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Interview
Nightmare, le 06/11/2007
Par : Powersylv




Pour nous parler de l’actualité de NIGHTMARE, ce n’est ni Yves Campion, ni Jo Amore que nous avons eu au bout du fil. Une fois n’est pas coutume, c’est le batteur David (le frère de Jo) qui nous a parlé de l’album et de l’état d’esprit du groupe à la veille de leur tournée française avec HYDROGYN, FREEDOM CALL et KRAGENS.


Powersylv (P) : Avant d’entrer dans le vif du sujet, revenons sur la période The Dominion Gate. J’ai pu vous voir sur scène à Paris dans ce mini festival à la Loco avec AFTER FOREVER. Ce n’était pas la première fois que je vous voyais depuis la tournée Cosmovision mais là, vous aviez l’air plus confiants et soudés que jamais, maîtres de votre scène. Qu’en a-t-il été du succès de l’album et de celui de la tournée, tant en France qu’à l’étranger ? En gros, que vous a apporté l’album The Dominion Gate ?

David Amore (D) : C’est une question pas évidente (rire). Disons que Dominion Gate nous a donné un peu plus de maturité. Il y a eu l’arrivée de Franck (ndlr : Milleliri, guitariste) qui a apporté un côté un peu plus thrash – si tu vois ce que je veux dire -, des attaques un peu plus agressives par rapport à ce que faisait Nico avant (ndlr : De Dominicis, ancien guitariste). Alex (Hilbert, guitariste) s’entend très très bien avec lui, ce qui ne peut que favoriser les choses. Nous avons atteint une homogénéité et acquis une façon de travailler beaucoup plus efficace. Et je dirais aussi que nous sommes beaucoup plus en confiance. Et tout cela se ressent forcément sur scène.

(P) : Tout comme sur ce dernier album d’ailleurs, Genetic Disorder. Vous avez fait une soirée promotionnelle dans votre bonne ville de Grenoble le 20 Octobre dernier. Comment ça s’est passé et comment s’est déroulé la soirée ? Quelles ont été les réactions ?

(D) : C’était avant tout une soirée de présentation de l’album. Ca s’est très bien passé mais nous avions (et nous avons toujours) une crainte car tout en restant du NIGHTMARE, Genetic Disorder est quand même assez différent de Dominion Gate. Il est plus thrash, plus rentre-dedans et nous nous demandions si notre public allait s’y retrouver. Nous craignons que des fans nous laissent en cours de route. Mais dans le fond, cette soirée nous a beaucoup rassuré, les gens avaient l’air plutôt satisfaits voire même convaincus par ce qu’ils ont entendu. Bon, c’est vrai qu’étant de Grenoble, le fans grenoblois sont un peu plus dociles et indulgents envers nous, mais j’espère que le reste des fans français nous suivra.

(P) : Tu parlais de la différence entre Dominion Gate et ce nouvel album plus direct … mais personnellement j’avais déjà trouvé que sur Dominion Gate vous étiez revenus à un côté un peu plus « roots ». Si on compare déjà Dominion à son prédécesseur Silent Room qui était un peu plus arrangé, un peu plus réfléchi …

(D) : Oui, c’est une évolution qui démontre que nous avions envie de revenir à quelquechose de plus frais, de plus spontané. Mais à partir de la reformation à la fin des années 90, c’est vrai que dans un premier temps on s’est un peu cherché … et c’était pas évident : il ne faut pas oublier que NIGHTMARE était déjà présent au milieu des années 80. On a sorti Cosmovision au début des années 2000, un album qui possédait pas mal de reflets du passé. Silent Room, c’est l’album où nous avons accueilli Alex, un excellent guitariste et qui plus est qui a pris pas mal d’importance au niveau des compos. Avec Dominion, nous avons voulu expérimenter … disons que c’était notre musique mais avec de nouvelles choses dedans. Mais après tout cela, lorsque nous écoutons aujourd’hui Genetic Disorder, nous éprouvons la sensation d’avoir approché au plus près ce que nous avons toujours voulu faire. Chacun a pu vraiment ici apporter ses envies, ses influences sur cet album. C’est vraiment du NIGHTMARE. Ce retour à un heavy plus direct tout en rajoutant ce dont on avait envie, c’était vraiment un souhait qui nous tenait à cœur depuis la fin de la tournée Dominion Gate.

(P) : J’ai pu remarquer que l’un des nouveaux titres possède le nom de l’album précédent, je veux bien sûr parler de The Dominion Gate (part II). Ce qui m’amène à poser la question suivante : y a-t-il un lien entre les 2 albums en terme de concept, d’histoire ?

(D) : Non, pas vraiment. Genetic Disorder est un album aux sujets beaucoup plus réels, plus terre-à-terre. Certains sont fondés sur des faits d’actualité, d’autres un peu plus personnels se basent sur des émotions, des sentiments. Le titre « The Dominion Gate (part II) » s’inscrit dans ces réflexions et traite de la domination en général … il n’y a pas de lien (hormis le titre) avec l’album précédent.

(P) : Bon, je n’ai pas eu les textes de l’album car j’ai juste une version promo, mais déjà, rien que le titre Genetic Disorder indique que vous vous êtes penchés sur du concret, des thèmes actuels … l’A.D.N., les biotechnologies …

(D) : Oui, tout-à-fait. Ce disque est un peu aussi un résumé de toutes nos craintes face au futur, il y a toujours un côté très noir qui accroche pour dire « Bon, regardez ce qui nous attend ». La pochette est d’ailleurs assez emblématique de cette vision de l’être humain, de notre terre, des choses malsaines qui peuvent nous arriver à l’avenir quoi.

(P) : Dans le même ordre d’idée que ma question précédente mais tu m’as en partie répondu : les titres de Genetic Disorder sont-ils issus des mêmes sessions que ceux de Dominion Gate ?

(D) : Non, ils ont été composés à des moments différents bien sûr. Ce contenu qui parle de choses vécues et de nos ressentis est très différents de ceux de l’album précédent.

(P) : Le travail de composition du NIGHTMARE pour cet album, comment ça s’est passé ? Vous aviez écrit sur la route, etc … ?

(D) : Honnêtement, pas du tout. Je pense que ça a été très vite. On s’est bloqué du temps que nous avons consacré pour ce nouvel album. Beaucoup d’idées ont été développées et nos deux guitaristes amènent pas mal de choses. Au départ, nous n’avons pas vraiment de façon définie de travailler. Alex et Franck nous amènent des choses, ensuite on complète avec des mélodies, moi avec un rythme particulier … des fois un sujet nous amène à jouer certaines choses. On n’a pas de réelle méthode de travail quoi.

(P) : Est-ce que tu ressens une différence entre le travail au sein de NIGHTMARE aujourd’hui et à l’époque de Nicolas et Jeannot (ndlr : Strippoli, ancien guitariste)?

(D) : Oui, il y a forcément des différences liées au fait que nos deux guitaristes actuels ont des influences plus modernes et plus extrêmes. Malgré tout, Alex et Franck connaissent le metal des années 80 et ils en écoutent. Mais il y a une différence au niveau des compos, au niveau des riffs, tout est plus actuel sans qu’ils aient dénaturé les fondamentaux du groupe… je pense que c’est grâce à eux que nous ne sommes pas restés figés dans les années 80. Ils ont indéniablement amené une fraîcheur.

(P) : C’est une chance car beaucoup d’amateurs de metal encore aujourd’hui ont tendance à se cloisonner. Les conflits de génération, tout ça … des vieux ont tendance à mépriser les nouveaux genres de metal, des jeunots ont tendance à faire de même envers le heavy des décénnies passées en traitant cette musique de ringarde … Pour en revenir à cette touche plus extrême tiens, on peut entendre quelques voix plus gutturales sur quelques titres comme « Conspiracy » ou « Final Procession ». Est-ce que c’est la fait d’avoir pas mal de temps côtoyé AFTER FOREVER qui vous a donné cette idée (petit rire) ?

(D) : Non, en fait, si tu prends un titre comme « Conspiracy » (surtout), c’est le sujet du texte qui nous a amené à mettre un chant particulier dessus, un chant death. Ca a été un choix. Le texte est assez dur et évoque la paranoïa.

(P) : Il est vrai que c’est quelquechose d’assez courant aujourd’hui ce mélange de chant clair et de chant guttural …

(D) : Oui, mais justement, c’était une des envies des guitaristes, genre « On aimerait bien avoir quelques chants death ou black … ». Comme je disais plus haut, on avait chacun envie de mettre dans cet album des petits trucs qui nous plaisent, cela en fait partie … et comme nous étions tous ok …

(P) : Et qui fait cette voix sur le disque ?

(D) : C’est Yves (ndlr : Campion, bassiste).

(P) : Ah tiens ! J’aurai plutôt crû que c’était l’un des 2 guitaristes justement.

(D) : C’est bien Yves, je confirme (rire). Mais lui aussi aime beaucoup ça.

(P) : Je vois que les généraux du groupe se font eux aussi phagocyter par la nouvelle génération (rire) …

(D) : Ah ben forcément. On voit beaucoup de choses, on écoute beaucoup de choses. Même s’il y a 20 ans on écoutait du heavy, il y a pas mal de choses actuelles qui nous plaisent.

(P) : Comment avez-vous eu l'opportunité de travailler avec Fredrik Nordstrom (qui est quand même la référence en matière de travail en studio pour tout ce qui concerne le metal scandinave, extrême) cette fois-ci ? Comment ça s’est passé ?

(D) : On voulait retrouver un son bien heavy, heavy mais moderne. Et surtout éliminer pas mal de claviers. Par rapport à Dominion, tu as pu constater que des claviers il y en a quasiment pas, ou très très peu. Il fallait trouver un studio et un producteur qui mette bien en valeur nos guitares. Chose que Terje Refnes peut faire aussi, sans problème, mais il a beaucoup moins le goût pour ce genre de choses. C’est un amoureux des claviers et ça l’aurait embêté de travailler avec nous sachant qu’il n’aurait pas pu mettre de claviers dessus. Là il nous fallait quelqu’un qui mette en valeur les arrangements des guitares, et non pas des claviers.

(P) : C’est vrai que le nom de Terje Refnes à la base fait évoquer tous les groupes un peu plus gothiques, atmosphériques genre SIRENIA, TRISTANIA et consorts …

(D) : Voilà, et nous voulions perdre ce côté un peu gothique qu’il avait tendance à nous faire prendre. C’est un son qui nous avait beaucoup plus à l’époque, c’est vrai mais qui aujourd’hui n’était plus ce que nous voulions faire. On voulait pas se planter et ne pas arriver avec un disque avec des guitares pauvres quoi. Il fallait un gros son de guitares ou rien. En allant chez Fredrik Nordstrom, nous étions vraiment convaincus que nous aurions ce résultat. Le choix était assez rapide je dirais.

(P) : La tournée française démarre dans quelques jours, avec une date à Paris le 18 Novembre (Nouveau Casino). Confiants ?

(D) : Oui, on est assez confiant. On a quand même pas mal bossé. De plus, on part sur les routes avec des gens qu’on connaît et qui sont très emballés d’être avec nous, avec qui nous avons des liens d’amitiés profonds. On est donc totalement en confiance et ça va bien se passer. Ce sont des gens raisonnables, très motivés. Les 3 autres groupes, je ne pense pas qu’il y ait de soucis entre nous. Maintenant, confiant ne veut pas dire « sûr de soi » non plus : on part avec 3 super bons groupes. Je crois qu’il y a matière à passer une bonne soirée.

(P) : Avez-vous peut-être déjà des morceaux fétiches que vous comptez interpréter sur scène ?

(D) : Pas vraiment car le choix des titres au niveau du dernier album était très très difficile. On aime chaque morceau même si évidemment chacun d’entre nous a ses préférences. Ca n’a pas été facile du tout et des choix ont été difficiles à faire.

(P) : Vous modifiez un peu la set-list d’une date à l’autre non ?

(D) : Ouais, y a des chances. Certains titres seront sur des dates et pas sur d’autres.

(P) : Vous allez bien entendu offrir un petit florilège du passé …

(D) : Effectivement, il y a 2/3 choses sympathiques qu’on a préparé qui peuvent être pas mal.

(P) : Sur l’affiche, il y a également FREEDOM CALL, HYDROGYN et KRAGENS. Est-ce que tu connais ces groupes et qu’en penses-tu musicalement parlant ?

(D) : On connaît un peu tout le monde. Bon, plus particulièrement KRAGENS qu’on a croisé plusieurs fois. On a déjà joué avec eux sur Pau, à Grenoble et on les connaît relativement bien. Scéniquement, ils sont monstrueusement bons et je ne me fais pas de soucis pour eux. HYDROGYN je crois qu’on ne les présente plus. Ils ont fait pas mal de choses et sur scène c’est assez monstrueux.

(P) : Puis ils ont une chanteuse assez emblématique aussi (sourire en coin … et allusion à la chanteuse assez plantureuse au décolleté ravageur) …

(D) : Ouais mais bon, sans forcément ne regarder que ce côté là qui n’est pas euh … pour nous déplaire (rire) … sinon FREEDOM CALL, ben c’est pareil, on ne les présente plus non plus.

(P) : Oui, c’est vrai qu’ils sont pas mal eux aussi. Y aura-t-il des dates à l’étranger ?

(D) : On a deux dates prévues en Allemagne déjà. Pas mal d’autres choses sont en préparation mais ça reste imprécis pour le moment. Mais ça se dessine.

(P) : D’ailleurs, dans quels pays étrangers NIGHTMARE marche-t-il bien

(D) : C’est un sujet que nous ne maîtrisons pas. Aujourd’hui comme chacun sait, le marché du disque n’est pas fameux, et on n’a pas vraiment de moyen de jauger les retombées au niveau des ventes. Dans les pays où on a déjà joué, ça s’est toujours bien passé mais je ne sais pas si ça veut dire grand chose.

(P) : Si je pose cette question, c’est parce que vous êtes l’un des rares groupes français à avoir joué à Wacken. Je vous ai vus là-bas l’année où vous aviez joué sous la tente, BLIND GUARDIAN était sur la grande scène (c’était en 2002). Et là j’ai cru comprendre que vous aviez fait quelques dates aux Etats-Unis et en Israël, et je me disais que c’était assez rare pour un groupe français. Déjà un groupe français qui marche en France, c’est déjà pas mal …

(D) : Y a beaucoup de pays qui sont demandeurs de groupes français, contrairement à ce qu’on pourrait croire. Les Etats-Unis, Israël sont de pays où nous avons été accueillis comme des stars parce que justement il n’y avait jamais eu de groupes français là-bas.

(P) : Qui sait ? Peut-être le Japon l’année prochaine …. Parce que tout groupe de metal passe par le Japon à un moment donné (rire)

(D) : Ah ben c’est un rêve. C’est sûr qu’on aimerait beaucoup … mais comme on a toujours pas de licence là-bas.