.

(Z) : Pourquoi avoir choisi « Vacuity » comme single pour présenter The Way Of The All Flesh ?

(M) : Il se dégage de cette chanson une ambiance assez sombre représentative de l’album. Tant au niveau de la musique que du thème abordé. L’écoute est claire et évidente, il synthétise bien ce que propose GOJIRA aujourd’hui.

(Z) : Comment ont été pensés les titres pour l’album dans son ensemble ?

(J) : L’ordre des chansons n’a pas été plus réfléchi que ça. Composé en 3 mois et 20 jours, nous avons travaillé dans l’urgence et la spontanéité. La presse étrangère nous a fait une analyse du mouvement de l’album il y a 15 jours. Au début plutôt calme, un morceau central et ensuite un déferlement crescendo de violence. Nous n’avions pas raisonné l’album dans ce sens mais cette réalité a imposé un ordre qui nous satisfait. Peut-être profiterons-nous un jour de 6 mois pour enregistrer un album et le peaufiner dans les moindres détails.

(Z) : Quelles sont vos ambitions pour cette album ?

(C) : Elle sont énormes (rires). C’est avant tout de partir en tournée et de le défendre dans le monde entier. On ne s’est pas imposé de limites sur nos ambitions, on va tourner un peu partout pendant un an. Aux Etats-Unis dans un premier temps et on l’espère au Japon et en Australie où nous ne sommes jamais allés. On est conscient de la chance qui nous est donnée et on va se défoncer. Ces trois dernières années, nous avons fait beaucoup d’efforts pour percer au Etats-Unis et à la demande de nos fans français nous prévoyons en février une trentaine de dates en France.
(J) : Nous sommes passés de groupe français de tête d’affiche dans des salles moyennes à l’ouverture de groupes plus importants comme LAMB OF GOD, CHILDREN OF BODOM. Nous sommes adaptés au format de set de 30 minutes où on se donne à fond. Le challenge aujourd’hui en revenant jouer en France, c’est de se réadapter au statut de tête d’affiche. C’est plus compliqué et plus physique aussi. Pour tout dire, on se sent attendus au tournant mais c’est un passage obligé autant qu’une super expérience.

(Z) : Comment en êtes-vous arrivés à faire participer Randy Blythe de LAMB OF GOD sur votre disque ?

(J) : Nous étions à l’époque inconnus aux Etats-Unis et en pleine négociation avec les labels quand Chris Adler, le batteur de LAMB OF GOD nous a laissé un message en nous disant être fan du groupe. Il a insisté auprès des autres musiciens de LAMB OF GOD pour qu’ils écoutent notre musique. Randy Blythe est à son tour devenu un fou furieux de GOJIRA. Il a parlé de nous dans toutes ses interviews et a beaucoup fait pour notre promotion là-bas.
Chris et Randy sont entrés en contact avec nous très chaleureusement sur le Unholy Alliance. Nous avons assuré leur première partie aux Etats-Unis et ils nous ont très bien traités, ils venaient nous voir tous les jours dans le bus et nous bordaient même avant de nous coucher.
Quand Randy Blythe a appris qu’on enregistrait un nouvel album, il a voulu venir gueuler dessus. Plus qu’un choix artistique puisque GOJIRA n’avait jamais sollicité de guest auparavant, sa présence est avant tout le symbole de notre amitié et de notre aventure outre-Atlantique. Sur le coup je lui ai proposé que l’on fonctionne par échange de mp3 mais Randy a préféré débarquer en France et investir les lieux : il est resté une semaine chez nous et nous en avons aussi profité pour lui faire découvrir le Pays Basque.

Suite au prochain épisode ...