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Festival
Hellfest 2009
Par : Guiton




La France tient-elle enfin le festival metal estival qui peut rivaliser avec les grands noms européens ? Le Hellfest avait fait sensation en juin 2008 en proposant une affiche des plus ouvertes et des conditions d’accueil excellentes pour les festivaliers. Le challenge était de taille en cette année 2009 afin de confirmer ces bonnes impressions. Pour ce faire, Ben Barbaud, le patron du fest n’a pas ménagé sa peine en confectionnant une affiche encore plus éclectique avec des pointures du metal (MÖTLEY CRÜE, MANOWAR, MARILYN MANSON, DOWN, EUROPE …), des groupes cultes (les amateurs de sludge, doom et autre musique graisseuse ont été particulièrement gâtés) et combos plus underground à découvrir. Bilan ? Une édition qui a tenu ses promesses, largement ! Vivement 2010. Récit de « presque » 3 jours de metal du côté de Clisson.

Grand merci à ceux qui nous ont permis d’utiliser quelques clichés pour illustrer ce compte-rendu et que nous souhaitons créditer ici : - Mira BORN, - Eric BAGNARO, - nous (of course).

Vendredi 19 Juillet 2009 : « Le Styx coule à l'envers »



La route des Enfers est longue et semée d'embûches : forte chaleur, embouteillages interminables, radio défectueuse, déodorants à bout de souffle, l'autoroute A10 prend des allures de Styx que nous peinons à remonter. Mais l'appel du métal est puissant et notre motivation ne cesse d'augmenter à chaque kilomètre parcouru. C'est aux alentours de 22h30, la faim au ventre, que nous garons notre vaisseau amiral (une clio de 1991) au parking. La tente sous le bras nous approchons des portes de l'enfer lorsqu'un sympathique émissaire de Satan (un agent de sécurité) nous annonce que le camping est complet. Premier témoin d'un succès annoncé ? Qu'importe, nous dormirons à même le sol s'il le faut, nous trépignons d'impatience, le show de DOWN s'achève au loin et les derniers hurlements de Phil Anselmo s'évadent dans les vignes nantaises assurant aux viticoles clissonnais une prochaine récolte bien rugueuse ... Nous pénétrons enfin. Premier bilan : le nombre de spectateurs a considérablement augmenté depuis l'année dernière, les deux mainstages sont désormais séparées par un écran géant, une nouvelle scène a fait son apparition, la Terrorize Tent, les stands de restauration se sont multipliés et légèrement diversifiés ... la liste des nouveautés ne s'arrête pas là, nous en reparlons plus tard. Nous reprenons rapidement nos marques de festivaliers assidus tout en saluant ces nouveautés. Un sandwich dans la main gauche, une bière dans la main droite, les oreilles protégées, le cœur battant d'excitation, nous voilà parés pour assister à notre première performance du week-end.
SAINT VITUS :
Malgré ses 30 ans de carrière derrière lui, ce groupe de doom metal nous est pourtant totalement étranger. Nous assistons donc au show à travers nos yeux candides. Les morceaux s'enchaînent et, même si le public s'est réuni en nombre, l'ambiance ne semble pas décoller. Les premiers rangs s'agitent tandis que nous peinons à apprécier pleinement la musique des californiens. Les fans, eux, semblent être convaincus au regard des applaudissements. Le temps d'une bière et nous voilà dans l'attente de la première tête d'affiche du festival : MÖTLEY CRÜE.

MÖTLEY CRÜE :
C'est le grand retour de « la bande d'hétéroclites » et les fans sont au rendez-vous, les t-shirts à l'effigie des 4 glam-rockeurs sont en sur représentation, les rangs se resserrent, un drapeau noir masque la main stage 1, plus que quelques secondes. Le premier riff résonne, les lights s'affolent, le drapeau se déchire, la fosse s’agite et le sol commence à trembler. Le son est très bon, l'énergie des musiciens est communicative et le public le leur rend bien. Véritable machine à tubes des années 80, que l'on apprécie ou non leur style, le spectacle est là. Cuir, paillettes, coiffures à faire pâlir la fashion attitude parisienne, cris suraigus, que demander de plus ? Une bière, le métal ça donne soif !

PARKWAY DRIVE :
Vince Neil finissant de repousser l'élasticité de son futal en cuir, nous nous dirigeons vers la Discovery Tent. PARKWAY DRIVE vient d'entamer son set. Deux bonnes surprises nous attendent dans la chaleur de « la tente de la découverte » : la qualité du son y est bien meilleure que l'an passé, ce jeune groupe de metalcore australien envoie sévèrement la purée. Hurlements et chants clairs se succèdent au rythme de blast beats parfaitement maîtrisés et de riffs bien lourdingues. C'est sur cette note de douceur que s'achèvent pour nous cette courte entrée en matière. Ces premiers concerts donnent tout de même le ton d'un festival qui s'annonce agréablement hétéroclite.

Samedi 20 Juillet 2009 : « Le matin, le jour et la nuit des morts-vivants »



La nuit fut courte et c'est tant mieux, le métal n'attend pas ! Quoique si parce qu'à 9 heures les ménestrels de l'enfer dorment encore, profitons-en pour allez nous ravitailler, direction Leclerc. Arrivé sur le parking de notre cher Edouard, il nous est impossible de ne pas penser à l’œuvre de Romero, des hordes de zombies, euh ... de metalleux pardon, se dirigent d'un pas lourd vers les néons jaunâtres de la grande distribution. Le staff est au point et accueillant, les agents de sécurité n'hésitent pas à gentiment railler le style vestimentaire de nos semblables, bonne humeur et efficacité. Les rayons alcool et petit déjeuner sont étrangement surpeuplés, diabolique combinaison qu'un bol de chocapic à la bière, fantaisie métallique, pratique culinaire ancestrale d'Europe du Nord, potion magique permettant de headbanger pendant des heures sans se fatiguer ... qui sait ? De retour au festival nous installons nos quartiers dans le camping V.I.P., petit-déjeuner au soleil, que du bonheur. Un coup d’œil sur la programmation, nous nous mettons d'accord : pour nous, les festivités commencerons à 17h avec CRADLE OF FILTH. D'ici là visite culturel de Clisson !
Petite ville médiévale aux charmes nombreux, la commune de Clisson devient, pendant 3 jours, chaque année depuis 3 ans, un véritable lieux de pèlerinage pour tout chevelu qui se respecte, un jardin d'Eden, situé à quelques pas de la demeure du Prince des Ténèbres, traversé par des hordes de black métalleux, de coreux, de rockeurs, de teufeurs ... On pourrait s'attendre à une cohabitation houleuse avec une population locale réticente à l'idée d'alimenter et d'abreuver des individus arborant fièrement des t-shirts tous plus provocateurs les uns que les autres. Il n'en est rien, bien au contraire. La ville bat au rythme d'un riff de MACHINE HEAD et les messages de bienvenus aux festivaliers sont nombreux et variés : les commerces sont accueillants et adaptent leurs horaires d'ouvertures, les bars redoublent d'efforts pour satisfaire une clientèle aride, les restaurants proposent des « formules hellfest » (viande rouge et verres de sang à volonté) ... Clissonnais et festivaliers se croisent, discutent, échangent et commercent dans une ambiance décontractée loin des clichés colportés par des esprits étriqués bien évidemment absents pour ne pas voir qu'en plus d'avoir tort, ils contribuent eux-mêmes à faire perdurer le folklore qu'ils dénoncent. Tant pis pour eux, ils n'auront pas le plaisir de s'attabler à une paisible terrasse, de siroter une bière bien fraîche ou de déguster une spécialité locale (mention spéciale aux « croquettes » de la boulangerie du centre). Laissons les pester, ils sont de moins en moins nombreux et de plus en plus ridicules. Quant à nous, nous voilà bien restaurés et culturellement enrichis, l'heure approche, let's go back to hell, dudes !
CRADLE OF FILTH :
Difficile de donner un avis tant la qualité du son fut médiocre. A qui la faute ? Aucun autre groupe ne semble avoir autant souffert de balances aussi calamiteuses. Il est pratiquement impossible de reconnaître les titres, la voix de Daniel Lacrasse est bien souvent étouffée sous un mur de son inaudible. Malgré des efforts visibles de la part des musiciens, la déception se fait sentir. Aucun jugement de valeur dans ces propos, simplement de l'amertume.


CLUTCH : Appelé à la rescousse en dernière minute pour effectuer un remplacement, les challengers de CLUTCH vont non seulement parfaitement remplir leur tâche mais également se positionner comme l'une des meilleures surprises de la cuvée 2009. Proposant un stoner d'excellente qualité, « l'embrayage » ne souffrira pas de mollesse et distribuera une musique puissante et envoûtante emmenée par un frontman chaleureux à la voix limpide et pénétrante. A écouter et à tartiner autour de soi !

SOULFLY : Ce n'est pas la première fois que le sympathique Max Cavalera foule les terres clissonnaises. Déjà présent l'année dernière avec CAVALERA CONSPIRACY, c'est au tour de SOULFLY de venir pousser la chansonnette. Autant être aussi direct que la musique de « l'âme volante » : on en a pris plein la gueule pendant une heure. SOULFLY c'est un peu comme se prendre la première vraie gueulante de sa vie par un papa légionnaire : on prend cher et on s'en souvient longtemps ! Car oui, ça se passe en famille et ce n’est pas Max qui nous dira le contraire. Ce dernier n'hésite pas à inviter son fils à partager le micro avec lui tandis qu'Igor Junior viendra nous montrer comment on joue de la batterie à 12 ans lorsque l'on s'appelle Cavalera. Les tubes s'enchaînent et pour ceux qui ne seraient pas encore rassasiés le dessert est de taille : « Refuse / Resist » et « Roots, Bloody Roots » viennent conclure un set puissant, épais et couillu (je parle du show pas de Max ... ou l'inverse, je ne sais plus). Ils nous ont donné soif, rendez-vous au bar, mais d'abord petit détour au stand de jetons ... (l'un d'entre nous semble plus assoiffé que les autres ...).
GOJIRA :
C'est devant un parterre de fans impatients que les 4 frenchies de GOJIRA débarquent en ce début de soirée. Attendus de pied ferme par les festivaliers et par les médias, le lézard géant investit la scène de la même façon que Godzilla pose ses valises à New York : en détruisant tout sur son passage ! Le son est énorme et de qualité, les quatre techniciens sont plus qu'en place. La setlist fait la part belle aux deux derniers opus : « Backbone », « From The Sky », « A Sight To Behold », « Vacuity » ... Le sourire de Jo Duplantier ne ment pas : le plaisir qu'ils prennent à jouer ici n'a d'égal que l'énormité du nuage de poussière que le moshpit projette vers les cieux. Il y a vraiment de quoi être chauvin au regard d'un show comme celui-ci, le talent des Landais est incontestable et leur succès outre-Atlantique plus que mérité. L'ambiance pendant le set est tout bonnement exceptionnelle : GOJIRA a un public de plus en plus large, une identité visuelle et sonore qui lui est propre et un avenir dans le paysage métallique qu'on lui souhaite très long. Juste pour pinailler, certains pourront regretter qu'aucun titre de The Link n'ait été présenté ce soir. Juste pour les embêter j'ajouterai un dernier compliment : chacun de leur titre mérite d'être joué live, le choix devait être rude ! Allez j'arrête je ne me sens plus vraiment objectif ...



MACHINE HEAD : La nuit est tombée sur l'enfer. Sur la main stage, un halo (ahahaha) de lumière bleue se laisse apercevoir derrière un grand drapeau noir. Les derniers retardataires convergent vers une foule impressionnante et se postent là où ils peuvent. Les premières notes d' « Imperium » résonnent, les musiciens investissent la scène, Robb Flynn, tout sourire lance un simple « Come on Hellfest » et le sol se met à trembler. C'est parti pour une heure de douceur menée de main de maître par l'un des frontmans les plus charismatiques de la scène métal. Peu importe la fatigue, la soif ou la faim, MACHINE HEAD est sur scène et se donne à fond, il est hors de question de tourner les talons et d'en rater une seule miette. « Descend The Shades Of Night », la ballade qui clôture l'excellent album « Through The Ashes Of Empire » vient marquer une pause dans un set musclé et Robb Flynn nous enchante à la guitare sèche. Après cet intermède chargé de délicatesse la guerre éclate à nouveau pour encore deux morceaux, toujours avec le sourire et quelques « phrases chocs » pour remobiliser les troupes. Il est minuit, l'armistice est signée, nous sommes claqués dans tous les sens du terme, claqués mais heureux. Et ce n'était pas la tête d'affiche de ce samedi soir ...
MARILYN MANSON :
Combien de festivals dans le monde peuvent se targuer de faire jouer à la suite, sur la même scène et la même soirée, MACHINE HEAD et MARILYN MANSON ? Réponse : très très très très très peu ! Alors merde profitons-en et bravo aux organisateurs ! Pour le Révérend les défis sont de taille : succéder à « une tête de machine » en pleine forme, remonter sur scène après une longue absence et s'adresser à un public avant tout métal. Il est minuit passé. MARILYN MANSON entre sur scène avec un nouveau morceau, un morceau étrangement long et calme auquel le public ne se montre que peu réactif, s'en suivent un deuxième puis un troisième titre du même acabit ... L'ambiance ne décolle pas, Marilyn n'échange que peu de mots avec un public qui perd logiquement patience. Il faudra attendre la toute fin de set pour se réveiller avec les hymnes « Beautiful People » et « Sweet Dreams » que nous écouterons de loin, confortablement installés dans des transats. Etre MARILYN MANSON ne suffit plus à faire un bon concert ... Nous sommes déçu, nous attendions beaucoup mieux et nous partions sans aucun a priori, dommage ...



Dimanche 21 Juillet 2009 : « Sunday Bloody Sunday »



Encore une courte nuit, réveillés à 9h par les balances et la douce voix de Josh Homme sur le cultissime « No One Knows », expérience intéressante, à renouveler, plus tard, bien plus tard. Petite balade matinale dans le fest : les équipes de nettoyage travaillent d'arrache-pied, profitons-en pour les remercier. Un seul bémol : impossible de trouver un café, je suis en manque. Nous repartons pour Clisson. Même constat que la veille à une différence près : la fête de la musique bat son plein, un batteur et un bassiste jamment à la terrasse d'un café du centre-ville. Décidément, Clisson ne peut plus se passer de métal ! Tant mieux, le métal ne peut plus se passer de Clisson ! Un sandwich au bord de l'eau, un café ensoleillé, une promenade dans le centre historique, il est grand temps d'aller écouter du métal ! De retour au Hellfest en milieu d'après-midi, notre journée démarre sous le signe du dragon ...

DRAGONFORCE :
Que l'on soit amateur ou non de Math-Metal, on connait DRAGONFORCE, leur notoriété a dépassé le caractère quelque peu « indigeste » de leur style. Le Backdrop est à leur image : eighties, fluo, un « brin » kitsch, le ton est donné. Le sextet déboule sur scène et entame les hostilités à un rythme effréné. Slims colorés, longues chevelures, bracelets de force, tout sourire, les deux guitaristes s'en donnent à cœur joie et joue la carte de l'autodérision dans un déluge d'accords d'une incroyable complexité. Le public est conquis dès le premier morceau. Tandis que le bassiste nous présente un florilège de ses plus beaux gimmicks, le claviériste nous offre une véritable compilation des pas de danse les plus ridicules que le métal mathématique ait connu pour le plus grand plaisir des fans venus en grand nombre. Encore une fois, que l'on aime ou non le style, on ne peut qu'apprécier les capacités techniques évidentes de ces musiciens qui ne sont pas les derniers à ironiser sur un style bien souvent trop austère. Maîtres de leurs instruments, ils enchaînent les morceaux avant d'achever leur set par l'incroyable « Through The Fire And The Flammes ». Un très bon moment pour les curieux comme nous, certainement un excellent concert pour la fanbase. Allez un petit tour à l'Extrem Market pour les souvenirs, en plus c'est la fête des pères, il doit quand même bien y avoir un t-shirt de DYING FOETUS qui manque à la garde-robe de Papa ...
STRATOVARIUS :
... ou l'improbable rencontre d'André Rieu et du guitariste de Johnny Halliday : un peu de violon par là, une pincée de chien-loup ici, un Bontempi, un dauphin, une chemise à jabot, une forte envie de partir au combat ... arrêtons-nous là et préservons la qualité des relations diplomatiques entre la France et la Finlande. Ce concert est l'occasion de découvrir le successeur de Timo Tolkki à la guitare et d'entendre des extraits de leur dernier album Polaris. Nos amis scandinaves nous offrent une setlist efficace truffée de leurs titres phares : « Hunting High And Low », « Eagleheart » ... quelques nouveautés peuvent également être appréciées. Sans même y être invités par le groupe, une petite troupe de festivaliers déclenche un moshpit tonitruant mais bon-enfant, spectacle assez inhabituel dans la fosse de STRATOVARIUS. Au bout d'un peu moins d'une heure de show le groupe quitte la scène, le contrat est rempli.



MASTODON :
Si ce groupe ne portait pas nom, n'importe lequel d'entre nous le baptiserait ainsi. L'animal entre dans l'arène sous un soleil de plomb. Rageuse, assoiffée de riffs pesants doublés d'une basse d'une lourdeur inquiétante, la bête est prête à mordre et à en découdre avec un public qui ne demande que ça. Le son est propre, lourd et planant. La gravité s'intensifie, nous sommes littéralement cloués au sol par la formation d'Atlanta. Fort de leur nouvel album Crack The Skie sorti en avril de cette année, les 4 MASTODON ne lésinent pas et nous offrent un set carré et puissant. Les titres s'enchaînent à merveille alternant entre le sludge et le stoner. MASTODON est une arme de destruction massive, une véritable grenade sonore qui nous explose au visage dans un tourbillon de poussière et de hurlements gutturaux. Soyons clairs : on en a pris plein la gueule et on a aimé ça !

SUICIDAL TENDENCIES :
Soulignons encore une fois le caractère hétéroclite de la programmation : en quelques heures nous passons du métal primaire de SOULFLY, au heavy progressif de STRATOVARIUS, puis du sludge de MASTODON au punk hardcore de SUICIDAL TENDENCIES. Que celui qui ne trouve pas son compte là-dedans me jette la première bière ! Tendances Suicidaires « on stage », c'est tout simplement énorme et l'on repense à l'époque où le magazine Flipside les avait élus « Worst Band / Biggest Assholes » au début des années 80. Je ne sais pas pour vous mais nous en tout cas ils nous ont mis une sévère claque sur nos petits assholes ! Emmenés pas un Mike Muir survolté, les SUICIDAL TENDENCIES ont enchaîné les tubes, le batteur Eric Moore nous a même gratifié d'un petit solo bien funky de très bon ton, un peu de groove ne fait pas de mal et détend les mollets. Car un concert de SUICIDAL TENDENCIES, c'est avant tout de la gymnastique : alors on prend son élan, on saute la barrière de sécurité et on vient jumper sur scène avec les SUICIDAL TENDENCIES. La mainstage 2 se transforme peu à peu en boite de nuit, une discothèque dans laquelle le short kaki et le t-shirt métal sont tolérés voir exigés. Les SUICIDAL TENDENCIES se sentaient un peu seuls sur cette grande scène, maintenant qu'ils sont accompagnés de 200 festivaliers surexcités ils se sentent bien mieux les gaillards. Un set punk, heavy, hardcore, funky qui s'achève de manière hip-hop, s'il y un encore un qui ose dire que la programmation manque de quelque chose ...

DREAM THEATER :
« Euh ... oui, moi je trouve que ça manque de prog' vraiment technique, genre du heavy compliqué, tu vois des gros riffs mais bien travaillés pas du basique ». Et bien mon petit Kevin, décale toi de quelques mètres sur ta droite et tu vas être servi. En moins de 10 minutes nous passons à une tout autre ambiance. La nuit approche, des porte-étendards convergent vers le Mordor, elfes et hobbits forment une masse compacte, en face d'eux, les orques s'organisent et aiguisent leurs lames sous l'oeil attentif de Sauron .... Pardon, je reprends : le Théâtre des Rêves investit la main stage devant un parterre de fans cosmopolite à en juger par le nombre de drapeaux différents qui se dressent fièrement vers les cieux. Le son est colossal et la démonstration technique impressionnante. Mike Portnoi rappelle à ceux qui ne le savaient pas encore qu'il est l'un des plus grands batteurs du monde tandis que les autres musiciens ne sont pas en reste. Profane mais curieux je ne peux qu'apprécier la qualité du show même si certains passages me paraissent un peu longuets. Efficacité, rigueur, technique sans oublier un plaisir de jeu clairement affiché, les DREAM THEATER comblent leurs fans à en juger par leurs mines radieuses. Le set s'achève, la nuit est complètement tombée sur la terre du milieu ... sur le Hellfest pardon.

HATEBREED :
Attention, les lignes qui suivent risquent plus de ressembler à des propos de fans débiles qu'à du grand journalisme d'investigation. Comment résumer un live d'HATEBREED ? Disons qu'il s'agit avant tout d'une déclaration de guerre au silence et à l'immobilisme, une espèce d'énorme pavé jeté à bout portant dans une toute petite flaque d'eau, un combat de boxe qui opposerait Mike Tyson à Sim ... bon je crois que je me suis fait comprendre. Le son est tout simplement énorme, la terre tremble, la fatigue disparaît et l'envie de sauter et de tout péter est simplement incontrôlable. Jamey Jasta remet le titre de meilleur frontman de Robb Flynn en jeu et harangue la foule. « It's a pleasure to be here, Hellfest », c'est également un plaisir pour nous, vas-y envoie le steak on a les crocs ! Chaque titre est une claque, une baffe que l'on prend avec un plaisir masochiste non dissimulé. Cerise sur le gâteau, la violence scénique d'HATEBREED se répand dans le pit sous la forme d'une incroyable « positive energy » comme le rappelle le petit Jamey. Ce n'est pas un, ce n'est pas deux mais bien trois circle pit mesdames et messieurs qui s'ouvrent et se referment successivement. Pas avare de messages, Mister Jasta nous rappelle que le 21 juin est avant tout la « father's fest ». Pas de problème, je refais quelques tours dans le pit, je fais tourner mon t-shirt au dessus ma tête (la dédicace à Patrick Sébastien est évidente), je vomis mes tripes et j'appelle Papa ... « We got one more song for you Hellfest, two words : destroy everything ! ». Finir un show aussi musclé que celui-ci par un morceau aussi punchy que ça ou comment mettre tout le monde à genou. L'Elevage de la Haine quitte une scène ensanglantée en laissant derrière elle un véritable champ de bataille où les guerriers encore debout ont le sourire jusqu'aux oreilles. Il ne faut pas flancher les warriors, il nous reste un dernier combat à mener, dans quelques minutes nous avons rendez-vous avec le « true heavy metal » ...
MANOWAR :
C'est le dernier concert du festival et c'est aux Warriors Of The World United qu'a été confié la lourde de tâche de vider la dernière bouteille de la cuvée 2009. Et quel grand cru ! Quel grand crû ! Mais l'heure n'est pas encore au bilan, il reste un dernier show. Il est plus d'une heure du matin lorsque le « plus grand groupe de métal du monde » débarque sur scène sur le titre éponyme « Manowar ». Premier constat, ou plutôt premier gros problème : le son, beaucoup trop fort, même avec des bouchons. Et si l'on sait que les quatre américains détestent perdre au jeu « de qui à la plus grosse » ce n'est pas une raison suffisante pour jouer aussi fort, cela ne présente aucun intérêt et contribue à rendre le spectacle vraiment désagréable. A bon entendeur aux oreilles déglinguées ... Malgré ce lourd handicap « the show must go on » et vas-y qu'on fait durer le plaisir : un gros larsen de 5 minutes entre deux morceaux ça vous tente ? Non, vraiment pas. Bah tant pis on le fait quand même ! Ok pour la démesure, d'accord pour le second degré (ou le premier) mais là c'est vraiment de trop, une véritable invitation au départ. Dommage, selon les dires, la fin du concert fut grandiose : feux d'artifices, setlist de qualité, beaucoup d’échanges avec le public ... N'étant vraiment pas fan à la base, je ne partais certes pas convaincu mais véritablement curieux, tant pis. En espérant que le « true public » fut comblé.


« Unfortunetly Hell was full so we come back » : Voilà, le Hellfest 2009 c'est fini. Quel bilan ? Une programmation d'une grande générosité et d'une incroyable diversité, une organisation de plus en plus carrée, un staff efficace et très pro, une ambiance de feu dans et à l'extérieur du festival et, pour couronner le tout, une météo radieuse. Une seule fausse note : les commodités ou plutôt ce qui ne savent pas les utiliser et qui ne pensent ni à leurs semblables et encore moins à ceux qui nettoient. Le Hellfest devient est un événement incontournable à envergure internationale aux regards du nombre de nationalités croisées ici et là. Malgré une réussite commerciale et culturelle incontestable certains grincheux refusent d'ouvrir les yeux et d'admettre qu'un festival métal se passe tout simplement très bien. Appuyés par une frange de journalistes qui ne semblent pas concernée par le mot « éthique », les « anti-Hellfest » deviennent, d'année en année, une minorité qui, on l'espère, finira par être totalement invisible. D'autres grands médias ont fait leur travail et sont arrivés au même constat que les organisateurs et les festivaliers : le Hellfest 2009 est une réussite totale, sur tous les plans, et mérite amplement de devenir une fierté culturelle nationale. Rendez-vous est pris pour l'année prochaine. D'ici là, le métal ne s'arrête pas, nous en écoutions avant, nous en écoutions pendant, nous en écouterons après, rien ne s'arrête, bien au contraire. Un grand merci à tout ceux qui ont travaillé dur pour faire de ces trois jours une « putain de grande aventure métallique ! ». Heavy we are, heavy we stay.